Imitation Game Critique : Imitation Game

Simon Riaux | 28 janvier 2015
Simon Riaux | 28 janvier 2015

Les films à Oscar aux sujets ronflants, on commence à connaître, pourtant, malgré sa patine historique et son air bien propre sur lui, Imitation Game peut se targuer de nous aguicher avec une véritable histoire à raconter. Celle d'un des hommes les plus mystérieux, héroïques et déterminants du XXème siècle. Relève-t-il le défi de porter à l 'écran ce destin particulièrement tragique ?

Morten Tyldum a voulu en donner au spectateur pour son argent, et cela se voit. Fort d'une reconstitution impeccable, il prend le temps de rendre limpide les enjeux pourtant complexes de son récit. Après tout, parvenir à intéresser le grand public à la vie mouvementée d'un mathématicien, codeur de génie, à l'origine des principaux bouleversement technologique du siècle dernier n'a rien d'une évidence. Le réalisateur y parvient à force didactisme discret, de pédagogie maline.

 

 

 

Il est en cela aidé par des comédiens parfaitement maîtres de leur art. Benedict Cumberbatch maîtrise comme personne les infinies nuances de son personnage, tour à tour brillant, odieux, décalé et subversif. Il est aidé par Keira Knighley, qui rappelle que même au second plan, elle imprime de son charme trouble et nuancé chaque scène où elle apparaît. Grâce à la combinaison de ces talents, jamais l'histoire qui nous est contée ne semble absconse, ou déconnectée de la réalité.

 

 


I

Hélas, tout intense et efficace que soit le film, il oublie dans sa volonté de contenter tout le monde les deux cœurs de son sujet. Premièrement, l'homosexualité d'Alan Turing, ici reléguée au rang d'accessoire dramatique, lui valut plus que de simples souffrances, puisqu'il fut traqué et castré chimiquement en raison de son orientation sexuelle, avant de choisir de se suicider. Enfin, les travaux de Turing pour décoder Enigma furent les premiers jalons du langage numérique qui devait aboutir aux calculs qui donneraient naissance à la bombe atomique, puis aux premiers ordinateurs. Autant de pistes vertigineuses, que le film survole paresseusement. Tout plaisant que soit Imitation Game, ne pas explorer ces deux pistes plus en profondeur le prive de deux thèmes fondamentaux, qui auraient pu lui permettre d'aller au delà de son statut de beau produit destiné à rafler des Oscars.

 

 

 

Résumé

Intelligent, propre et souvent pertinent, Imitation Game ne va hélas pas assez loin dans l'analyse de son fascinant personnage principal.

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Lecteurs

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commentaires
Ded
29/01/2015 à 14:17

Quelle merveille et quelle passionnante leçon de "petite" histoire dans la Grande !... Même s'ils n'ont pas su éviter le pathos émotionnel dans la scène quelque peu artificielle du frère "sacrifié" où une lacrymation assumée plombe inutilement un récit dont l'interpénétration des époques événementielles ne gêne en rien la narration d'une fluidité et d'une lisibilité exemplaires...
Peu ou plus rien à dire de cet acteur au nom imprononçable et aux yeux de loup qui, malgré quelques tics de jeu outranciés (!), fascine par sa prestation élégante et enfiévrée.
Quand à Keira Knightley, sans génie, ne jouant que sur son sourire incroyable à faire fondre la banquise... une interrogation, comme ça, en l'air... Est-elle bien à sa place ?!

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