Gabrielle Union (Bad boys II)

Didier Verdurand | 2 juin 2005
Didier Verdurand | 2 juin 2005

Gabrielle Union est surtout connue aux États-Unis pour avoir tenu tête à Kirsten Dunst dans American girls (Bring it on, 10 millions de dollars de budget, 68 millions de recette en Amérique du Nord), et avoir été le premier personnage afro-américain à tourner la tête de l'un des Friends, dans la quatrième saison (enfin plutôt de deux Friends, puisqu'il s'agissait de Ross et Joey !). En décrochant le rôle principal féminin dans Bad boys II, sa notoriété va enfin franchir les frontières, et, face à l'hégémonie en matière de star noire d'Halle Berry, voilà une bonne nouvelle ! Vive la concurrence, surtout aussi charmante !

Ainsi, vous avez été pom-pom girl !
Oui, mais je n'étais pas très bonne ! À l'université, j'ai pratiqué beaucoup de sports, comme le foot et le basket. Je ne m'étais pas vraiment intéressée aux pom-pom girls avant d'en interpréter une. Il faut de la force, de la souplesse, de l'agilité… J'aime bien pousser à l'extrême les limites de mon corps. Il y en avait des vraies dans American girls, et il a fallu me rapprocher de leur niveau en deux semaines, et ça n'a pas été une mince affaire.

Pour la première fois dans votre carrière, vous avez un rôle dans un film qui n'est conçu essentiellement ni pour le public « black », ni pour le public blanc.
C'était une opportunité que je ne pouvais laisser passer. C'est la première fois qu'une production hollywoodienne, dont aucun des quatre personnages principaux n'est un Blanc américain, bénéficie d'un budget si énorme. Et derrière, il y a le marketing, la promo à l'étranger… Je n'avais jamais connu une sortie d'une telle ampleur. Les films destinés principalement au public black jouent dans une autre cour.


Y a-t-il alors une pression parfois pesante ?
En l'occurrence, sur Bad boys II, pas le moins du monde. Will Smith et Martin Lawrence sont de grandes stars, et comme ils sont très drôles, ils instaurent une ambiance très sympa, en débitant blague sur blague, et, je précise, sans l'aide de boissons alcoolisées ! Vous pouvez mal tomber, vous sentir piégé si la star avec qui vous travaillez n'est pas aussi agréable.

Des scènes ont-elles été particulièrement difficiles à tourner ?
Oui, la scène de poursuite en voiture. Je suis une conductrice nulle, et je porte habituellement des lunettes quand je suis au volant. Hélas, pas mon personnage ! J'ai eu plusieurs accidents, je pleurais, je tremblais, c'était incroyablement difficile pour moi. Et puis il y en a une, sur la plage, où je suis dans l'eau avec Jordi Mollà, que nous avons tournée plusieurs fois. La chaleur était écrasante, le soleil tapait, et la couleur de ma peau changeait ! Nous avons totalement improvisé, Michael Bay changeait les dialogues à chaque scène, on devait les traduire à Jordi, on recommençait, les crabes tournaient autour… Je crois qu'on voit à l'écran que ma peau en a pris un coup. (Rires)


Vous avez signé pour un éventuel Bad boys III ?
D'une manière générale, les comédiens évitent de signer ce genre de clause dans le contrat, pour gagner plus d'argent par la suite ! Cela dit, j'adorerais tourner dans un Bad boys III, s'il se fait un jour, car être dans le 2 a été la plus extraordinaire expérience professionnelle de ma carrière.

Sur des sites web de fans, il est dit que vous êtes née en 1972, et sur imdb.com, le site absolu de référence, c'est en 1973 !
Je suis au courant et cela ne me dérange absolument pas qu'imdb me rajeunisse d'un an !

Vous pensez que la situation des comédiennes noires aux États-Unis a changé depuis qu'Halle Berry a obtenu un oscar ?
Son oscar a été pour nous une source de fierté et d'inspiration. La communauté noire a espéré que cela lui ouvrirait des portes, mais ça n'a pas été aussi simple. Halle a eu des propositions qu'elle aurait d'ailleurs dû avoir bien avant son oscar. Son rôle dans le James Bond a probablement été plus déterminant pour nous, car Hollywood s'est aperçu qu'un film avec une femme noire pouvait rapporter plus de 400 millions de dollars sur la planète. Les studios recherchent donc des clones d'Halle ! Ma présence dans Bad boys II n'est pas étrangère à son succès.

Le racisme est-il toujours très présent à Hollywood ?
Bien sûr. Chez ceux qui ont le pouvoir de contrôler cette institution, car ils sont âgés, et n'ont pas idée de ce que pensent les jeunes générations, qui ont de nouvelles valeurs. La jeunesse est beaucoup plus ouverte aujourd'hui, et moins raciste. J'ai été à Madrid, Londres et Munich pour la promo de Bad boys II, et c'était spectaculaire de voir comment le public acclamait Will Smith. Il y avait des milliers de personnes aux premières. L'explosion du hip-hop est aussi utile pour casser des barrières. La communauté noire est évidemment très soudée. Tout le monde se connaît, c'est comme si nous faisions tous partie d'une université. La reine de la promotion et son roi sont Halle Berry et Will Smith ! Car il y a une hiérarchie, comme partout.


Qu'avez-vous appris avec Will Smith ?
Surtout de bien considérer les gens, de bien les traiter. C'est parce qu'il montre qu'il respecte différentes cultures qu'il bénéficie d'une immense cote de sympathie auprès du public. Il n'y a pas que les États-Unis, il faut voyager, découvrir d'autres modes de vie ou de pensée !

Comment vous différenciez Will Smith et Martin Lawrence ?
Ils sont hilarants tous les deux. Je les comparerais respectivement à Dean Martin et Jerry Lewis, ils n'arrêtent jamais de blaguer. L'humour de Martin est plus visuel que celui de Will.

Quel est le vice principal qui se cache derrière votre air angélique ?
Ma mère dirait que ce n'est pas bien de ne pas aller chaque semaine à l'Eglise, que je devrais me confesser tous les dimanches ! (Rires) Je dirais plutôt que j'ai tendance à bien boire lors de fêtes ! Mais pas de tabac, et pas de drogues !

Vous aimeriez chanter un jour ?
Le problème, c'est que je ne sais pas chanter ! Quand on fait des karaokés entre amis, ils ne veulent pas m'écouter chanter ! Donc je vais laisser cela à des professionnels. Il n'y a rien de déshonorant dans le fait d'être bon dans un seul domaine, la comédie ! Certains ne devraient justement pas trop s'éparpiller, et se concentrer sur un seul métier.

Propos recueillis par Didier Verdurand en octobre 2003.

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