Spider-Man : critique au plafond

Laurent Pécha | 21 mars 2023 - MAJ : 22/03/2023 12:06
Laurent Pécha | 21 mars 2023 - MAJ : 22/03/2023 12:06

Avec de grands pouvoirs viennent de grandes responsabilités : à la vision de Spider-Man, on se dit que Sam Raimi a appliqué à la lettre les propos de l'oncle de Peter Parker, se réappropriant ainsi la problématique du héros masqué. Ses pouvoirs peuvent se résumer à une connaissance absolue du comic et un sens visuel presque unique au monde. Sa terrible responsabilité : ne pas décevoir les millions de fans de la bande dessinée et accessoirement rapporter un paquet d'argent à ses employeurs qui ont misé gros (139 millions de dollars) sur un poulain n'ayant (à l'époque) jamais démontré son aptitude à signer un hit commercial.

LE DERNIER DES TEENAGE MOVIE ?

Ceux qui connaissent la bande dessinée le savent pertinemment, Spider-Man, avant de montrer un super-héros aux formidables pouvoirs se lancer dans des combats titanesques avec des vilains aux capacités toutes aussi impressionnantes, raconte la mutation d'un jeune adolescent en un homme transi d'amour. C'est l'histoire d'un cruel dilemme, celui d'un ado mal dans sa peau qui doit accepter une situation intenable : il peut se faire aimer par celle qu'il désire (car Mary Jane s'entiche de Spider-Man), mais sans qu'elle sache de qui elle est réellement amoureuse.

Ce marivaudage originel impose Spider-Man comme une sorte d'ultime teenage movie, à la maturité totale. D'ailleurs tout est parfaitement délimité dans la brillante séquence inaugurale où l'on découvre nos deux tourtereaux dans le bus de l'école, alors même qu'en voix off, notre futur Spidey nous propose de nous raconter la seule histoire qui mérite réellement d'être évoquée, celle d'un garçon amoureux d'une fille.

 

PhotoUne araignée sur le plafond

 

Véritable récit métaphorique sur le difficile passage dans le monde adulte, Spider-Man, à l'instar d'un autre grand film de super-héros (Superman), insiste longuement sur la transformation subie par Peter Parker. Sam Raimi et son scénariste, David Koepp, ont parfaitement réussi à faire ressortir la dualité et le dilemme qui touche presque tous les super-héros, à explorer la difficile conjugaison entre la face humaine et la face surhumaine.

 

Photo Kirsten Dunst , Tobey MaguireLe baiser le plus culte des années 2000 ?

ON SE FAIT UNE TOILE ?

Si on s'est longuement attardé sur les thèmes développés par Sam Raimi, c'est qu'ils ont une importance essentielle aux rapports que l'on peut avoir avec le récit et notamment ses multiples scènes d'action. Car, oui, il est temps de le souligner : la deuxième partie de Spider-Man dépote grave. Mais justement : alors qu'un film comme Blade II se contente d'être jouissif (certes énormément) en accumulant les péripéties et les luttes acharnées aux moyens d'effets numériques et mouvements de caméra délirants, Spider-Man parvient à captiver son audience en faisant d'abord vivre ses personnages et en impliquant le spectateur sur le plan émotionnel.

 

PhotoRegarde moi ça je te dis

 

De même, si le recourt aux images de synthèse pour permettre à l'homme araignée de se mouvoir de façon aussi impressionnante dans l'espace peut paraître parfois limite, donnant trop l'impression d'assister justement à des séquences créées par ordinateur, on n'en tient pas (trop) rigueur à Sam Raimi, tant jamais on ne doute que derrière l'effet se cache un personnage totalement tangible. On peut dès lors savourer sans retenue les multiples morceaux de bravoure concoctés par un Sam Raimi qu'on avait pas vu aussi inspiré depuis Darkman, film qui à posteriori peut être considéré comme un fantastique galop d'essai aux aventures de Spider-Man.

Difficile de ne pas évoquer avant de conclure la performance des comédiens, d'autant plus qu'à l'époque du casting, la crédibilité du couple vedette a été bien attaquée. L'aisance et le naturel de Tobey Maguire et Kirsten Dunst laissent pourtant pantois d'admiration. À l'image de la bouleversante déclaration d'amour interposée que Peter Parker fait à Mary Jane, le spectateur croit à chaque instant à la véracité des sentiments et des situations.

 

Spider-Man : Afiche française

Résumé

Pour les années (décennies) à venir, LA référence de l'adaptation de comics au cinéma (avec un certain chevalier noir).

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commentaires
Flo
22/03/2023 à 13:00

C'était l'époque où les films de super-héros étaient majoritairement faits par des réalisateurs venus des films d'horreur ou des thrillers. À cause de leur maîtrise des effets spéciaux utilisant des looks grotesques.
Mais les super-héros, ce n'est pas fait pour faire peur mais pour rassurer. Et on le voit ici : les bons sentiments et le mélo, la fausse représentation d'un New York intemporel et avec très peu de râleurs. Comme un remède au 11 Septembre 2001... mais en conséquence, voilà évacué le côté joyeusement malpoli de Marvel (et de Peter Parker en particulier, malgré le fait qu'il reste un gentil gars). Pourtant, ce n'est pas cinématographiquement incompatible. Mais ça demande peut-être plus de travail que pour chorégraphier une action visuelle suffisamment fluide et énergique.
Petit détail amusant, il y a une référence indirecte à Alien : lorsqu'on voit les propres dents d'Osborn derrière les celles de son masque. On sent la créature qui veut tout dévorer, tout souiller. Même si ses scènes de dédoublements de personnalités (souvent montrées sans montage, juste avec un changement d'angle) sont un peu désuètes.

OMG
22/03/2023 à 10:49

Revu hier.
Incroyablement bon !
Merci à l'oncle Sam

Pie o Pah
22/03/2023 à 07:30

@Dutch
oui.. même si The Dark Knight est très bon

Dutch
21/03/2023 à 21:47

Donc the dark knight n'est pas un chef d'oeuvre mais Spiderman oui heu ok...

A2lino
21/03/2023 à 21:43

A t'on eu meilleur thème musical pour un super - héros depuis ?

Slater-IV
21/03/2023 à 20:59

Un classique et vrai petit miracle, tant on devine, en étant un peu concentré sur les détails et le montage, combien le film a dû être compliqué à fabriquer.

Un véritable film hybride, le cul entre deux générations, où certains effets respirent bon la fin des 90's (je pense à cette séquence de sauts improvisés sur les toits des immeubles, bourrée de faux raccords... et pourtant culte), d'autres le divertissement post-matrix (combat au lycée avec Flash), et enfin, pour le meilleur, des séquences de spectacles jouissives phénoménales (dont la dernière séquence de combat, épique à souhait). Un film au rythme parfait, sans temps mort, avec des acteurs impeccables (mention spéciale pour pour Dafoe, et l'actrice jouant tante May).

En un mot : un classique.

Laurent SFN
27/06/2022 à 17:13

Pour me refaire l'intégralité du spiderverse en ce moment, je trouve que le 1er spidey de Raimi a pris un coup de vieux. D'accord il a peut-être dépoussiéré le film de super héros a l'ancienne en se concentrant d'avantage sur la quête d'identité du héros que sur ses pouvoirs, mais c'est surtout dans le 2 que ce concept prend tout son sens. Pour le reste, que ce soit les effets spéciaux ou la mise en scène générale, ça a encore un côté "90's". Le 3 est pas mal mais la narration un peu trop lourde avec ses trois antagonistes. Et surtout ça commençait à se répéter (ça faisait au moins la cinquième ou sixième fois que l'araignée sauvé Mj d'une mort atroce en trois films).

@Flo j'ai aussi remarqué pour les téléphones portables. Mis à part une courte scène avec Mj dans le 3, je ne crois pas avoir vu un seul téléphone portable dans le film. Si en 2002, ça pouvait encore être un détail, il y a quelque chose de décalé dans le 3 en 2007 de voir Peter mettre des pièces de 5 cents dans une cabine pour appeler le répondeur fixe de Mj.

Flo
07/03/2020 à 10:45

Instantanément Culte pour le monde entier en 2002. Peut-être parce que très classique: Sam Raimi a clairement eu pour but de faire un film de super héros à l’ancienne (aucun téléphones portables et beaucoup de manichéisme). C’est Son style (emprunt de slapstick et de Frank Capra, Sa version, mais pas un Spider-Man suffisamment moderne.
Heureusement c’est un très bon divertissement, mais passé un générique de début dantesque, pas toujours excitant (surtout pour ceux qui connaissent l’histoire d’origine et ses coups de théâtre).

-Inspiration ciné: "Superman", "Darkman".
-inspiration comics: les "Spider-Man" dessinés par Steve Ditko, John Romita Jr et Gil Kane.

Râleur
20/08/2019 à 18:01

Le ridicule du frelon vert
Dafoe qui surjoue tout
Toby qui a la bouche ouverte tout du long
La romance gnangnan
La niaiserie généralisé des personnages

Faut arrêter d'idolâtrer un film neuneu au possible...

Simon Riaux
20/08/2019 à 15:54

@Micju

Pour renforcer la dimension arachnéenne, et pousser plus loin la métaphore d'un corps jeune en pleine mutation et en pleine... sécrétion.

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