Festival du Film Britannique de Dinard 2008 - Avant-Premières

Vincent Julé | 7 octobre 2008
Vincent Julé | 7 octobre 2008

Le Festival du Film Britannique de Dinard, ce n'est pas seulement une compétition et un palmarès, mais aussi et surtout une série d'avant-premières et d'inédits. Et pour cette 19ème édition, pas moins de 17 films, dont voici un petit panorama.

 

 


 

 

My Life So Far de Hugh Hudson (Grande-Bretagne, 1999)

Un château d'Ecosse... avec toute la famille, un père inventeur excentrique, une mère tendant à la mélancolie, une grand'mère fragile, un oncle irascible, une tante française et violoncelliste. Avec des paysans, des chasseurs, des fanatiques de curling. Avec même un aviateur qui vient se poser dans le parc, de temps en temps. Et peut-être aussi, un fantôme.

 

Avec cet inédit, le réalisateur des Chariots de feu, de Greystoke mais aussi de Revolution (qui a dit de Je rêvais de l'Afrique ?) prouve une fois de plus qu'il est l'un des cinéastes les plus mésestimés de notre époque. Comment un auteur si talentueux et éclectique peut-il être autant en mal de reconnaissance ou plus simplement de financement ? Toujours est-il qu'en plus de rappeler que Colin Firth est l'acteur britannique le plus charismatique et le plus excentrique, il signe ici un film d'époque très contemporain que la justesse de l'écriture, la direction parfaite des acteurs et la beauté d'Irène Jacob rende à la fois familier et décalé. (4/5)

 

Eden Lake de James Watkins (Grande-Bretagne, 2008), sortie le 8 octobre 2008

Jenny est maîtresse d'école. Son petit ami et elle quittent Londres pour passer un week end romantique au bord d'un lac. La tranquillité du lieu est perturbée par une bande d'adolescents bruyants et agressifs qui s'installent avec leur Rottweiler juste à côté d'eux. A bout de nerfs, ces derniers leur demandent de baisser le son de leur radio. Grosse erreur !

 

A part faire courir (et bondir son décolleté) Kelly Reilly avant de la plonger dans une poubelle de merde, on ne peut pas dire que Eden Lake révolutionne le slasher. Il est ainsi amusant, entre autres incohérences, de se rendre compte que pendant une heure, l'héroïne se fait mal et se salit toute seule, sans jamais être en contact avec ses jeunes mais méchants assaillants. Heureusement, James Watkins a une idée derrière la tête, et alors que n'importe quel autre survival se serait arrêté en route, ou plutôt sur le bord de la route, lui, le fait continuer et glisser vers un contexte social et réaliste beaucoup plus troublant voire dérangeant. (2,5)

 

 


 

 

The Edge of Love de John Maybury (Grande-Bretagne, 2007)

L'histoire de deux couples : Caitlin Thomas et Vera Killick, deux jeunes femmes non-conformistes et pleines de vie, le mari de Vera William Killick, et le charismatique poète Dylan Thomas, qui aime les deux femmes. Promesses brisées, passion amoureuse, et trahison sur fond de guerre mèneront les protagonistes au bord du précipice.

 

Le réalisateur de The Jacket retrouve Keira Knightley pour un film d'époque, tandis que cette dernière retrouve donc le costume mais aussi au passage sa mère Sharman Macdonald au scénario. Des sous-sols embrumés aux rues bombardés, John Maybury fait avancer laborieusement son film entre le drame de guerre et l'histoire d'amour, avant qu'il n'apparaisse clairement qu'il s'agit d'autre chose. En effet, dès que la relation libertaire, voire libertine, de Keira Knightley et Sienna Miller se révèle être le vrai moteur du film, impossible de quoi serait fait l'avenir, le plan d'après. En arbitre, l'acteur Matthew Rhys tient enfin le haut de l'affiche et éclipse littéralement Cillian Murphy. (3/5)

 

Genova de Michael Winterbottom (Grande-Bretagne, 2008)

Suite à la mort de sa femme dans un accident de voiture, un homme s'installe en Italie avec ses deux filles. La ville de Gênes (Genova) aura une influence sur les trois personnages ; la cadette commence à voir le fantôme de sa mère, alors que l'aînée découvre la sexualité.

 

Drôle de bonhomme que ce Michael Winterbottom, jamais à l'abri de nous surprendre voire de nous épater comme avec ce Genova. Naturaliste, répétitif mais surtout envoûtant et vénéneux comme un Ne vous retournez pas de Nicolas Roeg, cet exil italien confirme tout le bien que l'on disait de Colin Firth trois paragraphes plus haut et révèle la jeune Willa Holland comme l'une des actrices les plus fascinantes de la nouvelle génération - pour ceux qui n'ont pas encore vu les dernières saisons Newport Beach. Un film simple, touchant et entêtant. (4/5)

 

 

 

Hunger de Steve McQueen (Grande-Bretagne, 2008), sortie le 26 novembre 2008

Prison de Maze, Irlande du Nord, 1981. Raymond Lohan est surveillant, affecté au sinistre Quartier H où sont incarcérés les prisonniers politiques de l'IRA qui ont entamé le "Blanket and No-Wash Protest" pour témoigner leur colère. Détenus et gardiens y vivent un véritable enfer. Lorsque la direction de la prison propose aux détenus des vêtements civils, une émeute éclate. A Raymond Lohan est  abattu d'une balle dans la tête. Bobby Sands, un autre détenu, s'entretient alors avec le père Dominic Moran. Il lui annonce qu'il s'apprête à entamer une nouvelle grève de la faim afin d'obtenir un statut à part pour les prisonniers politiques de l'IRA. Malgré les objections du prêtre, qui s'interroge sur la finalité d'une telle initiative, Bobby est déterminé : la grève de la faim aura lieu...

 

Tout ça pour ça. C'est un peu la réaction que l'on peut avoir à la vision du film couronné de la Caméra d'or au dernier festival de Cannes. Pas la peine de mentionner que Steve McQueen est un artiste contemporain avant d'être un cinéaste tant sa mise en scène maniérée le rappelle à chaque plan. Il y a pourtant de l'idée dans cette forme qui dépasse, transcende le fond, mais un plan-séquence après l'autre, une performance d'acteur après l'autre, le film finit par tourner en rond, par annuler son effet. Un comble pour une expérience qui se veut à n'en pas douter autre. (2,5/5)

 

La famille Suricate de James Honeyborne (Grande-Bretagne, 2008), sortie le 15 octobre 2008

Il était une fois, en Afrique australe, un bébé suricate répondant au nom de Kolo. Ce petit animal carnivore, malin et joueur, va devoir braver la sècheresse et de dangereux prédateurs afin de relever le plus grand défi de sa vie: retrouver ses parents, ses frères et ses soeurs. A travers sa touchante histoire, nous découvrirons aussi la lutte de son espèce pour survivre dans l'immense et somptueuse savane. Grâce à un langage vocal et tactile élaboré et à leur incroyable solidarité, qui rapprochent mystérieusement ces drôles de petits animaux de l'espèce humaine, vous découvrirez une famille... comme la vôtre !

 

Pour qui a vu la série Le clan des suricates (Meerkat Manor en VO) à la télévision ou en DVD, cette famille-là paraîtra sans intérêt et ennuyeuse. Bien que la voix douceâtre de Paul Newman permette de ne pas se perdre dans le désert aride du Kalahari, la « fictionnalisation » à outrance des aventures de Kolo ou le manque d'identification des différents suricates rendent le film juste regardable. Quand est-ce que Fleur, Mozart, Tosca et Shakespeare débarquent sur grand écran avec Meerkat Manor : The Story Begins ? (2/5)

 

 

 

 

Shadows in the Sun de David Rocksavage (Grande-Bretagne, 2008)

À la fin des années 1960, un mystérieux jeune homme solitaire fait irruption au sein d'une famille, et permet à ses membres de retrouver leurs racines, et faire resurgir la profonde affection qu'ils ont les uns pour les autres.

 

Malgré son nom qui claque, David Rocksavage n'est pas un violent, bien au contraire. Avec son second film en 15 ans, il signe une chronique familiale et bucolique dont le cinéma ne peut se passer. De belles images, une musique sautillante, des physiques parfaits, un papa maladroit, une leçon sur la vie... Insupportable donc. (1/5)

 

Somers Town de Shane Meadows (Grande-Bretagne, 2008)

Tout juste sorti de son foyer d'accueil, Tommo, 16 ans, fuit les Midlands pour se rendre à Londres. Marek, lui, vit avec son père, un ouvrier du bâtiment polonais porté sur la bouteille. Timide et sensible, le jeune Marek est passionné de photo et se sent mal à l'aise dans l'univers de son père. La rencontre inopinée de ces deux garçons un peu paumés dans le quartier de Somers Town à Londres les conduira à former une drôle d'alliance.

 

Après le marquant This is England, Shane Meadows retrouve la révélation Thomas Turgoose (aussi dans Eden Lake) pour une petite sucrerie d'à peine 1h10 en noir et blanc. Simplicité semble d'ailleurs en être le mot d'ordre, tant sur la forme que sur le fond. Voir ces deux gamins sans passé et surtout sans avenir prendre du bon temps, avoir toujours bon mot et profiter de ce que la vie a encore à leur céder fait un bien fou. On ne savait pas le cinéaste si léger et modeste, ce qui ajoute une saveur supplémentaire à ce film mais qui le rend aussi anecdotique malgré lui. (3,5/5)

 

 
 
 
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