Les Ardennes : Critique noire et serrée

Simon Riaux | 12 avril 2016
Simon Riaux | 12 avril 2016

Prix du jury Sang neuf au dernier Festival de Beaune, Les Ardennes est un premier long-métrage qu’on n’attendait pas et qui nous a fait très forte impression.

 

Deux frères se retrouvent après l’un d’entre eux ait passé quatre ans derrière les barreaux. Dave veut reprendre son existence là où il l’a laissée, mais son frère s’est rangé. Et il est désormais en couple avec l’ex-compagne de Dave. Les Ardennes s’ouvre sur un récit aux airs de drame social et de tragédie familiale. Un terrain connu donc, et pas forcément le plus excitant qui soit, que Robin Pront va se faire une mission de détourner.

C’est que le jeune réalisateur, s’il s’appuie parfois un peu trop sur sa maîtrise du découpage et de la citation visuelle, sait parfaitement infuser son récit d’éléments de genre très marqués. Rapidement, le spectateur navigue ainsi dans un univers qui invite en permanence la dépression anthracite d’un Mann, la beauté funèbre d’u Lynch, les bouffées de violence d’un Winding Refn. Et au fur à mesure qu’explose cette histoire d’amour heurtée, c’est aussi la folie d’un autre réalisateur belge qu’on sent poindre, celle de Fabrice Du Welz.

Robin Pront

Car si les anti-héros de ces Ardennes sont de prime-abord si antipathiques, c’est pour leur sensibilité exacerbée qu’on finit par les aimer. Cette colère noire, cette proéminence romanesque des pulsions et des désirs finit par innerver tout le film, jusqu’au virage extrêmement brutal qu’il prendra dans son dernier tiers. Il suffit à la mise en scène d’un plan unique, d’un coffre de voiture, pour exploser les attentes du public, et amener Les Ardennes bien au-dessus du petit film de genre roublard.

Pour tout à fait s’accomplir en tant que réalisateur, Robin Pront devra apprendre à voler de ses propres ailes et se reposer de manière moins évidente sur les épaules du cinéma qu’il aime, mais on sort de son premier film convaincu d’avoir assisté à la naissance d’un auteur en devenir.

Beaune Prix Sang Neuf

Résumé

Intense, référentiel et parfaitement maîtrisé. Ce premier film cite beaucoup ses aînés mais les convoque avec un talent imaprable.

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(0.0)

Votre note ?

commentaires
diez
16/04/2016 à 13:03

P.s. l'excellent climax de Les ardennes restent une belle réussite d'intensité, mais ne fait pas non plus de ce film un polar ou un thriller. C'est un drame bien noir.

diez
16/04/2016 à 13:00

Et bien moi je suis très déçu. A force de faire comme toutes les autres réussites du genre, Les ardennes fini par être particulièrement lourd. Ce que certains trouvent référentiel, je le trouve caricatural à l'excès. Je n'ai pas cette sensation d'avoir déja vu ce scénario et ces personnages au moins 15 fois.

S'il y a une chose à retenir de ce clone de cinéma em dehors de l'excellente direction d'acteur, c'est une réalisation remarquable à bien des égars. C'est légèrement trop propre, mais tout de même maîtrisé.

Le cinéma belge commence à montrer certaines limites pour ce genre cinématographique. Les récits ne depassent jamais leur description de cette belgique profonde laissée à l'abandon. C'est un peu toujours le même itineraitre pour les mêmes enjeux.

C'est comme le cinéma indé US, le policier coréen, la comédie populaire française ou l'infiltration HK. Maintenant que la formule a prouvée son efficacité, tout le monde se met à faire pareil. Les pépites existent, mais elles se font de plus en plus rares.

Benichou
15/04/2016 à 12:04

Vu hier, quelle intensité ce film!
Il va à l'essentiel, effectivement il y a des choses à peaufiner, mais c'est efficace et très tendu dans sa dernière partie. Le ciné belge est de plus en plus intéressant.

votre commentaire