W.E. - Wallis & Edouard : Critique : W.E.

Simon Riaux | 1 septembre 2011
Simon Riaux | 1 septembre 2011

Le projet de Madonna ne manquait pas d'ambition, et même si nous étions un peu dubitatifs quant à ses talents de réalisatrice depuis l'oubliable Obscénité et vertu, cette histoire d'amours s'entrecroisant sur presque un siècle avait de quoi piquer notre curiosité. Et si en effet la musicienne ne manque pas d'idées, sa connaissance du medium cinéma laisse clairement à désirer, et l'entraîne dans une série de fautes de goûts qui finissent par plomber le film.

Intrigante au premier abord, la structure du long-métrage se révèle artificielle et faussement complexe. Alors que la seconde guerre mondiale couve, le Prince de Galles entretient une relation avec une femme divorcée, qui lui coûtera le trône. De nos jours, une jeune femme se débat du mieux qu'elle peut entre un mari indifférent, une grossesse qui ne vient pas, et son obsession naissante pour Wallis Simpson. Nous ne saurons jamais vraiment quelle est la nature du lien mystique qui unit ces deux femmes, et occasionne des rencontres maladroites et passablement ridicules. On regrette que Madonna ne parvienne jamais à focaliser son regard de metteur en scène, et ne propose qu'une reconstitution grisâtre à peine digne d'un docu-fiction, supportée par les mésaventures sentimentales d'Abby Cornish, qui semble encore plus perdue que le spectateur.

La faiblesse de cette structure ressort d'autant plus que le film dure deux bonnes heures, durant lesquelles une chronologie éclatée nous empêche d'être emporté par le rythme de l'ensemble. Il faut dire que les aberrations visuelles qui parsèment le film n'aident guère, comme en témoignaient les éclats de rire entendus lors de la présentation du film à Venise. D'une scène de violence conjugale désagréablement clipesque, en passant par une séquence d'orgie royale inopinée, sans oublier un choix de musique tantôt pompeux, tantôt hors-sujet, rien ne nous est épargné. Quiconque a ne serait-ce que de balbutiantes notions de psychologie trouvera probablement la caractérisation des personnages pour le moins défaillantes, la plus spectaculaire étant celle du méchant-mari-médecin.

 

Résumé

On finit par se dire qu'en plus de ne pas manquer d'idées, Madonna a le courage d'expérimenter bien des choses. Dommage que personne n'ait été là pour la renseigner sur les règles en vigueur au cinéma, comment les détourner ou pourquoi les respecter. Espérons qu'après cet embarrassant ratage, l'artiste se cantonnera à son domaine de prédilection, la musique.

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