Critique : Hybrid

Simon Riaux | 11 février 2011
Simon Riaux | 11 février 2011
Quand Laurent Pécha, rédacteur en chef émérite vous appose diligemment sa main sur l'épaule et vous susurre : « tu vas voir, ça déchire, » tandis qu'un collègue assène : « malheureux c'est de la daube, » il y a de quoi titiller votre curiosité. Si en plus il est question du mystérieux Hybrid d'Éric Valette, tout juste converti en 3D (mais projeté en deux dimensions), on commence à sérieusement se demander à quoi on va avoir affaire. La réponse est simple : à une voiture maléfique. Mais pas n'importe laquelle, pas une épave hantée à la Christine, rien à voir mon bon monsieur. Il est question d'une créature mutante affamée, pleine de tentacules et autres appendices humides, déguisée en véhicule, et bien décidée à boulotter du garagiste.

A première vue, ce film de commande enfile les défauts comme d'autres les perles. Scénario simpliste et déjà vu mille fois, personnages caricaturaux et violence asceptisée, on est quand même très loin de Citizen Kane. Mais, car il y a un mais, un élément vient très rapidement bouleverser ce tableau quand même très noir. Là où le marché du DTV et la 3D nous ont habitués au cynisme de faiseurs sans âmes, le film d'Éric Valette jouit d'un premier degré et d'une totale sincérité qui font mouche immédiatement. Le metteur en scène parvient à nous faire rire avec le film, jamais du film, différence essentielle dans laquelle réside tout le plaisir du visionnage. Si ses comédiens sont souvent à la ramasse et ses effets spéciaux de vrais pièges à épileptique, il parvient néanmoins à nous faire bondir plus d'une fois, et à balancer quantité de répliques savoureuses (« I gave you a compliment, and now you try to shoot me ? That's not nice ! »).

Hybrid n'a pas d'autre vocation que de faire passer au spectateur un bon moment, bien emballé et sans temps mort. De ce point de vue, le film est clairement une réussite. Les moments de bravoure et les confrontations mécaniques s'enchaînent avec fluidité et enthousiasme, tout le cast semblant désireux d'en découdre avec la créature affamée qui l'attaque. Malgré un budget que l'on devine serré et une liberté probablement limitée par le système de production américain, Éric Valette fait son travail en artisan du genre consciencieux, et réussit à passer outre les failles du projet. Pourtant Hybrid n'en manque pas. Mais c'est tout le talent du cinéaste que de savoir non pas limiter la casse, mais tirer le meilleur du peu dont il dispose. Ne vous y trompez pas, le film ne vole pas beaucoup plus haut que la soirée pizza entre amis. Mais il vous en garantira une de tout premier choix.

Résumé

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(0.0)

Votre note ?

commentaires
Aucun commentaire.
votre commentaire