Les Insurgés : Critique

Sandy Gillet | 13 janvier 2009
Sandy Gillet | 13 janvier 2009

L'histoire édifiante que met en scène le neuvième film d'Edward Zwick est vraie. Elle raconte comment trois frères biélorusses de confession juive se sont retrouvés en 1941 bien malgré eux pris sous la déferlante nazie. Obligés de sauver leur peau, ils s'enfoncent dans une profonde forêt qui n'a aucun secret pour eux, rejoignent un groupe de résistants puis recueillent un nombre toujours plus important de réfugiés avec qui ils vont jusqu'à construire un village où ils vivront pendant toute la guerre pour réussir finalement à sauver la vie à plus de 1 200 personnes.

De cette fin heureuse Zwick ne s'intéresse guère. À la différence d'un Spielberg et de sa Liste de Schindler qui allait jusqu'au bout de son propos, Les Insurgés semble s'arrêter à mi-chemin alors même qu'au bout de 2h17, le film semblait pourtant prendre enfin son envol définitif. Un paradoxe au final frustrant mais qui a aussi le mérite de faire prendre conscience une fois les lumières rallumées, de toute la densité d'un métrage, qui digne du meilleur des thrillers prend à la gorge et ne nous lâche plus. On le sait Zwick adore filmer la foule, cadrer l'épique et son pendant l'héroïsme. À son aise ici pour notre plus grand plaisir, le bonhomme s'en donne à cœur joie avec des multiples points d'orgue dont le climax final où traqués au plus profond de la forêt les « résistants » juifs composés de quelques hommes valides, de femmes et d'enfants finissent par affronter le bataillon de la Wehrmacht surarmé lancé à leur poursuite.

 

 

Mais le plus aboutit est sans conteste la prestation de Daniel Craig dans le rôle du grand frère Bielski qui réussit le tour de force d'occulter dans l'esprit du spectateur qu'il est l'un des meilleurs James Bond que la saga broccolienne ait jamais enfantée. Liev Schreiber, en frère cadet, est pas mal non plus, lui qui joue de son physique pour occuper avec envie tout le cadre quand il décide d'y rester. Ce qui nous fait aussi dire que Zwick filme là aussi avec beaucoup d'à-propos les visages de ses acteurs sans oublier ses nombreux figurants captant par là même une certaine idée non usurpée qu'il se fait de son cinéma : entre classicisme de bon aloi et souffle épique distillée à la perfection.

 

 

Si la réussite n'est pourtant pas totale, c'est que le récit, bien que privilégiant avec bonheur les relations houleuses entre les deux frères (le troisième plus jeune se contentant de compter les points) et mettant en exergue les faits d'arme assez uniques d'une communauté juive face à l'envahisseur nazi, reste bancale. Ne serait-ce que par cette fin abrupte qui décide de raconter les trois autres années via deux cartons explicatifs forcément peu convaincants. Un peu comme si Zwick n'avait pas eu la liberté de finir son film comme il l'entendait.

 

 

Résumé

Reste qu'il serait dommage de bouder pour autant son plaisir, une belle expérience de cinéma et une petite leçon d'histoire vous y attendent. Ce qui dans l'absolu n'est déjà pas si mal !

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