Critique : Los bastardos

Nicolas Thys | 25 janvier 2009
Nicolas Thys | 25 janvier 2009

Ces bâtards là sont avant tout destinés à ceux qui souhaitent se prendre une bonne tranche de réalité en pleine face et à ceux qui aiment les peintures murales réalisées à base de pigments naturels ! Mais qu'espérer d'autre d'un film qui dans son générique de fin remercie Bruno Dumont et se voit coproduit par une société intitulée « No Dream Cinema » ?

 

Toute l'idée du film est contenue dans le premier plan. Deux individus semblables à cent mille autres apparaissent peu à peu dans un décor à l'architecture simple et brute d'où ne provient que le bruit naturel des voitures : pendant ce temps, le monde suit son cours. Long, très long plan. Ici germe une conception du monde où l'imaginaire est absent : sous la cruauté et la lenteur descriptive de ce lieu quelconque ne peut résider qu'un enfer auquel le Luis Buñuel de Las Hurdes ne serait pas resté indifférent.

 

Voici l'homme.

Voici le monde.

C'est tout.

 

Mais, même sans adhérer à cet univers dans lequel les personnages semblent arrimés à des chaussures de deux tonnes l'une, les empêchant d'accéder à une pseudo-délivrance ou à une once de liberté, comment ne pas retenir son émotion par exemple devant cette blanchâtre fenêtre sur fond noir d'où surgissent plusieurs bras, telle une lune brisée par l'homme ? L'un des plus beaux plans de ces dernières années.

 

Car oui, dans cette atmosphère tendue et épuisante, ce qui choque d'autant plus c'est la beauté plastique des cadrages du cinéaste qui mêle ennui, incompréhension et géométrie, et annihile au fur et à mesure toute profondeur pour y revenir dans un final d'une profonde dureté.

Résumé

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(0.0)

Votre note ?

commentaires
Aucun commentaire.
votre commentaire