Bande originale : Last Days

Coralie Bru | 1 juin 2005
Coralie Bru | 1 juin 2005

Au moment de sa première collaboration avec Gus Van Sant, Michael Pitt commençait déjà à gratter la guitare façon Kurt Cobain. Le temps que l'idée du film Last Days mûrisse, le jeune américain aux yeux perdus et aux cheveux sales de toute star du grunge qui se respecte a pu progresser, et la BO de Last Days est l'occasion de profiter de ses compositions douloureuses. Même si on a souvent tendance à associer à l'excès les acteurs et le personnage qu'ils interprètent, le bouche-à-oreille a cette fois raison. Il y a bel et bien de la graine de chanteur de rock derrière les yeux bleus piscine de Michael, dont le timbre de voix est d'une ressemblance troublante avec celui de Kurt Cobain (au risque de me mettre à dos tous les fans convaincus de Nirvana). L'écoute de « Death to Birth », balade en forme de lettre d'adieu aux paroles d'une tristesse mortelle (en particulier le message It's a long lonely journey from death to birth qui sert de refrain), devrait convaincre jusqu'aux plus dubitatifs. Reste que Michael Pitt devra, encore plus après ce film, prouver qu'il peut se détacher de l'image de Kurt Cobain qui risque de lui coller pour de bon à la peau. On attend donc la sortie prochaine du premier album de son groupe Pagoda House of worship avec une impatience mêlée de crainte.

Les morceaux marqués du nouveau label de qualité « Michael Pitt » ne doivent pas pourtant faire de l'ombre aux grands noms appelés en renfort pour cette bande originale, comme les Velvet Underground dont l'apparition derrière un nuage d'opium pour « Venus in Furs » ne laisse pas de marbre. On remercie par ailleurs Gus Van Sant de s'être associé à Thurston Moore de Sonic Youth pour la musique « pour éviter qu'on se ridiculise » selon ses propres termes, et pour les deux morceaux plus hard, d'avoir laissé travailler The Hermitt. Si dans le film la musique est finalement moins utilisée que ce qu'on aurait pu attendre au regard du thème, on se rend donc compte de toute son importance quand on écoute la bande originale, reflet parfait des différentes ambiances de l'errance du chanteur – de la totale perte des repères au désespoir.

À l'opposé de ces bonnes nouvelles, il faut tout de même mentionner la mauvaise blague de ce CD – ou le coup bas au choix –, qui montre à quel point parfois les bande originales pèchent par leur incohérence. Oui, on veut bien revivre le film avec sa musique mais le « Believe » de Tenlons fort, sorti tout droit d'un passé de boys band révolu, fait mal aux oreilles. C'est finalement là un exemple extrême de ce qu'est la dernière partie de cette bande originale. Les chœurs et les chants psalmodiés de Hildegard Westerkamp n'aident pas à rattraper l'intérêt de cette partie. La musique concrète, soit une branche de musique expérimentale à base de sons naturels, avait été utilisée par Gus Van Sant dans le film pour transcrire au mieux le trouble de l'esprit de Blake. Mission réussie à la perfection dans le film mais force est de constater qu'on se laisse peut envahir par ces sons de cloche sans le support du long-métrage.

Posologie : A écouter en entier exclusivement pour se remémorer le film, sinon se contenter des neuf premières chansons.


Track listing

1. PAGODA - Death to Birth
2. VELVET UNDERGROUND - Venus in Furs
3. MICHAEL PITT - That Day
4. THE HERMITT - A Pointless Ride (Version Studio)
5. PAGODA - Fetus
6. MICHAEL PITT - Death to Birth
7. THE HERMITT - Seen As None
8. MIRROR/DASH - Electric Pen
9. UNTITLED - Lukas Haas
10. TENLONS FORT-Believe
11. THE KING'S SINGERS - La Guerre
12. HILDEGARD WESTERKAMP - Türen der Wahrnehmung (Doors of Perception)

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