Critique : Chronique d'un scandale

Erwan Desbois | 15 février 2007
Erwan Desbois | 15 février 2007

Cate Blanchett devrait penser à tourner des films dans lesquels non seulement elle tiendrait le rôle principal mais où elle serait la seule et unique actrice. Cette Chronique d'un scandale dont elle partage la tête d'affiche avec Judi Dench ne lui vaut en effet que des nominations (Golden Globes, Oscars) pour le meilleur second rôle, la catégorie suprême étant monopolisée par sa partenaire. Le privilège de l'âge sans doute, puisque les deux femmes tiennent dans le film des rôles d'une importance équivalente – ce qui est à la fois une force (les deux actrices rivalisant de talent) et une faiblesse (il est plus difficile de développer correctement deux personnages qu'un seul).

De la naissance de l'amitié entre Barbara (Dench) et Sheba (Blanchett) jusqu'à la découverte de la relation adultère entre cette dernière et un élève de quinze ans, les premiers temps du film laissent ainsi présager du meilleur. S'y dévoile devant nos yeux un univers en apparence parfaitement réglé, car régi par des institutions solides (la famille, l'école) et mené par des individus de confiance – Barbara est sévère mais juste, Sheba est une enseignante enthousiaste et la mère exemplaire d'un enfant trisomique. Cette quiétude n'est bien sûr que superficielle, et le script pointe avec perfidie les fissures ne demandant qu'à se creuser de chacune des héroïnes.

Solitaire, Barbara cherche une meilleure amie – et peut-être plus. Exaltée, Sheba aspire à autre chose qu'à la terne routine de la vie d'épouse sage. Mais quand les deux femmes font exploser les rôles que la société cherche à leur imposer (Sheba en couchant avec son élève, Barbara en devenant la confidente de sa collègue et en la manipulant), le film hésite à les suivre franchement dans cette entreprise de démolition. En ne choisissant de privilégier aucun personnage par rapport à l'autre, il les sacrifie tous les deux en ne les observant que superficiellement et en prenant alors le risque de la caricature. Du coup, et à l'exception de trop rares séquences, tout cela reste trop sage dans la description des faits pour distiller plus qu'un vague trouble – bien loin de ce que faisait par exemple Harry, un ami qui vous veut du bien sur un sujet similaire de vrai-faux ami manipulateur.

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