Docteur Jones et les femmes

Lucile Bellan | 25 mai 2008
Lucile Bellan | 25 mai 2008

Indiana Jones et les femmes, c'est depuis toujours une sacrée histoire d'amour. Car à l'écran comme à la ville, le ténébreux et rassurant Harrison Ford incarne tout de l'idéal mascculin. Dans la trilogie et maintenant quadrilogie, l'attraction que les femmes subissent est un élément fondateur et caractéristique du personnage. Cette séduction lui permet d'être tout à fait sûr de lui et lui donne une petite touche attendrissante dans sa façon maladroite de gérer son succès. Des étudiantes en pamoison à l'université aux femmes qui l'accompagnent dans ses aventures (une par film), quelles sont donc les représentantes du « sexe faible » à l'écran et qu'apportent-elles à la légende ?

 

 

 
 
 

A l'origine, dans le bestiaire des adoratrices de l'aventureux professeur était Marion Ravenwood (Karen Allen). Dans Les Aventuriers de l'arche perdue, elle incarne une femme de caractère, tête brûlée et revancharde pour laquelle le beau Indy est prêt à se ranger des voitures. Seulement à trop vouloir être l'égale (plus physique qu'intellectuelle) du professeur, elle disparaît sans aucune autre forme de procès entre les deux premiers films et est vite remplacée par une autre, peut-être plus docile. Car trop de compétition nuit et à vouloir créer un mythe, il ne serait pas bon de lui asséner au premier film une alter ego féminine. De retour dans Le Royaume du crâne de cristal, Karen Allen se rappelle aussi à notre bon souvenir sur les écrans, car en dehors de sa participation à la saga, on ne peut pas dire qu'elle ait eu une carrière d'actrice retentissante. Quelques rôles à la télévision et des seconds rôles au cinéma ont ponctué sa carrière mais c'est dans un tout autre domaine qu'elle s'est aussi fait un nom, la création de vêtement de luxe, sur des métiers à tisser japonais, en production limitée. Son travail dans la partie est assez reconnu et elle possède même un atelier dans le Massachusetts depuis 2004.

 

 



 

C'est donc par Willie Scott (Kate Capshaw, qui pour l'anecdote est  la femme de Steven Spielberg depuis 1991 et avec qui elle a eu pas moins de cinq enfants, bien que seule sa première fille née d'une première union, Jessica Capshaw, soit  connue pour son rôle de procureur dans la série The Practice) qu'elle est remplacée dans Le temple maudit. Une chanteuse, danseuse de cabaret un brin évaporée, très décorative mais pas très classe. De la masculinité de Marion, on passe à son contraire une féminité exacerbée à la caricature. Séductrice, au moins autant qu'Indy, mais assez bruyante. On ne retiendra d'elle, en dehors de son fantastique numéro d'ouverture, que des cris stridents et les blagues de mauvais goûts qu'Indy partagera ave le petit Demi-Lune à ses dépends.

 

 


 

Après deux femmes « du coté des gentils », vient dans La Dernière croisade,  le tour de la venimeuse et enchanteresse Elsa Schneider (Alison Doody), l'égale intellectuelle d'Indiana, et d'une beauté éblouissante, mais du mauvais côté de la barrière. Ses accointances avec les nazis tuent dans l'œuf toute possibilité de relation avec l'archéologue. On notera par ailleurs qu'elle était aussi du goût d'Henri Jones senior (Sean Connery). Dans la vie, sa plastique irréprochable a fait d'Alison Doody une top model à succès, égérie de L'Oréal, mais que l'on a assez peu vu au cinéma, préférant privélégier sa carrière de mannequin puis de maman. Elle a ainsi refusé le rôle repris par Sharon Stone dans Basic Instinct ou plus récemment une place au casting du Seigneur des anneaux de Peter Jackson. Au mieux, il est possible de l'apercevoir dans des petites productions.


 
 


Pour donner corps à la légende, en hommage aux comics d'aventures des années 40 et des héros des films de l'âge d'or, on tirera donc comme conclusion qu'un peu de machisme ne nuit pas. Il est d'ailleurs un ingrédient indispensable. Comme il est impossible pour les femmes de détester Rhett Buttler, il est impossible de ne pas succomber au charme d'Indiana Jones. A la fois le talon d'Achille du personnage et ce qui le pousse irrésistiblement en avant, « ses » femmes, bien que clichées, existent vraiment à part entière dans les films et le cœur de l'aventurier. C'est pourquoi on retrouve dans Le Royaume du crâne de cristal, celle qui a su le mieux se faire respecter d'Indy, Marion Ravenwood, même si c'est au détriment des autres héroïnes. Car ce dernier film n'hésite pas à faire dire à Indy qu'elle ait la seule qui ait vraiment compté... Une réécriture qui manque un peu d'élégance, même pour notre Indiana Jones.

 

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