Gary Oldman est-il devenu fou ?

Simon Riaux | 27 juin 2014
Simon Riaux | 27 juin 2014

Alors que les commentaires pleuvent sur l'interview accordée par Gary Oldman au magazine Playboy, rares sont les véritables recensions de ses propos. Si nous ne nous permettrons pas de les reproduire ici en intégralité (mais invitons les anglophones à les consulter sur le site de Playboy), en voici les meilleurs morceaux.

Vous ne trouverez pas ici mention des paroles « polémiques » du comédien, abondamment reprises ici et là. Largement instrumentalisées et sorties de leur contexte, ces déclarations nous semblent devoir être prise pour ce qu'elles sont, un coup de pied dans la fourmilière du politiquement correct doublé de la défense sensible et sincère de confrères peut-être abusivement traînés dans la boue. Mais il y a bien plus intéressant dans l'entretien mené de main de maître par Gary Oldman...

L'acteur s'exprime notamment sur certaines des glorieuses franchises auxquelles il a participé. On apprend ainsi que les Dark Knight de Nolan ou Harry Potter n'étaient « que du travail ». Gary est encore plus direct quand le journaliste qui l'interroge mentionne Le Cinquième Élément : « Oh non. Je ne peux pas le sentir celui-là ». En bon perfectionniste qui ne mâche pas ses mots, il n'hésite pas à expliquer que s'il avait la possibilité de remonter le temps, il « enterrerait la plupart [de ses films] et recommencerait tout ».

Le comédien est également impitoyable (ou exigeant) avec son époque. « La télé réalité est à mes yeux le musée de la décadence sociétale. Qui sont les héros des jeunes aujourd'hui ? Des idiots qui ne savent même pas putain de danser, ou écrire, qui remuent leur cul et twerkent devant des gosses de onze ans ». Refusant de baisser les bras, Gary fait également de son mieux pour éduquer ses enfants au cinéma. «  On s'assoit et on regarde une comédie, Mon Beau-père et moi par exemple, il y a Robert De Niro. Je leur dis que ce type a été un jour considéré comme le plus grand acteur de son temps. Mes garçons me regardent et disent : Vraiment ? Ce type ? »

Mais Gary Oldman n'est pas qu'un quinquagénaire en colère contre la décrépitude ambiante. Avec malice, la star évoque aussi quelques mésaventures avec des groupies à la cuisse hospitalière. « J'ai une histoire amusante à propos d'un voyage à San Francisco, où la fille et moi carburions principalement à la vodka, juste à l'heure pour le grand tremblement de terre de 1989. Nous étions littéralement à l'épicentre. Juste après j'ai sorti quelque chose comme « C'était bien pour toi chérie ? Parce que moi, j'ai carrément senti la Terre bouger ». Comme tout le monde dans ce milieu, je travaille avec des personnes attirantes. Quand on est jeune, une chose en amène une autre. Rares sont les immunisés. Je me rappelle avoir participé à un dîner il y a des années, avec Arthur Miller. J'étais assis à côté de lui. Après quelques verres de vin, je me suis tourné vers lui et lui ai demandé s'il ne lui arrivait pas de marcher dans la rue, puis de brusquement s'arrêter pour se dire "bordel, j'étais marié à Marilyn Monroe". Il m'a répondu : "Ouais".

Et quand face à lui, le journaliste évoque ces folles années et lui demande s'il lui est déjà arrivé d'être saoul sur un tournage, la réponse de Gary Oldman est limpide. « Je suis toujours prêt, je connais mes répliques et je suis choqué quand ce n'est pas le cas d'un confrère. Mais il y a un film où du début à la fin, je me suis trouvé dans un drôle d'état, c'était Les Amants du nouveau monde. Et j'étais plutôt bon dedans. Je n'ai quasiment aucun souvenir d'y avoir participé en tout cas. »

Gary Oldman n'ayant pas sa langue dans sa poche, pas besoin de le chercher longtemps au sujet des Golden Globes : « C'est un événement insignifiant. La Hollywood press association vous fait croire que quelque chose est sur le point d'arriver, mais ils sont putain de ridicule. Absolument rien ne se passe. Il s'agit de 90 has beens qui se tapent une queue. Tout le monde se saoule et se suce mutuellement. Il faut boycotter ce putain de truc. Juste expliquer que nous ne jouerons plus ce genre de jeux stupides. Les Oscars sont différents. Mais ça reste du showbiz. Tout n'est que showbiz. »

Bien plus que ses propos, finalement plutôt inoffensifs, sur Alec Baldwin et Mel Gibson, c'est peut-être l'accumulation de paroles sans fard, de déclarations tonitruantes et de vérités nues, qui ont déclenché le raz de marée qui s'abat aujourd'hui sur Gary Oldman. Une chose est sûre, rares sont les comédiens à se livrer avec autant de sincérité (voire de brutalité). Voilà qui vient confirmer s'il en était besoin que ce bon vieux Gary en a encore sous le pied et qu'il demeure un des artistes les plus atypiques de la Colonie du cinéma.

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