American horror story - Saison 2

Melissa Blanco | 16 avril 2013
Melissa Blanco | 16 avril 2013

Après une surprenante première saison, le touche-à-tout Ryan Murphy bouleverse les règles traditionnelles de la série télévisée dans une deuxième saison que diffuse depuis le 6 avril Ciné + Frisson. Dans American Horror Story, qui dit nouvelle saison dit nouvelle histoire et nouveaux personnages. Après la maison hantée, place donc à l'asile psychiatrique avec pour unique repère un casting différent mais pas totalement étranger non plus. 

 

Sobrement intitulé Asylum, cette deuxième saison nous immerge dans les années 60, au coeur d'une institution psychiatrique. Religieuses sadiques, médecins psychopathes, innocents accusés à tort, tueurs en série... bienvenue à Briarcliff, établissement à la renommée plus que douteuse. Il faut dire que dans ce lieu, mené d'une main de maître par Soeur Jude (Jessica Lange), difficile de savoir qui des patients ou de l'équipe médicale y mérite le plus sa place. C'est que Briarcliff réserve son lot de secrets et de mystères que Ryan Murphy et son acolyte Brad Falchuck se garderont bien d'étirer durant une saison plutôt... intense. 

Soeur sourire

Avec l'ambition de rendre compte dans son ensemble de ce qu'est le mythe de l'asile pyschiatrique pour le genre horrifique, cette deuxième saison d'American Horror Story ne lésime pas sur les moyens. À la multiplication des personnages s'ajoute également un foisonnement des intrigues et un mélange des époques. Situé en 1964, la saison démarre ainsi pourtant de nos jours. Un couple (Adam Levine et Jena Dewan-Tatum) voit leur visite des ruines de Briarcliff écourtée après l'attaque sanglante du célèbre tueur en série Bloody Face. Mais près de 50 ans après son apparition, qui se cache réellement sous le masque en chair humaine ?

Se différenciant in media res de la saison précédent, la série repose cette fois-ci sur l'idée du flashback : prenons le temps de revenir en arrière afin de mieux comprendre les aboutissements de ce crime atroce. Quels sont les personnages succeptibles de passer à l'avenir à l'acte ? Est-ce Lana (Sarah Paulson), cette journaliste bien trop curieuse, enfermée à Briarcliff contre son gré pour guérir de son homosexualité ? Kit (Evan Peters), accusé du meurtre de plusieurs femmes (dont la sienne) ? Le docteur Arden (James Cromwell), essayant sur des patients non consentant de nouvelles techniques chirurgicales ? Ou la douce mais mystérieuse Grace (la frenchie Lizzie Brocheré) ? Autant de possibilités que la série tentera, parfois en vain, de creuser tout au long de cette deuxième saison particulièrement dense.

Il faut dire qu'American Horror Story pêche de nouveau par sa gourmandise, Ryan Murphy et Brad Falchuck faisant la part belle à une trop abondante galerie de personnages, principaux comme secondaires. Si on se battait devant le perron de la famille Harmon, que dire de Briarcliff, terrain d'un nombre conséquent de sous-intrigues (un père noël sadique, le retour d'Anne Frank...) aux guest stars de luxe (Ian McShane, Chloë Sevigny, Franka Potente...). C'est qu'outre l'institution psychiatrique, les showrunners aspirent à une ambition plus grande, celle de traiter des peurs de l'Amérique des sixties.

Les envahisseurs

D'Ed Gein (ce tueur en série dont s'inspira Le silence des agneaux) aux extraterrestres en passant par le diable, il y a tout cela et bien plus encore dans cette nouvelle saison d'American Horror Story. Au point parfois de perdre son spectateur, la faute à des intrigues éparpillées, parfois mêmes avortées. Nouvelle saison oui mais mêmes erreurs que la précédente.

Mais c'est lorsque la série s'attache à trois intrigues générales et à un personnage en particulier qu'elle finit brillamment par gagner en intensité. À la manière d'un entonoir, cette saison 2 voit ainsi ses récits se resserer pour ne plus que se concentrer sur Lana, complice du spectateur de part sa profession. Elle est le témoin, la journaliste vouée à terme à raconter son histoire, à dévoiler au monde les atrocités de cette institution. A moins que tout cela ne soit que la partie immergée de l'iceberg.

Si American Horror Story ne joue une fois de plus pas sur la peur à proprement parler, force est de constater que les deux showrunners ne manquent pas d'inventivité quand il s'agit de mettre mal à l'aise. Ryan Murphy et Brad Falchuck nous propose un inconfortable bestiaire pour une deuxième saison malaisante, étouffante mais toujours étonnante (les apparitions chimériques de Frances Conroy y sont notamment magnifiques). Il se murmure déjà que la suite des événements se déroulera non loin de Salem. Faudra t-il encore réussir à patienter jusqu'à l'automne prochain...

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