Reeker : critique

Ilan Ferry | 27 janvier 2006 - MAJ : 26/03/2019 12:32
Ilan Ferry | 27 janvier 2006 - MAJ : 26/03/2019 12:32

Chaque année apporte son lot de petits films sortis de nulle part créant la surprise au cours d'une année cinématographique trop sage. Avec un titre aussi mystérieux que son histoire, et précédé d'une réputation des plus flatteuse Reeker avait tout pour rentrer dans cette catégorie. Hélas comme on le dit trop souvent ici, les meilleurs intentions ne font pas forcément les meilleurs films et le slasher fantastico-mystique de Dave Payne ne déroge pas à la règle.

Après une scène d'introduction aussi efficace que prometteuse, Reeker s'aventure sur le terrain ô combien glissant du slasher avec twist final à la clé et multiplie fausses pistes et effets chocs pour mieux égarer le spectateur dans une intrigue de plus en plus confuse malgré un postulat de départ simplifié au possible (cinq jeunes perdus en plein désert disparaissent un à un). Dave Payne ne semble se contenter ni de son cadre (le désert) ou de son ambiance et dissémine ici et là des éléments fantastiques, comme autant de clés nécessaires à la compréhension d'une intrigue dont le spectateur aura déjà deviné le dénouement au bout d'une heure.

 

 

À l'image d'un Saw , Reeker ne voudrait exister que pour son twist final mais tombe dans son propre piège à force de vouloir inutilement balader le spectateur dans les méandres de son histoire tortueuse. Événements étranges et autres manifestations paranormales se succèdent ici de manière totalement gratuites et rendent la démarche du réalisateur de plus en plus obscure. De fait, si le spectateur se laisse un moment prendre au jeu, il a tôt fait de démêler les fils de l'intrigue et son intérêt retombe une fois les différentes pièces du puzzle assemblées, la faute en incombe à un réalisateur qui disperse les indices avec la subtilité d'une horde d'éléphants, convaincu de se supériorité sur un public qui a déjà une longueur d'avance sur lui.

Dommage cependant que le film reste trop replié sur lui-même tant il possède certaines qualités inhérentes à son entêtement à vouloir à tout prix duper son public. Ainsi contrairement à son illustre modèle (Saw pour ceux qui n'auraient pas suivi !!) Reeker se démarque par un traitement « fun » laissant une large place à un humour décomplexé digne d'un ado attardé mais renforçant le capital sympathie de l'ensemble. Boosté par une réalisation et un montage dynamique, l'ensemble demeure visuellement intéressant et fait preuve par moments d'une réelle inventivité et s'avère plaisant pour peu qu'on se laisse emporter par cette esbroufe. Cependant malgré ce bel emballage, Reeker se rapproche plus du pétard mouillé.

 

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