Bande originale : Lost in translation

Coralie Bru | 18 août 2005
Coralie Bru | 18 août 2005

Si Lost in translation est resté une œuvre bien mystérieuse pour vous et que vous auriez aimé avoir plus d'indices sur ce qui unit la jeune Charlotte et le blasé Bob, cette bande originale est faite pour vous. Elle en dit en effet plus que ce que suggère le film, notamment dans le deuxième morceau City Girl de Kevin Shields, composé essentiellement de « I love you, I do ». Alors voilà, on croit être fixé. C'est bien d'amour que le film traite, en premier plan. La chanson portée par la voix pure et envoûtante de Shields est plutôt claire. Mais c'était sans compter sur le mystère du reste de l'album qui avec son mélange de chansons et d'interludes purement instrumentaux noie la trame simple dans des ambiances étranges, à l'image du vertige que ressentent les deux protagonistes perdus dans le grand Tokyo.

Seulement cinq chansons sur cette bande originale, et autant de chanteurs à la voix légèrement éraillée, comme soumise à un décalage horaire. Mis à part le « punchy » Too Young de Phœnix, qui rappelle la soirée un peu arrosée de Charlotte et Bob dans un appartement de Tokyo, tous les morceaux sont soumis à une agréable sourdine qui les rend doux à l'oreille et participe à l'harmonie parfaite de cet album. Même les paroles en japonais passent sans qu'on y prête plus particulièrement l'oreille (Kaze Wo Atsumete du groupe Happy end), comme si on s'habituait à ne pas tout suivre, à juste laisser couler la musique et le son des voix sans essayer de comprendre. Pour cela on salue la très bonne sélection opérée par Brian Retzell, également auteur de deux morceaux (les très beaux On The Subway et Shibuya) et déjà superviseur de la musique pour Virgin suicides. Kevin Shields, auteur de la plupart des morceaux et membre fondateur du groupe My Bloody Valentine, aussi présent sur l'album avec Sometimes, offre la musique la plus aérienne de cette compilation. Il est donc difficile de faire ressortir des morceaux en particulier, tant leur enchaînement parfait en fait une longue musique planante, mais on saluera quand même le magnifique Ikebana, qui paraît tout laisser en suspension pour un temps, et qui invite à la contemplation.
Enfin, deux grands noms sur la jaquette de cette bande originale qui fait résolument honneur au magnifique trouble et à la grande tendresse laissés par le deuxième opus de Sofia Coppola : Air, qui avaient déjà signé la bande originale de Virgin Suicides (dont vous pouvez pouvoir la critique ici) pour Alone in Tokyo, et Death in Vegas pour le puissant Girls, qui, même s'il fait partie des instrumentaux, utilise avec génie un chœur de femmes pour chantonner une mélodie d'une simplicité déconcertante. Essai confirmé, donc, pour Brian Retzell, qui semble capter les atmosphères des films de Sofia Coppola comme personne. À écouter et à réécouter, à volonté, jusqu'à ce que dépaysement s'ensuive.

Tracklisting :

1. Intro
2. City Girl (Kevin Shields)
3. Fantino (Sebastien Tellier)
4. Tommib (Squarepusher)
5. Girls (Death In Vegas)
6. Goodbye (Kevin Shields)
7. Too Young (Phœnix)
8. Kaze Wo Atsumete (Happy End)
9. On The Subway (Brian Reitzell & Roger J. Manning Jr.)
10. Ikebana (Kevin Shields)
11. Sometimes (My Bloody Valentine)
12. Alone In Kyoto (Air)
13. Shibuya (Brian Reitzell & Roger J. Manning Jr.)
14. Are You Awake ? (Kevin Shields)
15. Just Like Honey (The Jesus & Mary Chain)

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