Dead zone - Saison 1 à 5

Stéphane Argentin | 24 février 2007
Stéphane Argentin | 24 février 2007

Au tournant du millénaire, l'époque n'est guère propice à la science-fiction, notamment sur petit écran où la série phare des années 1990 en la matière, la bien nommée X-Files (1993-2002), vit ses dernières heures. Il faudra ensuite attendre 2004/2005 et des séries telles que Les 4400, Medium, Ghost whisperer et, dans un registre quelque peu à part, Lost, pour que le genre renaisse de plus bel. C'est dire si, lorsqu'elle débarque sur la chaîne câblée américaine USA Networks au cours de l'été 2002, la série Dead zone ne tombe pas vraiment au meilleur moment pour un genre alors en jachère.

C'était toutefois sans compter sur l'aura de l'auteur du roman originel, Stephen King, l'un des romanciers les plus adaptés à l'écran (avec plus ou moins de réussite) depuis Carrie en 1976, et sur le talent des deux créateurs du show, Michael Piller et son fils Shawn, qui cumulent déjà de nombreuses heures de vol dans le milieu télévisuel, notamment en temps que scénaristes / producteurs sur les séries Star trek : The next generation, Deep space nine et Voyager.

Pour rappel et/ou pour ceux qui ne seraient pas encore familier avec son intrigue, Dead zone suit les aventures de Johnny Smith, un professeur qui, après six années de coma, découvre à son réveil que sa fiancée s'est mariée, qu'il a un fils et surtout qu'il est désormais doté de dons de voyance par simple contact physique avec une personne ou un quelconque artefact. Une faculté qui serait apparemment due aux séquelles du coma dans une zone dite « morte » du cerveau (d'où le titre « dead zone », soit « zone morte » en français, CQFD).

 

 

Saison 1 : 7/10
Le pilote de la série (un double épisode) suit peu ou prou l'intrigue du roman de King et de la première adaptation en long-métrage par David Cronenberg en 1983 avec Christopher Walken dans le premier rôle. À l'image de Johnny au cours de cette entrée en matière, la série cherche alors sur quel pied danser au cours des épisodes suivants, entre intrigue romantique (1.4 – Enigma où Johnny retrouve un amour de jeunesse), fantaisiste (1.5 – Netherworld où il se réveille marié à sa fiancée et père de deux enfants), shamanique (1.12 – Shaman), ou encore empruntant à certains classiques du Septième Art (1.5 – Unreasonable doubt & 1.9 – The Siege n'étant pas sans rappeler 12 hommes en colère et Un après-midi de chien de Sidney Lumet).

Une diversité qui n'en laisse pas moins transparaître dès cette première saison des qualités indéniables d'écriture et d'interprétation (Anthony Michael Hall en tête) mais aussi de traitement visuel, à l'image de ce magnifique générique d'ouverture (au format Scope accompagné d'une musique bien plus onirique dès la deuxième saison) qui souligne la représentation à l'écran du pouvoir de Johnny avec l'emploi du fameux bullet-time en vogue depuis Matrix. Mais la série ne disposant pas des moyens financiers du long-métrage des frères Wachowski, l'effet en question sera obtenu en filmant des acteurs immobiles puis en ajoutant en post-produc les éléments supplémentaires requis (objets en apesanteur notamment) pour un résultat final à l'écran tout aussi réussi et illustrant à la perfection le don de voyance du personnage. Un don qui aboutira rien moins qu'à une vision apocalyptique au cours de l'épisode final (1.13 – Destiny) qui initiera le fil rouge de la série pour un show alors définitivement parvenu à trouver sa propre voie.

 

 

Saison 2 & 3 : 8/10
Ainsi mise en orbite, Dead zone la série nous offre alors des saisons 2 et 3 de tout premier choix, impossible à dissocier tant celles-ci constituent à ce jour ce que le show nous a délivré de meilleur. À ce titre, tous les épisodes s'appuyant désormais sur ce fil rouge sont indubitablement parmi les plus palpitants (soit environ une petite moitié). Non content d'offrir des visions d'un avenir post-apocalyptique aussi énigmatique que peu radieux (Johnny se parlant à un « lui-même du futur »), les scénaristes ont aussi l'intelligence de s'attarder sur le passé de ce nouvel antéchrist, le sénateur Greg Stillson (impeccable Sean Patrick Flanery), tout en impliquant émotionnellement Johnny lui-même avec l'arrivée d'une proche de l'entourage de Stillson (l'australienne Sarah Wynter vue dans la deuxième saison de 24).

Pour autant, les épisodes dits « solitaires » n'en demeurent pas moins excellents, voire même pour certains, plus réussis encore que ceux gravitant autour de cette colonne vertébrale. Ainsi l'épisode 2.8 – Cabin pressure reprend à son compte le scénario catastrophe du crash aérien avec une intensité hors pair, le 2.11 – Playing God place Johnny devant le choix cornélien de vie et de mort entre deux personnes (l'une en attente d'une greffe et l'autre victime d'un accident mortel de la circulation), ou encore le 2.15 – Déjà voodoo avec Reiko Aylesworth (la Michelle Dessler de 24), merveille de drame romantique.

Dans le même temps, tous les épisodes gravitant autour de Johnny lui-même ou de ses proches (son ex-fiancée Sarah, le mari de cette dernière Walt, son fils Johnny Junior sans oublier son partenaire d'investigation Bruce) permettent d'en découvrir un peu plus à chaque fois sur les liens et les sentiments passés et présents des uns et des autres. En bref, 31 épisodes (19 pour la saison 2 et 12 pour la saison 3) immanquables pour l'une des meilleures séries de SF encore en activité à ce jour (si ce n'est la meilleure, celles précitées en introduction était déjà moins attrayantes).

 

 

Saison 4 & 5 : 7/10
Revers de la médaille lorsqu'une série est parvenue à placer la barre aussi haute : les attentes sont alors d'autant plus élevées pour la suite. Et hélas comme souvent, pour ne pas dire systématiquement, la règle du « les saisons suivantes ne pouvaient qu'être moins réussies » est une fois encore respectée. Sans pour autant sombrer dans le mauvais, l'ensemble des 23 nouveaux épisodes (12 pour la saison 4 et 11 pour la saison 5) apparaissent un bon cran en deçà de leurs illustres prédécesseurs. Le fil rouge continu donc à progresser (le père de Stillson fait son apparition ainsi qu'une future-ex épouse du sénateur campée par la canadienne, Laura Harris, vue elle-aussi dans 24), tandis que la vie privée de Johnny continue d'être explorée, notamment par le biais de son père décédé (4.9 – Babble on & 5.3 – Panic), ce dernier épisode n'étant d'ailleurs pas sans rappeler le Panic room de David Fincher tandis que d'autres intrigues seront une nouvelle fois et tout comme la première saison des emprunts plus ou moins flagrants à des œuvres du Septième Art : Le Seigneur des anneaux dans 4.5 – Heros and demons, le crash autoroutier de Destination finale 2 dans 5.1 – Independence Day sans parler du titre plus qu'évocateur de l'épisode 5.5 – The Inside man à l'intrigue très proche du film éponyme de Spike Lee.

Des deux saisons, la cinquième offre cependant un nombre d'épisodes plus captivants que la quatrième, assurément la plus faible du show à ce jour et dont le seul fait véritablement « marquant » sera l'abandon de sa canne par Johnny. Plusieurs intrigues mettent ainsi le doigt sur des problèmes sociaux en pleine effervescence (la haine raciale dans 5.4 – Articles of faith, les sectes dans 5.8 – Vortex) tandis que le titre d'épisode le plus retord et original de toute la série revient à ce jour au 5.7 – Symmetry où Johnny doit remettre toutes les pièces du puzzle en place en campant plusieurs personnages à la fois par le biais de ses visions. Et si l'avant-dernier épisode, 5.10 – Heart of darkness, qui voit le retour d'un kidnappeur / tueur en série d'une précédente intrigue, pourrait laisser crainte un début de manque d'originalité de la part des scénaristes, le season finale, 5.11 – The Hunting party, relance de plus bel le fameux fil rouge tout en mêlant adroitement l'Histoire (avec un grand H) passée (l'assassinat de JFK), présente (difficile de ne pas voir en Greg Stillson un ersatz de George W. Bush, marionnette politique à qui l'on souffle dans l'oreillette vers qui pointer son arme) et future (un Monde – les États-Unis ? – qui court à sa perte). Avec un tel rebond scénaristique, on attend désormais avec impatience la saison 6…

 

 

Dead zone - Saison 5, tous les samedis soirs à 21h40 sur M6.

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