Le Tout Nouveau Testament : Critique pieuse

Simon Riaux | 2 septembre 2015
Simon Riaux | 2 septembre 2015

Benoît Poelvoorde est dieu. Yolande Moreau est sa femme. Ils vivent à Bruxelles. Voilà le point de départ du film déjanté de Jaco Van Dormael, présenté à Cannes en 2015. Mérite-t-il la croix ou notre bénédiction ?

 

QUE SON REGNE VIENNE...

A l’heure où le sujet religieux semble une source intarissable de tensions, de polémiques voire d’affrontements, tomber sur un film qui prend le parti d’en détourner les symboles et d’en rire franchement tient du miracle. On se félicite donc d’assister à un spectacle qui, s’il n’entend pas nous mettre mal à l’aise, ne ménage jamais son spectateur. Le divin devient objet de dérision, source permanente d’absurdités et de délires visuels.

Du logement d’un Benoît Poelvoorde à la hargne euphorisante, en passant par un gorille géant qu’on imagine échappé du Hamburger Film Sandwich, Le Tout Nouveau Testament offre un univers tour à tour branque et duveteux, sorte de rêve jamais loin du cauchemar. Un grand écart que l’on retrouve dans l’humour du film, qui alterne toujours entre une poésie anar un peu désuète mais charmante et des lourdeurs parfaitement assumées, qui emportent généralement l’adhésion.

 

 

...MAIS PAS TOUT DE SUITE.

On sera plus circonspects sur la construction de l’ensemble, qui donne le sentiment d’assister à une suite de sketch un peu inégaux plus qu’à un récit structuré. Un défaut qui empêche la folie douce du métrage de faire vraiment mouche et limite de fait sa portée. Et si on adore découvrir une Catherine Deneuve hallucinée et hallucinante, s'oubliant dans les bras d'un gorille, son personnage manque cruellement de chair, comme Yoande Moreau ou sa fille, parfois réduits à de simples concepts.

 

 

On regrettera également que certains messages, notamment le parallèle entre la position de Dieu et notre rapport à la technologie, soient assénés avec tant d’emphase. On comprend bien vite que derrière les petits vices des mortels, derrière la joie mauvaise d’un Dieu planqué derrière son ordinateur et ses miniatures, c’est la fascination pour le réseau, la communauté virtuelle que veut critique Van Dormael. Mais il le fait avec un peu trop de transparence et de naïveté pour que sa métaphore dépasse sa condition de constat un peu superficiel.

 

 

 

Résumé

Pas toujours abouti sur le fond et un peu lâche dans sa construction, Le Tout Nouveau testament demeure une fantaisie plaisante et vivifiante.

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commentaires
Flash
02/09/2015 à 19:00

Rien que pour voir la mère Deneuve se faire déboîter par un gorille !

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