Critique : Pina

Laurent Pécha | 6 avril 2011
Laurent Pécha | 6 avril 2011

Pina est un choc cinématographique précieux. Et c'est aussi et surtout une réussite technique inouïe. Pour aller droit au but : on n'avait jamais vu jusqu'ici un film utiliser la 3D avec autant de maestria et surtout d'à propos. Dès la première longue séquence de danse, la nécessité de la 3D et sa fulgurante efficacité sautent littéralement aux yeux. Plongé au cœur de la scène, on est dans l'intimité des danseurs. Jamais n'a-t-on pu voir de si près la recherche de perfection des gestes. Jamais n'a-t-on été aussi admiratif de ces corps qui se contorsionnent avec une précision absolue pour faire naître une émotion durable. Quant la 3D est utilisée à un tel niveau d'exigence et une telle volonté artistique, le 7ème art porte alors admirablement bien son nom.

A partir d'un projet qu'il avait voulu abandonner suite à la disparation brutale de Pina Bausch (le film devait à ce moment être centré sur la chorégraphe et la suivre à travers ses tournées dans le monde), Wim Wenders, relancé par les propres danseurs de Pina, livre un des plus beaux hommages possibles à une artiste d'exception.

Sans lien narratif évident (d'où l'aspect ardu de l'œuvre), le cinéaste laisse la parole aux danseurs d'une troupe multiculturelle (ça parle presque toutes les langues) pour évoquer leurs souvenirs de Pina. Et à travers ces confessions très intimes, on approche au plus près de la femme et l'artiste, se rendant compte pourquoi elle était tant aimée, admirée et de comprendre l'incroyable lien de fidélité qui unit toute la compagnie depuis plus de 30 ans. Et si les mots sont plus d'une fois extrêmement touchants, que dire de tous ces numéros de danse, proprement extraordinaires, que la mise en scène 3D (on peut enfin véritablement associer les deux mots) de Wenders sublime à chaque instant.

Qu'elle soit en intérieur dans le théâtre ou à l'air libre comme lors de ces étonnantes séquences en métro aérien, la caméra posée du cinéaste - quel plaisir de voir un découpage qui laisse la place d'admirer les mouvements - semble être constamment à la bonne place. Transcendant avec grâce l'espace tridimensionnel, elle nous fait découvrir une manière inédite de voir la danse. Et de nous prouver magistralement qu'un cinéaste en pleine possession de ses moyens, peut utiliser un « nouveau » medium pour faire avancer son art. Une date dans l'Histoire du cinéma ? Une chose est sûre pour l'auteur de ces lignes : il y aura un avant et un après Pina !  

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