Le Serpent aux mille coupures : Critique hard Beaune

Simon Riaux | 3 avril 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 3 avril 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Eric Valette revient aux affaires à Beaune après six ans d’attente et une Proie qui nous avait laissé un peu sur notre faim suite au superbe Une affaire d’Etat. Sous excellentes influences, le cinéaste semble vouloir rattraper le temps perdu avec ce Serpent aux mille coupures, polar hard boiled qui détonne dans la production hexagonale. Son exposition salles minimaliste, pour cause notamment, d’interdiction aux moins de 16 ans, va vous obliger à redoubler d’efforts pour le découvrir. Avec toutefois une bien belle récompense à la clé…

BACK TO THE FUTURE

Avec Le Serpent aux mille coupures, l’espoir renaît pour l’amateur de polars purs et durs. Adapté avec son auteur du roman éponyme, le film tranche considérablement avec ce que le cinéma français a pu proposer ces derniers temps (et même très longtemps si on est aussi dur que le méchant du film). Retrouvant l’inspiration d’un cinéma très engagé, celui d’Yves Boisset en tête auquel Eric Valette est très attaché, le récit suit un cheminement implacable, traçant sa route sans chercher à plaire.

 

Terence Yin Tomer Sisley

 

Plaçant ses pions avec un sacré sens du rythme – oui le rythme se joue aussi dans les pauses et les moments de latence -, le réalisateur orchestre de manière idéale cette rencontre improbable entre différents castes de notre société. Ou comment des incidents presque anodins (dans l’univers du polar) vont petit à petit se transformer en poudrière explosive. Au milieu de tout ce mélange hétéroclite où vont se côtoyer bandit humanisé (impeccable Tomer Sisley), fermiers persécutés, villageois racistes, policiers justes mais dépassés, trafiquants de drogue et effrayant tueur à gage sanguinaire (énorme Terence Yin, révélation du film), l’espoir d’un monde meilleur est loin d’être acquis. Et c’est bien là l’une des grandes forces du Serpent aux mille coupures : ne jamais permettre au spectateur de se sentir en terrain conquis. Si la trame semble être classique, les événements ne sont ainsi jamais acquis pour autant. Au point qu’on se demande souvent qui va donc bien passer l’arme à gauche avant l’autre.

 

Photo Terence Yin

 

BAD GUY TIME

Evitant la caricature malgré quelques dialogues un poil trop fleuris par moments, le film prend un malin plaisir à faire la part belle à son formidable méchant. On a beau en pincer pour le sort de Tomer Sisley et sa famille de fermiers séquestrée (la partie huis clos du film), l’attirance du cinéaste et par conséquent la nôtre se déplacent irrémédiablement vers cet énigmatique tueur à gages et ses méthodes de tortures radicales (qui ont valu au film cette bien sévère interdiction aux moins de 16 ans). Appliquant comme rarement l’adage d’Hitchcock sur l’importance d’avoir un bon méchant pour faire un bon film, Eric Valette soigne avec maestria chacune des apparitions de son bad guy asiatique. A tel point qu’en sortant de la salle, on se demande depuis combien de temps on n’avait pas vu un Némésis aussi charismatique - Marvel, prends en de la graine.

 

Terence Yin Tomer Sisley

 

PECKINPAH IS IN THE BUILDING

Toujours aussi esthète (le découpage et l’utilisation du scope sont à se damner) et sachant comme peu en France maximiser les fonds alloués (le film semble avoir coûté plus du double de son budget), Eric Valette s’offre l’immense plaisir de nous rappeler au bon souvenir de deux immenses cinéastes franc tireurs : Sam Peckinpah et John Carpenter. Au premier il emprunte un sens virtuose de la mise en scène lorsque l’action s’emballe et que la poudre devient la seule alternative pour régler les différends. Au second, son art absolu pour créer une ambiance et mettre en branle un récit où le mal va gangréner tous les protagonistes.

A l’heure des comptes, ce Serpent-là vaut bien plus que mille coupures. Il est précieux dans le paysage cinématographique. Ceux qui disent aimer le bon cinéma de genre et regretter sa quasi absence de nos écrans, n’ont aucun autre choix qu’entrer en militantisme et rallier coûte que coûte la salle la plus proche (même si elle est loin) où se jouera le meilleur polar français de 2017.

 

Terence Yin Tomer Sisley

 

 

Résumé

Un grand cru pour le polar français. Eric Valette est de retour et ça fait un bien fou au cinéma hexagonal.

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commentaires
Cap
02/11/2017 à 18:09

Film sombre ennuyeux , je me demande qui a fait manger le chien tout le long du film .

stanley
02/11/2017 à 11:24

ha ben là!......je ne comprend plus ....qu'est ce que c'est que ce film invraisemblablement mauvais ??? une avalanche de clichés comme on en a plus vu depuis des lustres , avec tout ce qu'il faut de premier degrés et de dialogues d'une platitude qui fait des ravage...purée , ça bouffe la tête tellement il aligne les lieux communs et les situations foireuses....rien! il n'y a rien !je ne comprend pas votre critique , non ce n'est pas un plaisir., coupable ou autre.........peckinpah!... et allons-y , c'est la fête!! ..boisset , peut être, et encore, sur la fin .....

jackthenipper
29/10/2017 à 20:31

La comparaison avec Carpenter et peckinpah,bof!
Ce n'est ni straw dogs ni assault.Poiur ce qui est de Boisset Yves , je préfère largement Canicule avec Lee Marvin.
Pour le reste je ne suis pas un technicien (cadrage,utilisation du cinémascope )etc....mais en voyant Stéphane Hénon ,et je m'en excuse, pas pu m'empêcher de penser a plus belle la vie.
Pour ce qui est des pauses et des moments de latences on posera la question a Jim Jarmusch voir ce qu'il en pense.

Sess
05/04/2017 à 21:45

Mauvais malheureusement. Excepté l'asiatique en bad guy c'est vraiment pas terrible...

galetas
03/04/2017 à 20:52

Et bien vivement mercredi prochain!
J'espère que le public va un minimum se bouger les fesses et lui faire une bonne réception en salles.

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