Open Water, en eaux profondes : Critique
Si besoin était, la vision du DVD d'Open water apporte la preuve irréfutable que découvrir un film en salles puis le redécouvrir chez soi peut chambouler les certitudes ressenties lors de la première découverte. Car Open water fait partie de cette race de films qui prennent leur véritable mesure techniquement (la DV, ça a quand même nettement plus de gueule sur support numérique qu'en salles), mais aussi narrativement et émotionnellement, dans le confort d'une seconde « séance ».
Petit film indépendant bricolé surtout avec beaucoup d'ingéniosité et de courage, Open water n'est en effet pas du tout ce pseudo-thriller aquatique lorgnant à la fois du côté des Dents de la mer (l'incontournable du genre lorsqu'un aileron apparaît sur une affiche) et du Projet Blair witch (pour le côté « d'après une histoire vraie »), comme l'ont fait croire la campagne promotionnelle du film lors de sa diffusion dans divers festivals puis sa sortie couronnée de succès en salles. Si le long métrage de Chris Kentis possède bien quelques séquences de suspense redoutable (l'attaque nocturne des squales, bien que trop courte, possède une efficacité indéniable, renforcée en DVD par le rendement impressionnant de la piste VO DD 5.1 EX, l'EX ayant ici une importance capitale), le sujet du film, une fois qu'on en a découvert le dénouement (attention désormais aux énormes spoilers pour ceux qui n'auront pas encore vu le film), est tout autre qu'un simple survival en mer.
Bien loin de l'exercice de style annoncé ou espéré, la seconde vision d'Open water dévoile une uvre et un regard dur et tragique sur le couple. Le spectateur ayant désormais en tête le destin des deux infortunés héros, les vingt premières minutes du film montrant de la manière la plus quelconque les prémices du départ en vacances du couple et son intimité tout aussi banale lors de leur dernière nuit (séquences qui apparaissaient comme insupportablement longues au cinéma) possèdent désormais une connotation émouvante, même si cinématographiquement cela reste toujours bien maladroit. Et une fois en mer, seul aux côtés de Daniel et Susan, on assiste, gêné, mal à l'aise et même presque peiné à l'inexorable échec d'un couple en crise venu resouder leurs liens intimes et qui finira par se retrouver uniquement dans la mort.
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