Malveillance : critique de peur à l'intérieur
La Secte sans nom, Darkness, Fragile, [REC], [Rec] ²... Jaume Balagueró est une référence pour tout amateur de films d'horreur, option fantôme, zombie et autres monstres. Mais le cinéaste n'a pas besoin de fantastique pour démotnrer son savoir-faire. La preuve avec Malveillance, et Luis Tosar.
Si les deux premiers épisodes de la saga [REC] ont durablement traumatisé les amateurs d'horreur éreintante, on était encore en droit de nourrir quelques doutes quant au devenir de Jaume Balagueró. Les travaux du réalisateur oscillaient jusqu'à présent entre la puissance d'un Fragile et les failles scénaristiques de La Secte sans nom, ou encore les tics agaçants de Darkness. C'est donc avec une réelle impatience que l'on attendait ce Malveillance, au synopsis loin du fantastique ténébreux de ses précédentes mises en scène.
Rapidement, Malveillance s'impose comme un film d'une maturité et d'une maîtrise impressionnantes. César a beau faire partie du tout venant de la psychopathie cinématographique, et ses agissements relever de la plus classique home invasion, Jaume Balagueró nous propulse dans le récit via le point du vue dérangé de son anti-héros, et nous offre ainsi un renouvellement inattendu d'une figure rabattue du cinéma d'angoisse. Sa mise en scène frappe en premier lieu par son efficacité, sa précision chirurgicale, avant de se révéler merveilleusement retorse et subtile.
Sans que le spectateur s'y attende, il se retrouvera à partager les inquiétudes, angoisses et malheur d'un inclassable bad guy. Une bascule qui transforme peu à peu le thriller en une comédie noire aussi cruelle que désespérément humaine. L'impact émotionnel et l'immersion s'en retrouvent décuplés, à l'image de l'incroyable séquence d'évasion matinale, où César se livre à un jeu du chat et de la souris qui mettra vos nerfs à rude épreuve.
La direction d'acteur est à l'avenant, et lorsque le scénario nous offre quelques plages de calme, ce sont les acteurs qui prennent implacablement le relais. Il suffit d'un sourire affable de notre bon concierge, d'une réplique perfide d'un de ses voisins, ou du sourire ravageur de sa principale victime pour nous embarquer dans un tourbillon de sentiments contradictoires. Des comédiens servis par un scénario exemplaire, qui parvient sans mal à se jouer des figures imposées par le genre, qu'il les détourne ou les réinvente, avec une malice aussi réjouissante qu'inquiétante.
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