Un peu, beaucoup, aveuglément : critique qui voit juste

Christophe Foltzer | 6 mai 2015
Christophe Foltzer | 6 mai 2015

Avec sa première réalisation, Clovis Cornillac jouait à priori  la carte de la facilité en nous livrant une comédie française pur jus comme on en voit que trop en ce moment. Ce serait faire une grosse erreur que de ne la limiter qu'à cela car elle a beaucoup plus à offrir. Clovis Cornillac serait-il le sauveur qu'on attendait ?

Il sera difficile de parler de l'histoire d'Un peu, beaucoup, aveuglément sans révéler l'idée absolument géniale qui se cache derrière et qui est l'un des gros intérêts du film. Disons simplement ceci : un homme et une femme se "rencontrent", sont obligés de "co-habiter", ils vont se découvrir et s'aimer. Evidemment, dit comme ça, rien de bien neuf, mais le traitement de l'histoire est tellement inattendu qu'il dépasse son postulat de départ assez cliché.

 

 

La comédie française actuelle est sous respirateur, asphyxiée entre les films de potes, les opérations marketing d' "humoristes" de la nouvelle génération et Qu'est-ce qu'on a fait au bon dieu ?  Rien ne semblait pouvoir la réveiller. Pire, on hésite à la débrancher pour la laisser enfin mourir dignement. Mais Cornillac n'a que faire des modes, il veut avant tout créer un univers et raconter une belle histoire. Rappelant en cela les comédies romantiques américaines des années 80-90 (on pense évidemment à toutes celles du type Quand Harry rencontre Sally) mais se référant tout aussi bien aux maitres que sont Lubitsch et Billy Wilder, Clovis Cornillac livre un OVNI dans le paysage actuel et cela fait le plus grand bien. Enfin une comédie originale et sincère, imparfaite certes mais tellement rafraichissante et sympathique qu'on lui pardonne ses défauts.

 

 

Car, des défauts, il y en a, comme dans tout premier film. Citons par exemple sa baisse de régime au milieu du film, où son idée géniale peine à avancer pour finalement se reprendre, quelques maladresses dans ses personnages et son scénario qui n'évitent pas les clichés attendus, Mélanie Bernier, qui oscille entre un investissement total et un décalage surprenant qui nous sort un peu de l'ambiance. Etrange. Mais rien de grave au final tant le réalisateur est conscient de ce qu'il fait et assume totalement le genre auquel il s'attaque.

En résulte une belle histoire, de beaux moments, de très grandes scènes de comédie et un premier degré qui fonctionne de manière inattendue et nous rappelle que la comédie française actuelle ne se résume pas uniquement à un fond de commerce cynique qui prend son spectateur de haut en faisant toujours le même film, affalé dans son siège en cuir à compter les billets verts. Et rien que pour ça, Un peu, beaucoup, aveuglément mérite d'être vu et soutenu.

 

Résumé

Inattendu et rafraichissant, Un peu, beaucoup, aveuglément apporte la bulle d'air indispensable à un genre moribond. Si le film est loin d'être parfait et s'empêtre parfois dans quelques pièges, la première réalisation de Clovis Cornillac surprend autant qu'elle charme et c'est bien là son seul objectif, et sa plus grande qualité. Très prometteur pour la suite, en tout cas.

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Lecteurs

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commentaires
Mesangélique
16/06/2015 à 22:40

Une comédie romantique sympathique et fraîche. Une idée originale et un humour pas trop lourd. Le plus, la découverte d'une très belle actrice Mélanie Bernier et de jolis seconds rôles.

Samuel
21/05/2015 à 00:33

Je me fous des critiques qui disent que ce film a des imperfections. Moi j aime un peu beaucoup ....passionnément

Jean-Pierre Suze
12/05/2015 à 11:01

Et pourquoi pas aussi manger des glaçons par le séant ?

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