Battlestar Galactica - Saison 3

Stéphane Argentin | 20 septembre 2007
Stéphane Argentin | 20 septembre 2007

Pour beaucoup (une majorité), la troisième saison de Battlestar Galactica est la plus faible d’une série à la qualité jusque-là grandissante au point de devenir l’une des créations télévisées les plus réussies de toute l’histoire du petit écran. À sa décharge, il faut reconnaître qu’après une deuxième saison aussi prodigieuse dans son ensemble que renversante dans son dénouement, la barre avait été placée particulièrement haut.

 

Le premier tiers de cette troisième saison parvient malgré tout à égaler ce niveau d’excellence avec une réappropriation du thème séculaire de la dualité « résistants / collabos » en période d’occupation ennemie, poussant même la réflexion jusqu’à s’interroger sur la légitimité des attentats-suicides en de telles circonstances. Ou quand Battlestar Galactica, fidèle à elle-même, se fait l’écho d’une actualité ô combien brulante (l’occupation de l’Irak par les troupes américaines). S’ensuit l’un des plus grands moments de fiction télévisée de tous les temps : la libération, attendue (on imaginait mal toute la saison stagnant sur le même sujet), des humains de New Caprica du joug de leur occupant Cylon. Véritable morceau de bravoure, le double épisode en question (Exodus) a terminé, à juste titre, en première place du top 50 des meilleurs épisodes de séries télé 2006 chez notre confrère The Futon Critic.

 

C’est après ce grand moment de Télévision (avec un « T » majuscule) que, pour les détracteurs préalablement cités, les choses vont commencer à se corser. Pas immédiatement car la série va d’abord prendre le temps de s’attarder sur les répercussions (in)directes de cette occupation / libération : jugements pour crime contre l’humanité, lynchages… ou quand Battlestar Galactica se réapproprie une nouvelle fois les grands pans de l’Histoire (avec un « H » majuscule). Non, ce n’est vraiment qu’au cap de la mi-saison que l’intensité narrative retombe. Alternant les intrigues de part et d’autre des deux camps (humains et Cylons), la série va s’aventurer sur des chemins ô combien hasardeux avec, entre autres, Baltar dans des délires érotiques (fantasmés ?). Mais après tout, comment lui en vouloir puisqu’il est entouré des belles plantes Tricia Helfer et Lucy Lawless ?

 

Pendant ce temps-là, côté humains, on picole (Starbuck et Saul en lisse pour le titre de « meilleure descente » de la flotte), on revendique (Chief Tyrol en chef syndicaliste improvisé, ou quand les petites gens se rebellent et que tout le système s’écroule), on discrimine (les Sagittarons comme espèce marginale, ou quand l’accès au système de santé n’est pas le même pour tous), et on se cogne dessus (un tournoi de boxe prétexte aux règlements de comptes personnels) avec néanmoins toujours le même objectif en tête : trouver le chemin en direction de la Terre Promise. Un chemin qui conduira les scénaristes à nous dévoiler, in fine, le faciès de quatre nouveaux Cylons à apparence humaine, mais aussi, en résonnance au régime de Vichy revisité en début de saison, à s’interroger une nouvelle fois sur la légitimité de telles régimes et de leurs dirigeants au cours d’un procès final de haute volée. Ou quand de tels dirigeants sont finalement placés là sur décision du peuple (Baltar avait été élu à la majorité en fin de deuxième saison grâce à sa campagne où il prônait précisément une installation sur New Caprica) et servent ensuite de bouc-émissaire. De là à y voir une transposition d’un autre homme politique (Saddam Hussein) placé à la tête d’un pays (l’Irak) par les services secrets américains avant d’être ensuite débouté du pouvoir par ces mêmes organisateurs, il n’y a qu’un pas (l’ex-Président irakien a été exécuté le 30 décembre 2006, soit en plein milieu de la diffusion de la troisième saison de la série).

 

La douzaine d’épisodes menant de la libération à ce procès aura eu quelque peu tendance à louvoyer en chemin dans un tout, certes moins consistant dans sa vision d’ensemble, mais toujours aussi pertinent en tant qu’écho de l’Humanité et de son Histoire, passée comme présente. À ce titre, la troisième saison de Battlestar Galactica s’inscrit donc dans la parfaite continuité thématique de la série. Quant à la trame principale tant décriée, gageons que les scénaristes sauront désormais redresser la barre au cours d’une quatrième et très attendue dernière saison (cf. news).

 


  

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