Critique : Pédale dure

Avec plus de 4 millions d'entrées en France, Pédale Douce fut une des comédies les plus populaires de 1996, occasionnant à coup sûr une suite dans les années qui allaient suivre. Si celle-ci s'est fait attendre, l'initiative de réaliser une « sequel », même huit ans après, s'avère donc tout à fait naturelle et normale. En revanche, ne reprendre que le personnage de Marie comme point d'ancrage de ce « Pédale Douce 2 » est une décision courageuse qu'il faut saluer, et qui influe de fait sur un changement de ton évident : ainsi, si Pédale Douce était une initiation au milieu homosexuel fêtard de Paris-la-nuit, Pédale Dure se veut plus romantique, et parfois plus grave. Le problème qui se présente aux homosexuels pour avoir un enfant n'a été en effet que rarement traité au cinéma, et cet aspect du scénario est de loin le plus réussi. Bien sûr, le comportement de Loïc (Darmon) est souvent surréaliste pour faire rire (le plus efféminé du couple se croit enceint), et ça marche, mais nul doute que le sujet abordé est à débattre. N'y a-t-il pas là une façon opportuniste de surfer sur le récent débat social autours du mariage homosexuel, pour parler de l'adoption ?

Si l'histoire capte donc l'attention, il en est autrement de son traitement qui pour le coup n'est malheureusement pas à la hauteur. Le début commence sur les chapeaux de roue – malgré une introduction ratée de Gérard Darmon –, puis les scènes de dispute et de réconciliation s'enchaînent. Le scénario se réduit à une peau de chagrin se contentant de répéter à l'envi des situations qui deviennent assez prévisibles. Le rythme général est cependant soutenu grâce à des dialogues parfois excellents. Loïc et Seb (Boon) forment un couple auquel on croit, et leur amitié avec Marie coule de source, elle qui s'était complètement décoincée dans le premier volet. L'excellente interprétation de Darmon, Boon et Laroche compense in fine celle d'un Dutronc qui semble mortellement s'ennuyer.