Critique : Après la bataille
Le réalisateur s'évertue pourtant à ne pas s'embourber dans les clichés les plus rebattus, met en scène un homme et une femme que tout oppose, leur rencontre n'aura rien de romantique, on cause révolution, mais c'est pour mieux ausculter les failles béantes d'un nouveau régime qui écrase trop promptement ses adversaires d'hier. Bref, Nasrallah s'intéresse aux à côtés, à ceux que le printemps du Caire a laissé au bord de la route. Il le fait hélas avec un ton extrêmement scolaire, enchaînant des dialogues lourdement explicatifs, où la moindre intention est surlignée par des acteurs aux compositions outrées.
Nombre de thèmes passionnants, d'évènements oubliés ou ignorés par les médias occidentaux sont pourtant abordés, hélas souvent via un angle purement égyptien, qui les rendra opaques au spectateur non initié à l'histoire contemporaine du régime de Moubarak. Sans compter que l'urgence dans laquelle a été monté le film lui a visiblement interdit de véritablement penser son récit ; il faudra donc se fader plus de deux heures de plans tout droit sortis d'une telenovela des années 70. Le résultat est difficilement soutenable par endroit, curieusement inspiré ici et là, notamment lors de la conclusion du film, qui fait presque regretter cette prise directe de celui-ci avec le réel, tant le metteur en scène nous cueille par surprise avec une habile métaphore.
Comme on pouvait le craindre, Après La Bataille aura été à l'édition cannoise 2012 ce que fut La Source des femmes à l'édition 2011, à savoir un film pour le principe, un tract éminemment respectable, qui vaut surtout pour son existence même, mais dont la valeur cinématographique est pour le moins discutable. Reste qu'il n'est pas interdit de ressentir un certain plaisir tout chauvin à voir le groupe France Télévision s'investir dans ce projet, quand il y a quelques mois encore notre classe politique proposait diligemment à des dirigeants peu recommandables l'aide de nos services d'ordre pour contenir une foule en quête de liberté.
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