Darius Khondji sur sa carrière

Didier Verdurand | 11 juillet 2007
Didier Verdurand | 11 juillet 2007

Après avoir rencontré Pierre Lhomme et Thierry Arbogast, nous avons l'immense plaisir de vous proposer un troisième entretien avec un autre chef-opérateur de réputation mondiale, Darius Khondji, loin d'avoir la grosse tête malgré son extraordinaire filmographie. Un document rare car Darius accepte très peu d'interviews et nous le remercions encore d'avoir choisi Écran Large pour vous faire partager sa passion du cinéma.

 

Quelle place a tenu le cinéma dans votre jeunesse ?

Je suis touché par l'image depuis ma plus tendre enfance. Cela peut paraître très cliché de le dire, mais je baigne dans le cinéma depuis le berceau. Je suis de mère française et de père iranien. Celui-ci possédait deux cinémas en Iran et ma nourrice me gardait souvent à l'intérieure d'une salle car elle en profitait pour regarder des films ! Mon amour pour le cinéma s'est développé plus tard, quand j'avais onze ans, et part d'une véritable fascination pour les films d'horreur. Nous vivions à cette époque à Vaucresson dans une grande maison qui ressemblait, avec un peu d'imagination, à un château de Dracula. King Kong est le premier film m'ayant vraiment marqué parce que je n'avais pas pu le voir, je n'avais pas treize ans ! C'est incroyable, il y avait eu une descente de flics pour vérifier les cartes d'identité et ils m'ont demandé de quitter la salle, au moment où le générique de début commençait ! La frustration fut totale d'autant plus que j'attendais ce moment depuis des semaines… Ce fut une étincelle et sitôt mes treize ans passés, j'ai vu tous les films d'épouvante qui sortaient ! Ma soeur Christine, qui a huit ans de plus et qui est aujourd'hui peintre, s'est chargée de mon éducation artistique, en m'emmenant à des expositions, à la Cinémathèque…et mon frère  (treize ans de plus) me montrait des films en Super 8 et 16mm qu'il réalisait. Johnny Guitar est le premier film que j'ai vu à la Cinémathèque. Je me suis senti à l'aise dans cette salle comble qui applaudissait et la ferme intention de devenir metteur en scène s'est confirmée. J'avais acheté à douze ans, avec mon argent de poche, une petite caméra Super 8 très rudimentaire, et je m'entraînais à faire des films d'horreur avec Dracula que j'interprétais, car je m'identifiais totalement à lui.

 

Quel est votre cursus scolaire ?

Au fil du temps, mes films devenaient de plus en plus élaborés, pendant que j'étais un vrai cancre à l'école. J'ai obtenu le bac pour mes parents mais n'avais pas le niveau nécessaire en maths pour tenter une école de cinéma en France, donc je suis parti de l'autre côté de l'Atlantique pour suivre les cours de la UCLA (University of California, Los Angeles). En janvier 1978, je suis allé pour la première fois à New York. Je suis arrivé au milieu de la nuit dans cette ville qui n'a rien à voir avec ce qu'elle est aujourd'hui et ce fut le coup de foudre. J'ai très vite décidé de m'y installer et d'aller à l'autre grande école réputée des États-Unis, la NYU. J'ai fait juste avant la ICP (International Center of Photography) où j'ai presque plus appris sur la photo qu'à NYU. Durant toutes ces années, j'ai construit une grosse culture cinématographique. Il m'arrivait de voir jusqu'à cinq films par jour quand j'étais en vacances et que je profitais de mes vacances pour aller au Festival de Cannes. Ma passion pour le cinéma muet est apparue à cette époque. La technique était encore pour moi un domaine rébarbatif, je ne m'y intéressais que rarement, avec des films comme La nuit du chasseur, Citizen Kane, Le conformiste de Bertolucci, des oeuvres de Jacques Tourneur, de Fritz Lang… Je ne voulais pas admettre à quel point j'étais attiré par l'image et la lumière, je disais toujours que je voulais réaliser. L'acheminement de cette prise de conscience fut très long. Barroco, de André Téchiné avec Bruno Nuytten à l'image, a été aussi un film très important à mes yeux.

 

Vous avez fait beaucoup de publicités et vous continuez, d'ailleurs. Pour quelle raison ?

J'ai longtemps considé la publicité comme un terrain d'expérimentation. Je n'avais pas un bagage technique très pointu comme on peut l'avoir en sortant de Louis Lumière et l'IDHEC (la FEMIS aujourd'hui) donc la pub m'a permis de faire des essais artistiques. J'ai énormément appris sur le traitement de la pellicule, le choix des négatifs, le numérique… et j'ai rencontré Caro et Jeunet ! Il m'est arrivé de faire des publicités parce que des gens que j'aime bien me le proposaient mais en aucun cas je ne les ai faites pour de mauvaises raisons, je revendique toujours une recherche artistique. Maintenant, si en plus c'est alimentaire car bien payé, tant mieux, mais ce n'est pas un facteur qui me fera accepter le boulot. Je suis aussi content de les faire en attendant un film qui m'intéresse plutôt que d'accepter n'importe quoi, je ne me suis pas prostitué grâce à la pub !

 

 


Quel est votre format préféré ?

Sans hésiter, le scope. Avec les pellicules sensibles d'aujourd'hui, je ne vois plus aucune contrainte technique. On peut raconter des histoires magnifiques avec, aussi bien un film intimiste qu'épique. J'aime beaucoup aussi le 1:33, comme il était utilisé au début de l'Histoire du cinéma jusqu'à certains films de la Nouvelle Vague dans les années 60. Pour moi, le 1:33, c'est celui du Jeanne d'Arc de Dreyer. Aussi surprenant que cela puisse paraître, je suis autant enthousiasmé par ces deux formats, radicalement opposés par la taille.

 

Votre opinion sur le numérique ?

Il ne m'est pas familier. Je viens de filmer une vidéo avec Zidane, nous avions deux caméras numériques et quinze caméras 35mm… Je connais maintenant la post-production numérique mais j'ai très peu tourné pour en parler avec justesse. J'ai envie de tourner en 35mm le plus longtemps possible. Si je dois faire un long-métrage en HD ou en numérique, il faudra que le sujet soit vraiment adapté à ce matériau. La fausse bonne idée de dire qu'on va faire un film moderne sans lumière, cela ne me parle pas. J'aime de plus en plus la pellicule, qui représente un peu le côté analogique du son.

 

 

Vous avez vu La revanche des Sith ?

J'aime Star Wars, mais seulement la première trilogie. (Rire.) J'ai découvert le premier en avant-première mondiale à Deauville, un moment inoubliable… Je n'ai pas vu la nouvelle trilogie. J'ai quand même vu de très belles choses en numérique mais pour moi, sa grande force est surtout au niveau de la reproduction d'anciens films. La HD n'est pas encore assez souple, flexible, belle et sensuelle comme peut l'être l'image photochimique. Cela dit, si Lars von Trier me propose de l'utiliser, l'excitation de bosser avec lui l'emportera !

   

Vous allez être le directeur photo du prochain Wong Kar-Wai, The Lady from Shanghai ?

J'ai rencontré une seule fois Kar-Wai sinon tout passe par le producteur. Aux dernières nouvelles, il est encore repoussé et comme c'est ainsi depuis un an, je n'ai pas très envie d'attendre plus, je veux refaire du cinéma ! J'ai déjà refusé sept films, dont All the King's men de Steve Zaillian avec un casting impressionnant : Sean Penn, qui m'avait recommandé suite à l'expérience heureuse de L'Interprète, Kate Winslet, Jude Law, Anthony Hopkins, Mark Ruffalo… Je ne peux pas savoir quand le Kar-Wai peut commencer et je ne veux pas passer à côté d'autres films.

 

Pourquoi ne pas refaire un film français ?

Je rêve de tourner en France, j'adore les techniciens français. Ils sont meilleurs que nombreux techniciens américains. Je parle des cadreurs, assistants caméra, chefs électriciens, chefs machinistes… C'est une honte qu'ils ne travaillent pas plus à l'étranger. Il y a du chômage dans le cinéma français, il faut les encourager à élargir leurs horizons. Pour en revenir à ma situation, je ne boude pas le cinéma français, je reçois des propositions mais je suis toujours sur un projet qui m'excite plus. Mais il y a des réalisateurs français auxquels je rêve. Retourner avec Jean-Pierre Jeunet. Travailler avec Gaspard Noé dont je suis un grand fan. J'aime beaucoup Philippe Gandrieux. Sans oublier Claire Denis, qui n'est pas assez reconnue. Sa collaboration avec Agnès Godard est de plus en plus admirable, film après film. L'Amérique a Jim Jarmusch, nous avons Claire Denis.

 

« J'aime bien cette photo, elle me ressemble. » (Autoportrait) 

 

 

Commentaires de Darius Khondji sur une sélection de sa filmo :

 

 

Delicatessen (1991) : Le tournage de Delicatessen a commencé un an jour pour jour après celui du Trésor des îles chiennes, qui représente la première grande étape de ma carrière. Je l'avais fait en scope anamorphique, en noir et blanc et je voulais reproduire ce travail en couleur, avec Delicatessen. Ce fut une aventure extraordinaire de faire un film avec ces deux metteurs en scène artistes que sont Caro et Jeunet. Leur demande artistique était énorme et en même temps, il fallait tenir un plan de travail. Le casting était remarquable et j'avais toutes les clés en main pour faire ce dont j'avais toujours rêvé, c'est-à-dire créer avec les réalisateurs une sorte de cellule de direction artistique qui conduise le film du début à la fin. Notre préparation commune a été très importante et minutieuse pour obtenir ce qu'on voit à l'écran.

 

 

La cité des enfants perdus (1994) : Nous nous sommes retrouvés face à de nouveaux problèmes. La Cité des enfants perdus est un film quatre fois plus grand, tout était surdimensionné, du budget au décor. J'ai le souvenir d'un grand chantier, c'était comme pour un architecte, de passer d'une maison particulière à une université. Les propositions sont devenues nettement plus nombreuses après sa sortie, en particulier pour les films de science-fiction à gros budget, comme les Batman, Superman et Harry Potter. Les producteurs me citaient toujours La Cité des enfants perdus. Apparemment, il a marqué les esprits étrangers.

 

 

Seven (1995) : J'ai rencontré David Fincher sur une pub pour Nike tournée en France. Le tournage a été très lourd et compliqué mais nous nous sommes bien entendus sans que j'imagine un instant qu'il m'appelle pour me proposer Seven. J'ai immédiatement accepté malgré la peur des barrages de syndicats américains. J'avais connu cette mésaventure avec Kalifornia que je devais éclairer et n'avais pas pu parce que je n'avais pas d'agent américain, je ne faisais pas partie d'un syndicat, etc… Là, David Fincher a tenu bon face au studio et a réussi à me faire engager malgré les difficultés que cela imposait. Je n'ai pas revu Seven depuis des années. Ce fut un plaisir et une douleur incroyables de le faire. C'est un film très difficile à sortir de soi, surtout pour David qui souffrait énormément à l'époque à cause de problèmes personnels.

   

 

Beauté volée (1995) : Des vacances d'une certaine façon parce que c'était en plein été, en Toscane avec le bonheur de voir un metteur en scène fabuleux diriger la caméra. Liv Tyler est naturellement belle, on ne peut pas mal la filmer. Comme Nicole Kidman, elle est superbe dans tous ses films.

 

 

Evita (1996) : L'un des tournages les plus heureux de ma carrière. Madonna s'est complètement investie dans son rôle, Alan Parker était passionné par son sujet… J'ai été le rencontrer à Londres pour lui dire que je refusais sa proposition parce que je ne me sentais pas à l'aise avec une comédie musicale. Quand je l'ai quitté, il m'avait convaincu ! J'avais déjà tourné un clip avec Madonna donc elle avait donné son approbation. Alan Parker avait comme moi une petite appréhension de travailler avec elle mais tout s'est très bien passé au point que nous avons été comme frère et soeur pendant cette période. On se serrait les coudes face aux péronistes qui refusaient de voir leur idole incarnée par Madonna.

 

 

Alien, la résurrection (1997) :
Premier gros film de cette ampleur pour Jean-Pierre Jeunet, très difficile et complexe à réaliser. La série avait commencé avec un chef d'oeuvre, le deuxième est un vrai film de guerre, le troisième était un peu moins réussi… Quand on commence un film avec Jean-Pierre, on ne peut pas tromper, il est rassurant tellement il a confiance en ce qu'il fait. Je l'ai revu récemment en DVD et j'en suis très content.

 

 

Prémonitions (1999) : Robert Downey Jr. était en prison. Il avait été relâché sur parole pour pouvoir nous rejoindre. Il est un acteur passionnant d'une richesse étonnante et habité par une folie intérieure. La personnalité de Neil Jordan m'a conquis et j'aime beaucoup Prémonitions mais il y a des défauts. Nous avons essayé plusieurs fins, une autre a été retournée sans moi… Quelque chose n'a pas fonctionné pour que le film ne soit pas totalement réussi. Il y a cependant de belles images dont je reste très satisfait.

  

 

La neuvième porte (1999) : J'ai adoré travaillé avec Polanski. C'est un metteur en scène phare de mon adolescence. Je pense notamment au Couteau dans l'eau, Cul de sac, Répulsion, Rosemary's baby et Chinatown… Il a une clairvoyance de la caméra qui est unique, j'ai beaucoup appris avec lui. Avec Sean Penn, Johnny Depp est le comédien duquel je me sens le plus proche, je rêve de retourner avec lui… La neuvième porte n'est pas le meilleur Polanski, pas le meilleur Depp mais je ne le dénigre pas, des gens l'aiment. L'autre jour, après avoir dîné avec Martin Scorsese, nous sommes allés chez lui, il voulait me montrer son équipement de projection numérique. J'ai choisi un DVD, 2001, l'Odyssée de l'espace, et à son tour, il en a sorti un de sa dvdtèque. À mon grand étonnement, c'était La neuvième porte !

 

 

La Plage (2000) : Je me répète mais c'est encore une expérience fantastique ! (Rire.) Nous n'étions pas persona non grata de la Thaïlande, contrairement à ce qui a été dit, mais d'un groupuscule contre le gouvernement qui nous avait donné des autorisations. Il n'a jamais été question de polluer l'île, nous avions engagé un architecte néo-zélandais responsable de la verdure, un féru d'écologie. Nous avons enlevé les détritus de la plage, l'avons rendu comme vierge, alors c'était étrange de lire n'importe quoi dans la presse. C'était notre Apocalypse Now à nous ! Je ne sais pas pourquoi il a été boudé à sa sortie, il est de plus en plus redécouvert. Depuis Seven, je n'avais pas recadré et Danny Boyle m'a demandé de m'en charger, cela renforce le lien que j'ai avec ce film. Nous avons été très contents de cette collaboration, nous pourrions tout à fait retravailler ensemble.

 

 

Panic room (2002) : Extrêmement compliqué à réaliser, en studio, avec une prévisualisation numérique de tous les décors. Fincher m'avait proposé Fight club mais mon emploi du temps ne me le permettait pas. Panic room était une commande mais Fincher avait un comportement complètement obsessionnel. Les idées étaient bonnes sur le papier, le planning était bien organisé, et nous avons commencé le tournage avec Nicole Kidman, à un moment dramatique de sa vie, et elle nous quitte au bout de quatre semaines. Sony était furieux et a voulu la remplacer par une pin-up alors que Fincher voulait son propre choix, Jodie Foster. J'étais de son côté, et au bout d'un long bras de fer, il a gagné. Seulement, nous avions déjà pris beaucoup de retard. Pour enfoncer le bouchon, il a aussi obtenu vingt à trente jours supplémentaires de tournage, au grand dam de Sony qui s'est finalement retourné contre lui en se plaignant de la lenteur de notre travail. Fincher est comme Kubrick, il ne peut pas travailler avec des délais trop courts. Il ne doit pas y avoir le moindre défaut, tout doit être exécuté parfaitement. Les meilleurs techniciens d'Hollywood travaillaient sur ce film mais ce n'était pas le Fincher de Seven. Cette fois, personne ne pouvait lui dicter la moindre note, seul lui pouvait réaliser ce qu'il avait en tête. Sony n'a pu virer sa productrice puisqu'elle était sa compagne, donc je me suis retrouvé en première ligne et ils m'ont viré, à la moitié du tournage. C'est un cas unique dans ma carrière, très désagréable, dramatique. Je ne suis plus en contact avec David Fincher car je considère qu'il s'est mal comporté. Au début, il m'a protégé puis notre amitié s'est détériorée, je ne voulais pas suivre cette énergie froide et obsessionnelle. Pour le moindre plan, il y avait minimum vingt-cinq à trente prises et cela pouvait aller jusqu'à une soixantaine. Les retards ont d'ailleurs continué après mon départ, à tel point que les exécutifs de Sony se sont excusés auprès de mon agent, disant que je pourrais retravailler avec eux dès que je le désirerais. Il fallait un bouc émissaire et en l'occurrence, c'était moi.

   

 

Anything else, la vie et tout le reste (2003) : Woody Allen m'avait déjà voulu pour son film précédent et avait contacté mon agent, ce dont je n'étais même pas au courant. Je ne pensais pas qu'il ferait appel à moi. J'ai fait un remplacement pour Anything else, je n'ai jamais eu de préparation aussi courte, elle a duré deux semaines. Il m'a rappelé à chaque fois pour les suivants, malheureusement, j'étais toujours pris. Quand je vais à New York, on dîne ensemble, nous avons gardé contact car nous nous sommes très bien entendus, il est venu petit à petit vers moi. C'est la première fois que j'avais l'impression de travailler avec un véritable artiste américain qui se fiche de savoir ce que son film fera au box-office, il n'y a pas de sneak previews pour modifier le montage…

 

 

La plus belle victoire (2004) : Je suis moi-même très surpris d'avoir fait ce film. Je le revendique. Je voulais une comédie romantique et j'aime beaucoup le tennis ! Richard III, du même réalisateur, Richard Loncraine m'avait plu et j'étais naturellement attiré par le casting mais le résultat ne me correspond pas plus que ça. Je voudrais retrouver une comédie, travailler avec Wes Anderson par exemple, je suis très fan de La famille Tenenbaum.

 


Retrouvez le commentaire de Darius Khondji sur L'Interprète avec des photos exclusives de sa collection en cliquant sur l'affiche du film ci-dessus.

 

Propos recueillis par Didier Verdurand.
Autoportrait de Darius Khondji.
Les photos avec Morgan Freeman et Sigourney Weaver sont extraites des DVD de Seven et Alien, la Résurrection.

 

 

Retrouvez les autres interviews de notre dossier chef-opérateur en cliquant sur les photos correspondantes :

 

   
  

 

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