Critique : PTU

Patrick Antona | 3 octobre 2005
Patrick Antona | 3 octobre 2005

Devenu le chantre du polar « made in Hong-Kong » et ce, depuis The longest nite (en tant que producteur), Johnny To confirme avec PTU qu'il sait très bien maitriser son sujet quand il s'agit de traiter une histoire linéaire, dans un espace et un temps limité, tout en ménageant surprises et rebondissements.

Véritable tour de force utilisant de manière subtile le respect des trois règles, unité de temps (la nuit), unité de lieu (les bas-fonds HK), unité d'action (la poursuite), PTU est, à l'image de Breaking news, son petit dernier sorti sur nos écrans, à la fois un exercice de style virtuose et violent, mais aussi une réflexion sur la dualité truand / flic et sur la difficulté de respecter les lois tout en essayant de les faire appliquer. Mais loin de se focaliser uniquement sur la lutte entre les truands et les agents du corps d'élite PTU, Johnny To complique la donne en y ajoutant flics en civils un peu paumés et gangsters des triades soucieux de maintenir « leur » ordre. Cette chasse, dont le fil rouge est ce flingue égaré bêtement, se muera en une espèce de chassé-croisé mortel où chaque camp se jaugera, s'alliera, se percutera l'un à l'autre jusqu'à l'affrontement final, sous-tendu pendant toute la durée du métrage, qui clôturera cette « nuit des rois » urbaine de manière brutale et surprenante ! Cette conclusion laissera planer comme un parfum d'ambiguïté donnant alors tout son cachet à un film qui prend alors forme de réflexion sociale.

Jouant à fond sur l'ambiance du pavé hongkongais et sur la musique électrique de Chung Chi-Wing, Johnny To nous ménage quelques moments particulièrement éprouvants (la scène-choc des cages) sans oublier de se recentrer sur l'humain, permettant à PTU d'être plus qu'un simple film de poursuite. C'est aussi grâce à son duo d'acteurs talentueux que le film tient sa réussite. Si Simon Yam (Une balle dans la tête, The mission mais aussi Naked killer) assure pleinement dans son rôle de chef de police viril, loyal mais dont certains principes vont être mis à rude épreuve, c'est Lam Suet qui est la révélation du film. Habitué de la filmographie de Johnny To (The mission, Running out of time 1 & 2, Fulltime killer), il laisse pour une fois de côté sa place d'éternel second couteau pour enfiler avec talent le costume du flic malchanceux et gaffeur, sans jamais tomber pour autant dans le ridicule, et se révèle, in fine, l'un des rouages essentiels du drame qui se noue. Ruby Wong, encore une régulière des films de Johnny To, assume la touche féminine dans un casting quasi-masculin, certes dans un rôle plutôt décoratif de femme flic mais qui aura aussi sa part d'action au final.

Si on peut noter quelques redondances au niveau des péripéties, certains personnages secondaires, les truands en particulier, auraient également gagné à être plus fouillés et moins caricaturaux (défaut qui sera corrigé dans Breaking news), PTU fait quand même partie des œuvres majeures du « Michael Mann » chinois. À la fois film choral et film d'action, maîtrisé de bout en bout par son réalisateur (les acteurs apprenaient leur rôle sur l'instant et n'avaient pas accès au scénario global !), il démontre que pour l'instant encore, au niveau du polar, le soleil se lève à l'est.

Résumé

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(0.0)

Votre note ?

commentaires
Aucun commentaire.
votre commentaire