Une nouvelle amie : Ozon la critique

Sandy Gillet | 5 novembre 2014
Sandy Gillet | 5 novembre 2014

Pour ceux qui voyaient en Ozon la caricature du réalisateur français embourgeoisé avec une propension à l'apostrophe sociale un peu facile devrait revoir leur jugement à la vision de cette Nouvelle amie. On y retrouve en effet l'artiste branque de Goutte d'eau sur pierre brulante, l'urgentiste démiurge de Sitcom et l'homme à fleur de peau de Sous le sable. Un triumvirat des sens qui emporte son nouveau film en des contrées peu explorées et on ne peut plus réjouissantes.

Comme dans Sitcom, Ozon fait intervenir un événement extérieur pour provoquer la mue de ses personnages. Ici c'est la mort prématurée qui va perturber l'équilibre d'électrons qui se croyaient libres bien que déjà promis à une vie réglée. Face au deuil il y a d'abord l'amie d'enfance :l'incandescente Anaïs Desmoutier. Il y a l'époux : Raphaël Personnaz dans un rôle qui lui va comme un gant et qui sera accessoirement le dindon de la farce. Il y a enfin le veuf : Romain Duris dont la palette de jeu surprend encore et toujours. Au-delà de la souffrance, il doit dorénavant gérer seul sa petite fille de quelques mois et va pour ce faire va adopter une attitude peu banale.

Une nouvelle amie peut se voir comme une très belle réponse à ces mouvements anti mariage pour tous qui font flores en nos contrées depuis quelque temps. Il y est en effet question d'attirance pour le même sexe et de l'épanouissement de soi via le reflet de l'autre (partenaire, ami, amant, mari...). Des thèmes déjà abordés dans le cinéma de Ozon mais jamais avec autant de liberté, d'aisance et de rondeur. Aux antipodes d'un Jeune & Jolie dont la raideur dogmatique finissait par lasser. L'empathie d'Ozon envers tout ses personnages est patente. Elle traverse sa mise en scène qui en devient sincère et malicieuse sans jamais tomber dans la candeur sirupeuse.

De cet équilibre quasi miraculeux sort un film raffiné et émouvant. On pense un peu aux mélos de Douglas Sirk qui faisait de l'acceptation de l'autre la thématique principale de sa filmographie. Ozon dont l'admiration pour Sirk n'est pas un secret, pousse simplement le curseur un peu plus loin en faisant tomber les préjugés sous nos yeux sans jamais se départir d'une délicatesse qui l'honore. Une nouvelle amie est ainsi fait qu'il n'est même pas un film sulfureux. Ozon n'a plus besoin de provoquer. Son cinéma en dévient bien plus mature, passionnant et autrement plus profond. Une nouvelle voie plus qu'excitante qui mérite d'être suivie de près.

 

 

Résumé

Avec Une nouvelle amie, Ozon rassure. Il affiche ses ambitions retrouvées pour un cinéma qui rappelle le meilleur de sa filmo tout en lui donnant un second souffle.  

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Lecteurs

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commentaires
mesangelique
23/11/2014 à 15:47

François Ozon a une nouvelle fois mis la femme au centre de son film. Sa sensualité est ici exploitée, avec un Romain Duris qui semble prendre plaisir à se métamorphoser en femme et une Anaïs Demoustier qui reprend goût d’être une femme. Mais quelle drôle de manière de faire le deuil de sa meilleure amie ou femme. La mort ne sert que de prétexte à François Ozon pour rapprocher ces deux protagonistes principaux. Les scènes ; parfois tournées en France, d’autres fois aux Etats-Unis, nous perdent. Les dialogues et le scénario sont compliqués, avec des rebondissements, qu'on n'arrive pas à voir le but : une prise de conscience (mais de quoi ? le mariage pour tous ?), faut-il rire (« Les hommes naissent dans les choux, les femmes dans les fleurs, moi je suis né dans un chou-fleur ») ?

Ded
20/11/2014 à 11:40

Excellent film ! pourquoi ? Certes, Anaïs Demoustier est lumineuse et Romain Duris est un acteur solide ! Las, ça ne suffit pas. Réalisation plate avec effet bidon lors de la découverte du personnage travesti (Hitchcock doit bien rigoler), narration de départ genre roman-photo,dialogues insipides, situation grotesques (la salle "bruissait" de rires), rares traits d'humour lourd à la façon tendance actuelle très, très agaçante... J'avais aimé "Sous le sable" et sincèrement, je m'attendais à mieux de la part de Ozon... mais n'est pas Almodovar qui veut...

davidburton
17/11/2014 à 20:31

Excellent film.

davidburton
17/11/2014 à 20:31

Excellent film.

Jay Jackhull
30/09/2014 à 14:01

Il n'y a plus le tableau des notes des autres rédacteurs?
Dans ce cas est-ce que la critique reflète l'avis de l'ensemble de la rédac?

Lol
29/09/2014 à 22:10

Mieux !

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