The Lobster : Critique

Simon Riaux | 27 octobre 2015
Simon Riaux | 27 octobre 2015

Avec ses concepts alambiqués et ses personnages glaçants, Yorgos Lanthimos s’est imposé comme un des favoris de la critique internationale, en dépit de débuts exsangues, pour ne pas dire tristement creux. Il prouve néanmoins avec The Lobster que contraint par un récit structuré, il est capable du meilleur.

La Carpe et le Lapin

Dans un monde où le célibat n’est pas toléré, les contrevenants subissent un séminaire de 45 jours, à l’issue duquel ils doivent avoir trouvé l’âme sœur, sous peine d’être transformé en animaux. Voilà un point de départ aussi excitant qu’intrigant, d’autant plus curieux que son auteur aura su s’allier les talents de Colin Farrell, Léa Seydoux, John C. Reilly, Rachel Weisz ou encore Ariane Labed.

 

 

Cette rencontre improbable entre mise en scène alambiquée, concept gentiment absurde et comédiens de première catégorie est pour beaucoup dans la séduisante alchimie de The Lobster. Pour la première fois chez Lanthimos, le rire n’est plus le dommage collatéral d’un dispositif pensé comme malaisant, mais un vertige de l’absurde bienvenu. Lors de parties de chasse aux célibataire, de longs débats sur le meilleur animal dans lequel se réincarner ou de châtiments post-masturbatoires, le film déploie un univers à la fois mélancolique et hilarant, qui fait tristement sens.

 

Nos amis les bêtes

On navigue ainsi entre la poésie d'un Bunuel, la fantaisie angoissante d'un Ionesco et l'humanité absurde d'un Obaldia. Le temps d'un interminable baiser entre Farrell et Weisz, Lanthimos parvient à condenser son cinéma tout entier, dans une synthèse malin et fascinante. Alors que deux personnages maladroits et écorchés vifs s'abandonnent soudain sous les yeux ébahis d'une assistance hétéroclite, le réalisateur nous fait passe avec talent de l'émotion à l'inquiétude, de la joie à une sourde angoisse. Une performance qui illustretoute la finesse et l'humanité conenue dans ce curieux Lobster.

 

 

Et c’est bien la structure plus « classique » de l’ensemble, qui permet au réalisateur de se dépasser. Son découpage a gagné en impact, tout comme son propos, plus clair et dépourvu de nombreuses scories. Des qualités salvatrices, qui ne l’empêchent pas de revenir dans la dernière partie du métrage au systématisme qui nuit souvent à ses travaux. Et le rythme de l’ensemble de bégayer dangereusement alors qu’approche la conclusion et que l’intrigue nous ramène vers une Léa Seydoux, qui ne bénéficie pas d'un personnage aussi intrigant que ses petits camarades dans cette fable déjantée. The Lobster n’en demeure pas moins une des œuvres les plus originales vues à Cannes cette année, et sans aucun doute la plus intéressante et décapante de son metteur en scène.

Résumé

The Lobster est une des œuvres les plus originales vues à Cannes cette année, et sans aucun doute la plus intéressante et décapante de son metteur en scène.

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commentaires
Holly Body
29/10/2015 à 23:59

Et que les Vincent Cassel et Jacques Audiard par ex ne se prennent pas systématiquement dans la tronche leur nom de famille, alors qu'ils sont pas irréprochables non plus. Sauf qu'on les juge sur leur carrière, juste.

Sinon bien d'accord : The Lobster est un film assez génial. La deuxième partie m'a paru moins maîtrisée que la première, formidable, mais ça reste très bon.

diez
29/10/2015 à 13:26

D'autant qu'elle n'est pas degueu dans le film et que de toute facon elle ne l'a jamais vraiment été. Fallait pas qu'elle s'appelle Seydoux si j'ai bien compris le principe de ce bashing.

Enfin bref, The lobster est un drole de film d'anticipation malin qui transpire la folie et les idées brillantes. La distribution est excellente et l'écriture narrative et musicale forment un tout pour constituer une oeuvre singulière au propos superbement bien traité.

Johnny Sack
28/10/2015 à 10:03

Castée par Sam Mendes et Yorgos Lanthimos... La théorie du complot ? Ou simplement, elle plaît aux réal, ils sont libres de la choisir, donc un peu ridicule d'affirmer qu'elle est une actrice abominable

Thibault
28/10/2015 à 09:32

Y'a encore lea Seydoux dans ce film??? WTF !??

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