Critique : La Grotte des rêves perdus

Laure Beaudonnet | 30 août 2011
Laure Beaudonnet | 30 août 2011
 Lorsque les figures majeures du cinéma allemand s'en prennent à la 3D, on peut imaginer le meilleur sans trop se tromper. Wim Wenders nous a donné le tournis en avril avec son merveilleux Pina, hymne à l'une des plus grandes chorégraphes allemandes contemporaines, et Werner Herzog revient avec un documentaire sur la grotte Chauvet, vestiges artistiques de l'homme de Cro-Magnon découvertes en 1994. La mode semble être au documentaire chez nos piliers de la nouvelle vague allemande. Avec Werner Herzog, on fait le grand écart : après Grizzly man sur un américain peu précautionneux qui se prend pour un grizzly, il se penche sur un monument protégé  de la nature française, pour le servir au public grâce à une technologie perfectionnée. Ici, la 3D reconstitue la grotte, ses peintures rupestres, ses restes d'ossements comme si on y était. Il parvient à nous montrer certaines œuvres par tous les prismes, comme la représentation de la partie inférieure de la femme, qu'on n'aurait jamais pu observer sans l'aide d'une caméra mobile.

La grotte Chauvet est, sans conteste, un sujet passionnant pour tout féru d'histoire de l'évolution humaine. Comment l'homme pensait il y a 30000 ans ? Grâce à ces peintures, les archéologues peuvent imaginer leurs croyances, leur vie en société, ce que les représentations murales avaient comme signification. Cette cavité ne connaîtra pas le même destin tragique que la grotte de Lascaux et demeurera invisible au public. Elle sera néanmoins reproduite à l'identique à quelques kilomètres. Un maître parfumeur, Maurice Maurin, se joint à l'équipe d'archéologues dirigée par Jean-Michel Geneste pour tenter de reconstituer les odeurs environnantes de cette époque. Werner Herzog nous sert la grotte, les interrogations qu'elle éveille et ses propres considérations grâce à la voix-off du narrateur Volker Schlöndorff. Le réalisme est troublant.

Si le sujet est fascinant et l'esthétique sans écailles, on pourrait néanmoins reprocher au film de s'apparenter par à-coups à une production pédagogique destinée aux scolaires. Ce qui n'enlève cependant rien à sa richesse en informations ethnologiques et archéologiques, offerte par les nombreux témoignages de scientifiques. Le documentaire se déploie lentement, parfois trop lentement, mais il constitue un document d'une valeur infinie. Sans « spoiler », on notera le clin d'œil de l'épilogue sur la société contemporaine assez caustique. Une œuvre dont la richesse est inhérente à son sujet.

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