Catwoman : Interview de Pitof

Didier Verdurand | 7 septembre 2004
Didier Verdurand | 7 septembre 2004

Pitof n'a rien du réalisateur meurtri qui panse ses blessures après la calamiteuse carrière de Catwoman aux États-Unis, ou du réalisateur frimeur qui vient d'avoir le plus gros budget jamais donné à un réalisateur français. Au contraire, il a répondu à nos questions (6 journalistes présents) avec beaucoup de franchise et de sympathie.


Comment se retrouve-t-on à Hollywood à la tête d'un énorme budget de 100 millions de dollars ?

Les Américains m'avaient déjà remarqué avec Alien Resurrection pour lequel j'avais fait des effets spéciaux, et des agents se sont donc intéressés à Vidocq, bien qu'il n'ait pas été distribué là-bas. J'en ai choisi un, et tout s'est enchaîné. J'ai reçu à peu près 80 scripts, et quelques-uns sortaient du lot. Il y a eu environ 6 mois d'allers-retours entre Paris et Los Angeles, où je restais une ou deux semaines à chaque fois, pour finalement arriver en mars 2003 où Warner m'a embauché pour Catwoman. J'avais été pressenti à un moment pour Constantine, avec Keanu Reeves, qui sortira l'année prochaine.

Vous étiez le premier choix de la Warner ?
Le premier officiel avec le scénario tel qu'il est, mais le studio travaillait sur ce projet depuis Batman : Le Défi en 1992, à l'époque avec Tim Burton. Cela m'a d'autant plus encouragé à ne pas aller vers un univers burtonien. Il n'était pas question de faire un Batman 25. C'est aussi pour cette raison que nous nous sommes éloignés du costume – sublime – de Michelle Pfeiffer, pour le rendre encore plus sexy. Nous avons travaillé directement sur le comic book et développé ces personnages féminins rares dans ce monde de super-héros, qui donnaient une touche originale au projet. Concernant le casting, Ashley Judd a longtemps été sur le coup, mais d'autres engagements l'en ont en fin de compte éloignée.

 

 

Est-il difficile de gérer des stars comme Halle Berry et Sharon Stone ?
Je pense qu'elles sont avant tout des actrices. J'ai retrouvé sur Catwoman le même type d'ambiance familiale, si j'ose dire, que j'avais sur le plateau de Vidocq avec Gérard, qui n'est pas une demi-portion. Elles avaient vu Vidocq justement, et avaient été intriguées. J'ai eu de la chance que ça se passe ainsi, car je suis bien conscient qu'il peut y avoir des rapports de force. Si Halle Berry veut que je saute, je sauterai car je pèse que dalle à côté ! Et si elle bosse avec Spielberg, c'est elle qui peut se retrouver dans cette situation !

Quelle est votre marge de liberté ?
Tout est très cadré. Le studio établit le projet et ses directions. Le réalisateur, employé, doit fabriquer. Il n'est pas un auteur comme on peut le considérer en France. À partir du moment où le studio est conscient des compétences de celui qu'il a engagé, il y a une certaine liberté. Il s'instaure un dialogue qui a inévitablement des compromis, mais tu peux faire plaisir au studio tout en gardant ton identité !

 

 

Peut-on envisager une director's cut en DVD ?
Je ne sais pas encore ce que nous ferons avec le DVD, mais ma version ne serait pas très différente. L'étape du montage a été très rapide : nous avons terminé le tournage fin février et il est sorti cinq mois plus tard !

Y a-t-il eu une complicité entre vous et Lambert Wilson du fait que vous soyez tous les deux français ?
Non, pas pour cette raison. Je ne voulais pas reconnaître ces distances que nous avions connues avec Alien Resurrection, où Jeunet et moi passions pour les fromages à Hollywood, avec le reste de l'équipe… Je considérais Lambert comme un acteur américain sur le plan professionnel. Nous avons tissé des liens d'amitié et nous sommes maintenant copains, mais du fait qu'il interprétait un Américain, sur le plateau, c'était différent.

Vous avez envie de continuer votre carrière aux États-Unis ?
Oui, parce que j'en ai chié, dans le bon sens du terme (Rires). Le boulot a été très intense, pratiquement du 24h/24 ! J'ai appris un milliard de choses et je commence à mieux comprendre comment m'intégrer dans un système hollywoodien. Je lis en ce moment des scénarii car il y a une dynamique telle qu'il y a toujours des projets développés à Hollywood, car c'est une véritable industrie.

 

 

Après Kassovitz et avant Siri, qui finit Hostage avec Bruce Willis, vous symbolisez la mode actuelle de la délocalisation !
On ne peut pas parler de mode. Notre point commun est notre attirance pour le cinéma américain, et Hollywood a toujours été chercher à droite et à gauche de nouveaux talents pour enrichir son cinéma, qu'ils soient chinois, japonais ou mexicains ! La tendance française est plus forte en ce moment, mais les yeux ne sont pas rivés que sur nous.

On peut trouver une influence bolywoodienne dans la scène où Halle Berry et Benjamin Bratt jouent au basket !
(Rires) Je n'y avais pas pensé ! Ce genre de scènes est amusant car elles ne font que 3 lignes dans le scénario et durent plus de trois minutes au final. Je la voyais au départ comme une scène de séduction, très sensuelle et sexy, où ils se surprenaient par leurs attitudes. Le studio a trouvé que j'étais allé un peu trop loin et a préféré une approche plus... basket ballistique ! J'ai donc retourné la scène et lui ai donné un côté hybride qui m'a bien amusé, et qui a renforcé l'aspect comic book en évitant de trop faire clip.

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