The Island : Critique

Erwan Desbois | 26 juillet 2005
Erwan Desbois | 26 juillet 2005

Après ses épopées pompières et patriotiques (Armageddon, Pearl Harbor) et la bouillie filmique que fut Bad boys 2 – et qui représente, en un sens, la « quintessence » de son cinéma –, Michael Bay avait annoncé haut et fort que ça y est, promis, il avait grandi et allait faire un long-métrage mature sur un sujet sérieux : le clonage (on ne vous dévoile rien, c'est annoncé en grande pompe dans la article-details_c-trailers). 

Et force est de constater que la première partie du film fonctionne étonnamment bien, même avec son twist final dégonflé. Sans génie (une bonne partie des idées et concepts sont allègrement pompés sur THX 1138 et L'âge de cristal) mais avec efficacité, Bay parvient à construire un univers cohérent avec cette société du futur où tout est trop lisse et trop parfait pour ne pas cacher quelque chose. On se prend d'autant plus volontiers au jeu que, contre toute attente, le réalisateur met en boîte quelques scènes paranoïaques du plus bel effet lorsqu'il s'agit de dévoiler le pourquoi et le comment de l'existence des clones, en particulier un accouchement traumatisant à souhait.

 

 

Une fois échappé de ce cocon faussement protecteur en compagnie de ses deux héros, Michael Bay retombe sur ses deux pattes : des scènes d'action à tout va et Steve Buscemi. Tous deux font ce que l'on attend d'eux, Buscemi réalisant son classique et réjouissant numéro d'acteur (les meilleures répliques du film sont pour lui) et les choses qui doivent exploser explosant jusqu'à nos rétines et nos tympans. Bay est toutefois moins inspiré que par le passé, puisqu'en plus d'aller piocher ses idées dans tous les films de science-fiction des dix dernières années ou presque (Matrix, Minority report, Vanilla sky…), il en est même réduit à s'auto-plagier pour la traditionnelle poursuite en voiture. Celle-ci fait en effet fortement penser à celle de Bad boys 2 – pour un résultat moins trash mais tout aussi jouissif et dévastateur.

 

 

S'il est donc toujours un gamin dans l'âme (je casse mes jouets et je filme ça en courrant partout et en secouant la caméra qu'on m'a offerte), Michael Bay a toutefois grandi sur un point : il a découvert l'existence des filles en temps qu'objet de désir et pas seulement de blagues pré-pubères. Ainsi, si Ewan McGregor prend la place laissée vacante par Will Smith, le scénario ne l'associe pas à un gros lourd du style Martin Lawrence mais à la toujours sublime Scarlett Johansson. Tout le monde y gagne au change, y compris Bay qui en profite pour caler entre deux explosions une scène de sexe sur le thème du dépucelage qui comprend tous les clichés du fantasme adolescent basique.

 

 

Après ces deux premiers actes très différents mais également réussis dans leur domaine et qui bénéficient de quelques touches d'humour bien senties (dont une pour chacun des deux interprètes principaux), le film trébuche malheureusement dans la dernière ligne droite. En plus d'être bâclé (comprendre : monté encore plus « cut » qu'avant), le dénouement du film passe à côté de ses développements les plus prometteurs et fait de The island le I, robot de 2005 : un blockbuster honnête et sans âme, qui remplit son contrat de divertissement mais devrait s'oublier assez rapidement.

 

 

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