Critique : Le Boss

Ilan Ferry | 11 janvier 2006
Ilan Ferry | 11 janvier 2006

Entre le buddy movie et le cinéma c'est une longue et grande histoire d'amour aussi bien dans nos contrées (du duo Campana/Perrin de la Chèvre de Francis Veber à Gomez et Tavarès, soit des films à la qualité variable) qu'outre Atlantique où le genre a été élevé au rang de tradition nationale. Preuve supplémentaire en est avec ce Boss qui nous propose, un duo inédit composé de Samuel L. Jackson et Eugene Levy. Réalisé par Les Mayfield, tâcheron du cinéma américain à qui l'on devait déjà l'honnête Flubber avec Robin Williams et le nullissime Flic de Haut vol mettant en vedette Martin Lawrence, Le Boss repose sur un postulat aussi invraisemblable que son couple vedette : un candide représentant (Eugène Levy) est pris par erreur pour un trafiquant d'armes et doit faire équipe malgré lui avec un agent fédéral aux méthodes peu orthodoxes (Samuel L. Jackson), les deux hommes étant aux antipode l'un de l'autre, l'aventure s'annonce des plus mouvementée.

Le cinéma américain nous a déjà maintes fois fait le coup du flic trop zélé faisant équipe avec la pipelette de service,que ce soit pour le meilleur (48 heures de Walter Hill) ou pour le pire (Rush Hour et sa suite désastreuse) à la différence près qu'ici la grande gueule n'est plus un petit black excité de la joute oratoire, mais un blanc bec cul serré tout aussi agaçant et bavard, le flic bourru et sérieux comme un pape changeant ici de couleur pour prendre les traits de Samuel L. Jackson. De là à dire que la comédie de Les Mayfield tourne le dos aux clichés il n'y qu'un pas que nous nous garderons bien de franchir tant ce dernier ressemble à bien d'autres films du même genre. Relégué au second voire au troisième rang, l'intrigue policière sert, comme dans tout « bon » buddy movie qui se respecte, de prétexte à la rencontre de deux éléments antagonistes qui, chemin faisant, vont apprendre à s'apprécier. Si le film ne propose rien de nouveau à ce niveau, remplissant par là même un cahier des charges déjà préétabli par les films précédemment évoqués, force est de constater que cette condition sine qua non (aussi futile soit-elle) se trouve bien mal exploitée et ne tire presque jamais avantage du décalage créé par son quiproquo de départ (le timide représentant prit pour un dangereux criminel).

Pourtant, si l'ensemble fonctionne partiellement, réussissant à nous décrocher ici et là quelques sourires, c'est avant tout grâce à la prestation de Eugene Levy hilarant en poisson hors de l'eau et l'aspect loufoque qui se dégage de son duo avec un Samuel L. Jackson égal à lui-même c'est-à-dire imposant ! Leurs premiers échanges ne manquent pas de piquant et laissent présager de grands moments d'anthologie avant de retomber complètement à plat dans une deuxième partie aux gags aussi éculés que scabreux. En définitive, Le Boss est la preuve même qu'un film peut tout à fait se reposer entièrement sur sa bonne idée de casting, encore faudrait il que celle-ci soit correctement exploitée.

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