Critique : L'Ami de la famille

Ilan Ferry | 5 mai 2007
Ilan Ferry | 5 mai 2007

Il est des films qui subtilement, échappent à la machine infernale de l'étiquette facile, rares et réjouissants OFNI du paysage cinématographique. L'ami de la famille est de ceux là. Derrière une apparente modestie, le film de Paolo Sorrentino cache une démesure qui n'a d'égale que son amour du cinéma et la volonté aussi farouche que sincère de toucher le public avec sa galerie de portraits pittoresques, terriblement attachants dans leurs défauts.

 

Du monstrueux Geremia, figure moderne du satyre à mi chemin entre le Joe Pesci des Affranchis et le Nino Manfredi d'Affreux, sales et méchants, à la farouche Rosalba, véritable fantasme de cinéma tout droit sortie d'un film de Fellini et interprété par la superbe Laura Chiatti, en passant par le taciturne cow-boy Gino, tous nous embarquent avec délice dans cette fastueuse parade de loosers magnifiques.

 

A la fois comédie romantique et drame, film noir et chronique de la misère humaine ordinaire, L'ami dans la famille témoigne d'une certaine prédilection pour la déconstruction des codes (narratifs et visuels),  nanti d'un côté punk et iconoclaste qui en fait toute sa singularité et dont la grande force réside dans son profond respect pour les genres auxquels il emprunte.

 

C'est paradoxalement dans ses mélanges contre nature que le film se révèle le plus touchant car ne sacrifiant jamais ses personnages sur l'autel de l'effet de style. Ainsi, derrière la frénésie d'une caméra qui ne tient jamais en place et un aspect plus expérimental que brouillon, se cache une réelle maîtrise du cadre et du rythme entièrement vouée à la cause de ses protagonistes. Le métrage de se permettre ainsi le luxe de jongler entre moments de pure poésie et scènes étonnamment outrancières avec une fluidité inattendue et jamais choquante, un peu comme si l'agitation de Terry Gilliam rencontrait la contemplation de Marco Bellochio sans jamais tomber dans la guimauve à la Gabriele Muccino.

 

Délicat et drôle, L'ami de la famille a tout du coup de cœur inattendu et représente en définitive un beau melting pot de cinéma doublé d'une certaine idée du spleen à l'italienne.

Résumé

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