Critique : The Coast guard

Stéphane Argentin | 31 août 2004
Stéphane Argentin | 31 août 2004

Avant Printemps, été, automne, hiver… et Printemps, Kim Ki-duk avait puisé dans son propre passé militaire pour aboutir à Coast Guard, ou comment démontrer toute l'absurdité du protectionnisme de la Corée du Sud alors même que la guerre froide est terminée depuis bien longtemps. Une idée de départ illustrée par les villageois locaux, rembarrant les soldats à chacun de leur passage, et dont l'un d'eux, pour une escapade nocturne frivole avec sa compagne, fera les frais. Et si à priori les deux films n'ont rien en commun (une maison isolée sur un lac en pleine nature d'un côté, une base militaire côtière de l'autre), ils suivent en réalité une courbe de progression qui, bien qu'inverse, comporte plusieurs points de rencontre.

Dans Printemps, été, automne, hiver… et Printemps, le jeune moine tend vers la sagesse spirituelle bouddhique au fil de ses erreurs (le cynisme animalier quand il est enfant, la tentation de la chair à l'adolescence, et le crime à l'âge adulte), en vue de prendre la place de son maître afin que le cycle se perpétue. Dans Coast Guard, et selon une approche antinomique à Ki-duk, le quotidien du militaire ne peut que le conduire, à un moment ou un autre, à commettre une erreur entraînant sa chute. Une descente aux enfers tout d'abord psychologique – démence, obsession du retour au service actif, comme si l'instinct du guerrier ne pouvait s'éteindre –, avant de devenir physique, avec la conclusion. Un esprit et un corps faibles dans cette œuvre de Ki-duk, où la tentation de la chair et la punition sont à nouveau au tout premier plan (l'exercice physique dans Coast Guard, l'écriture de mantras dans Printemps, été, automne, hiver… et Printemps). Et si, une fois encore, le réalisateur choisit d'illustrer cette progression par une lenteur nécessaire (bien qu'un peu pesante), Coast Guard n'en demeure pas moins un parfait complément à Printemps, été, automne, hiver… et Printemps, ne serait-ce que pour se faire une idée plus précise de l'univers thématique que Kim Ki-duk se contruit film après film.

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