Critique : La Grotte des rêves perdus
La grotte Chauvet est, sans conteste, un sujet passionnant
pour tout féru d'histoire de l'évolution humaine. Comment l'homme pensait il y
a 30000 ans ? Grâce à ces peintures, les archéologues peuvent imaginer
leurs croyances, leur vie en société, ce que les représentations murales
avaient comme signification. Cette cavité ne connaîtra pas le même destin
tragique que la grotte de Lascaux et demeurera invisible au public. Elle sera
néanmoins reproduite à l'identique à quelques kilomètres. Un maître parfumeur,
Maurice Maurin, se joint à l'équipe d'archéologues dirigée par Jean-Michel
Geneste pour tenter de reconstituer les odeurs environnantes de cette époque.
Werner Herzog nous sert la grotte, les interrogations qu'elle éveille et ses
propres considérations grâce à la voix-off du narrateur Volker Schlöndorff. Le réalisme est troublant.
Si le sujet est fascinant et l'esthétique sans écailles, on
pourrait néanmoins reprocher au film de s'apparenter par à-coups à une production
pédagogique destinée aux scolaires. Ce qui n'enlève cependant rien à sa richesse en informations ethnologiques et archéologiques, offerte par les nombreux
témoignages de scientifiques. Le documentaire se déploie lentement, parfois
trop lentement, mais il constitue un document d'une valeur infinie. Sans
« spoiler », on notera le clin d'œil de l'épilogue sur la société
contemporaine assez caustique. Une œuvre dont la richesse est inhérente à son
sujet.
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