White House Down : critique du mauvais timing

Geoffrey Crété | 24 avril 2022 - MAJ : 24/06/2022 16:52
Geoffrey Crété | 24 avril 2022 - MAJ : 24/06/2022 16:52

White House Down est ce soir à 21h05 sur TFX.

En 2013, le vent a tourné sur la plaine hollywoodienne des superproductions. Jadis considéré comme le père du blockbuster de destruction massive, Roland Emmerich, l'homme qui a atomisé la planète et tout ce qui s'y trouve, semble désormais réduit à un pauvre faiseur parmi d'autres, loin de créer l'événement avec son nouveau plaisir décérébré : White House Down, avec Channing Tatum et Jamie Foxx.

DIE DOWN

Disons le d'emblée, White House Down est une douce resucée de Die Hard gonflée à la testostérone, aux fusillades, aux explosions et autres moments de bravoure improbables - et donc jouissifs. John McClane, John Cale : mêmes lettres, même dette. Comme McClane, Cale est un bon bad boy aux méthodes corrosives, rangé du bon côté de la loi, avec un caractère de cheval indomptable et donc, une vie personnelle misérable. Comme son modèle indétrônable, il se retrouve au mauvais endroit au mauvais moment lorsqu'un entretien d'embauche à la Maison Blanche se transforme en visite guidée, elle-même catapultée en pleine guérilla après l'explosion d'une bombe et l'irruption de mercenaires.

Comme Jack Bauer, John Cale essaye de sauver sa fille, insupportable et inévitable, tandis que se lève le voile sur un complot qui ferait passer Nixon pour un homme honnête. Il y aurait matière à pister une somme impressionnante de références plus ou moins assumées dans la partition du nouveau Roland Emmerich, mais s'y atteler ne serait qu'une erreur de débutant : White House Down répond à la définition ultime du blockbuster, à savoir un film trop con - trop bon, doté d'un sens aigu du timing et de la pyrotechnie.

 

Photo Channing TatumChanning Tatum en cosplay de John McClane

 

Né dans les mêmes années que son frère de sang Michael Bay, Roland Emmerich use et abuse de toutes les astuces pour exploiter les lieux à son avantage et plier le décor à sa convenance : destruction de la coupole, fusillades à tous les étages, escapade dans les cages d'ascenseur, course-poursuite sur la pelouse et atterrissage dans la piscine, explosion d'un tank à la roquette, désintégration d'une maison, incendie patriotique ou encore crash d'un avion. Connu pour avoir signé le Zodiac de David Fincher, le scénariste James Vanderbilt s'est creusé les méninges pour exploiter au mieux le berceau de l'Amérique.

 

photo, Jamie FoxxJamie Foxx

 

EMMERICH, EMMERICH ET COLLE DES BAFFES

Un plaisir d'autant plus remarquable que le metteur en scène est habitué à des terrains de jeu bien plus vastes - New-York, la planète, le temps et l'espace. À la manière de Shane Black dans Iron Man 3, Roland Emmerich ressort aussi de sa manche la panoplie très nineties du môme trop malin pour être aimable, qui comble la case émotionnelle du héros. Car la romance n'est en aucun cas de mise dans l'aventure, dédiée à la rencontre insolite entre John Cale et le président des Etats-Unis, bromance un brin décevante car déséquilibrée - Sawyer a beau sortir ses chaussures stylées, il n'en demeure pas moins accessoire, malgré la bonne gueule de Jamie Foxx.

À côté de ces répliques gentiment foireuses, le film se pavane dans une suite de retournements de situations pas désagréables mais ne prend pas la peine de sortie des sentiers battus, à l'image de la pauvre Maggie Gyllenhaal cloitrée dans une salle de contrôle derrière un combiné - la CTU de Jack Bauer n'est pas loin. 

 

Photo Channing TatumPapa sauve les USA

 

La principale erreur de White House Down s'appelle La Chute de la Maison Blanche, alias le-premier-film-sur-la-même-idée-mais-avec-Gerard-Butler, sorti trois mois plus tôt aux Etats-Unis. Un succès minime qui a toutefois ringardisé le concept au point de désamorcer l'événement du film de Roland Emmerich. Mais entrer dans une comparaison détaillée avec l'autre film serait encore une erreur : la vérité sur White House Down n'est pas ailleurs. Elle est là, simple et évidente à l'écran, entre les muscles de Channing Tatum, la pyrotechnie de Roland Emmerich et ce grand plaisir ordinaire.

 

Affiche

Résumé

Roland Emmerich n'est plus à son heure de gloire, et pourtant, White House Down prouve que malgré son allure générale quelconque, il reste encore une patte artisanale indestructible et assez irrésistible chez le réalisateur.

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Lecteurs

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commentaires
Neji.
27/04/2022 à 01:28

Le bon timing de ce film c'était une sortie dans les années 90.
Le nanar qui passe bien en fin de soirée.
À l'époque de sa sortie ce fut juste une purge too much et Tatum est tellement mauvais c'est risible ce genre de navet.
Même pas drôle pour faire du bon Z

Flo
26/04/2022 à 13:27

« White House Down » (ça vaut mieux que l’Elysée aux bas du front).
Hilarant ! Pas seulement un Die Hard à la Maison Blanche, mais aussi une presque comédie d’action, très incorrecte, assumant que tous ses personnages (masculins) en font trois tonnes avec pas grand chose dans le ciboulot.
Pas de doute, toujours le regard européen moqueur de Roland Emmerich, désamorçant toutes scènes faisant mine de raconter quelque chose, pour garder une tension explosive burlesque et assez continue.
Même Michael Bay (plus ou moins parodié) n’aurait jamais réussi ça.

yo
25/04/2022 à 13:34

Dans ce vomi de CGI et d'idioties, faut être costaud pour la trouver "la patte artisanale".
Rien de plus énervant que les films d'actions markétés "à l'ancienne" où quasiment chaque grosse scène d'action sort d'un ordinateur périmée...

Zeorymer
24/04/2022 à 23:16

Le seul vrai génie dans ces 2 films c'est le marketeux français qui s'est dit qu'il allait donner à Olympus has fallen le titre de La chute de la Maison Blanche.
Le gars s'imaginait déjà ce dialogue entre potes :
- Viens on va voir White House Down
- Mais non on l'a déjà vu la chute de la maison blanche
- Nan c'est l'histoire de terroristes qui prennent d'assaut la maison blanche et un flic coincé par inadvertance dans la maison blanche doit sauver le président.
- Ouais c'est bien ça on l'a déjà vu.

Eddie Felson
24/04/2022 à 22:46

@Ghob +1

Ghob_
24/04/2022 à 20:19

En ce qui me concerne, je me pose même pas la question : c'est La Chute de la Maison Blanche les yeux fermés. Peut-être pas aussi artificier que le film pop-corn d'Emmerich, mais plus de tension et d'adrénaline et plus proche aussi, dans son approche, du Die Hard originel. Alors pas forcément qu'il faille pomper le matériau de base au plus près pour en faire un bon film, mais je pense que Fuqua a vraiment ce qui marchait dans la franchise de McClane et s'en est inspiré pour donner le même genre de sensations au spectateur.

Alors oui, White House Down est peut-être plus spectaculaire, mais je préfère de loin le bourrinage old-school en règle de Olympus has Fallen et puis, bon : Gerard Butler dans ce genre de rôles vaut largement tous les Channing Tatum du monde :)

Abibak
24/04/2022 à 20:07

Carrément mieux que die hard V

Fran
09/02/2021 à 00:17

Regardez le film "Rock" et vous verrez que le début et la fin du film sont le copié collé de "White house down".

Gloss
03/02/2021 à 14:21

Film pas mauvais, mais decevant pour ma part après comparaison avec La chute de la maison blanche qui a fait beaucoup plus selon moi. Donc mauvais timing en effet…

pc
03/02/2021 à 00:25

Boursouflure absolue.

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