La Dame de fer : Critique

Perrine Quennesson | 14 février 2012
Perrine Quennesson | 14 février 2012

"Avant il s’agissait de faire quelque chose, maintenant, il s’agit d’être quelqu’un »

 C’est ce que répond Margaret Thatcher à une jeune femme qui la remercie de l’avoir inspiré. Car La Dame de fer n’est en fait que le portrait d’une femme qui s’est battue, d’une femme qui a voulu être l’égal des hommes et qui a agit selon son âme et conscience.

Fi de la politique, La Dame de fer n’a finalement que peu cure de la stratégie gouvernementale de Mme Thatcher, ni même de ses principes concernant l’économie et encore moins de sa côte auprès du public anglais. Le débat autour du film est donc vain. Phyllida Lloyd ne s’intéresse qu’à la personne, qu’à ce qu’elle ressentait, vivait et est actuellement.

 

 

En effet, le film commence sur une Margaret Thatcher contemporaine, affaiblie par une gentille démence et assujettie à une gouvernante qui la surveille et à sa fille peu complaisante. Un comble pour cette femme qui n’a jamais courbé le dos ! Car tout le film tend à nous montrer la puissance de caractère de cette fille d’ouvrier anglais qui par sa volonté et sa capacité à agir à su graver les échelons sans jamais à avoir s’excuser d’être du sexe dit faible pour finalement de devenir la première femme Premier Ministre du Royaume-Uni.

 

 

Mais à quel prix ? Car si l’un des axes du film de Phillida Lloyd est de nous montrer une femme au fort tempérament, il nous fait également part du prix de cette ambition et du sacrifice qu’elle a coûté. La Dame de fer se compose ainsi comme une balade dans la maison de Margaret Thatcher. L’ex-dirigeante déambule dans ce périmètre restreint comme si elle se promenait dans sa mémoire. Elle croise alors de nombreux souvenirs, échos de son passé, autant d’occasions pour la réalisatrice de revenir sur ses « exploits » (controversés ou non). Mais, elle croise également des fantômes. Et surtout celui de Denis, le mari de Thatcher avec qui celle-ci communique régulièrement alors qu’il est mort depuis un certain temps. Et c’est là où le film se révèle le plus pertinent et qu’il saisit le spectateur : lorsqu’il traite du deuil. Ou plutôt de l’incapacité de le faire. Car si l’ex-Premier Ministre anglais ne regrette rien de sa carrière, elle sait pertinemment que c’est grâce au soutien de l’homme de sa vie qu’elle y ait parvenu. Formidable déclaration d’amour, le film ne tombe jamais dans le pathos mais n’oublie en aucun cas d’être touchant, émouvant.

 

 

Résumé

Mais, soyons honnête, la réalisation n’a rien d’époustouflante et la qualité du film tient surtout à la prestation incroyable et précise de Meryl Streep qui prouve ici, une fois de plus, qu’elle est la meilleure actrice actuelle. Elle parvient à incarner cette femme critiquée avec une aisance déstabilisante, sachant moduler sa voix, son attitude et sa démarche en fonction de l’âge de Thatcher. Elle permet ainsi à Phyllida Lloyd de faire brillamment le portrait d’une femme qui a fait quelque chose et qui, pour cela, est devenue quelqu’un.

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