Rétro 2012 : les acteurs, actrices et scènes marquants

Laurent Pécha | 2 janvier 2013
Laurent Pécha | 2 janvier 2013

2012 est fini, vive 2013. Enfin, pas tout à fait encore car à Ecran Large, c'est l'heure de la nostalgie et le moment de se rappeler de ce que l'année écoulée nous a apporté de mémorable. Les membres de la rédaction reviennent, tour à tour, sur les scènes, actrices et acteurs marquants de 2012. 

 

Laure Beaudonnet

Acteur : Melvil Poupaud

L'acteur incarne avec beaucoup de poésie le personnage de Laurence Alia dans Laurence Anyways. On le suit volontiers dans cette quête de soi excentrique et on découvre la mesure de son talent. Juste, touchant, Melvil Poupaud offre un personnage digne des contes de fées avec sa petite touche de folie.

Actrice : Emilie Dequenne

L'actrice livre une prestation époustouflante dans A perdre la raison. Poignante et torturée, la comédienne aspire son public dans une descente aux enfers fatale. Digne d'une Joan Crawford (ou presque).

Scène de l'année : La scène de fellation dans Killer Joe

La scène du pilon de poulet de Killer Joe est l'illustration même du génie de William Friedkin et de son sens de la mise en scène. Pour se venger d'une trahison, Killer Joe, interprété par l'extraordinaire Matthew McConaughey, s'empare d'une cuisse de poulet grillé pour imiter un viol par fellation. Il livre une prestation aussi grotesque que violente, soumettant sa victime à l'aide d'un simple morceau de volaille. Une scène jubilatoire de pure folie qui dessine les contours d'une agression sexuelle abstraite.


Patrick Antona

Acteur : Joseph Gordon-Levitt (Looper, The Dark Knight Rises

Parfait en contrepoint émotionnel du rigide  Christian Bale dans l'opus ultime de Christopher Nolan, ainsi qu'en alter-ego jeune de Bruce Willis dont il mime à merveille les tics physiologiques, il a prouvé cette année qu'il était de la trempe des plus grands d'Hollywood. En étoffant un second rôle avec mesure et à le rendre essentiel pour faire rebondir (peut être) la saga de Batman ou en partageant avec intelligence le devant de l'affiche avec ce vieux briscard de Bruce Willis, son jeu naturel et sans emphase fait merveille et lui laisse espérer des lendemains qui chantent.

Actrice : Keira Knightley (Anna Karénine)

Même si le mélodrame à costume est un domaine qui lui sied bien (Orgueil & Préjugés, The Duchess), elle se frotte à forte partie en reprenant un caractère déjà interprété par le passé par Greta Garbo et Vivienne Leigh. Et son interprétation à la fois passionnée et moderne, en parfaite osmose avec le parti-pris esthétique et théâtrale de Joe Wright, réussit à rendre attractif son portrait de grande bourgeoise et à émouvoir, jusqu'à la déchirante issue pourtant bien connue.

Scène de l'année : La scène du pilon de poulet dans Killer Joe 

La séquence entre Matthew McConaughey (qui mérite le prix du meilleur come-back de l'année) et Gina Gershon ! Scène casse-gueule de soumission triviale mais qui illustre à merveille le côté dérangeant du film et qui montre jusqu'à quelle extrémité peuvent arriver des caractères avides et libidineux, et donc humains par essence, et interprété avec un sacré degré de folie par des comédiens qui ont souvent été déconsidérés.

 

 

Sandy Gillet

Acteur : Denis Lavant

Le protéiforme Denis Lavant dans Holy Motors représente l'archétype  même de l'acteur en phase avec son « métier » qui ici en devient un Art à tel point qu'il ne fait plus qu'un avec son réalisateur de Leo Carax. Son personnage en apesanteur étant l'illustration même de toute une filmographie sur le bas-côté d'un cinéma qui ne cherche pas les ors d'une quelconque reconnaissance.

Actrice : Hélène Vincent

La trop rare Hélène Vincent que la plupart connaisse sans parvenir à mettre un nom pour son interprétation complètement azimutée en Marielle Le Quesnoy dans La vie est un long fleuve tranquille de Chatiliez. Dans Quelques heures de printemps elle joue avec grâce et justesse cette mère taiseuse frappée par un cancer qui héberge son fils de près de 50 ans tout juste sorti de prison. Comme Emmanuelle Riva dans Amour, sa mort prochaine n'est pas le sujet en soi mais révèle au contraire des sources inépuisables de vie et de jeux. Magnifique.

Scène de l'année : La scène SFX dans Holy Motors

Celle où Denis Lavant (encore lui) se contorsionne sur fond vert, des diodes collées sur tout le corps avec en face une partenaire qu'il va finir par honorer en numérique et en 3D. La façon pour Carax d'intégrer dans son cinéma ces nouvelles technologies par ailleurs utilisées à si mauvais escient dans le cinéma français voire mondial.


Didier Verdurand

Acteur : Mads Mikkelsen

Mads dans La Chasse bien sûr et dans un registre plus léger, une belle renaissance : Matthew McConaughey. Dommage qu'il n'en ait pas profité pour prendre un nom plus facilement prononçable.

Actrice : trois possibilités

Une confirmation, Jennifer Lawrence et deux révélations, Elizabeth Olsen et Gina Carano.

Scène de l'année : la scène finale de Killer Joe

La scène inoubliable, over the top de ta mère : le final de Killer Joe, pardi !

 

Perrine Quennesson

Acteur : Channing Tatum

C'est son année, il était sur tous les fronts (Magic Mike, Je te promets, 21 jump street, Piégée) de tous les styles et avec un égal talent. Quel homme !

Actrice : Suzanne Clément

Parce qu'on ne connaissait pas son nom avant le film de Xavier Dolan et que depuis son incroyable prestation, surtout dans cette scène du restaurant, on n'est pas près de l'oublier.

Scène de l'année : Toute la séquence de l'île dans L'Odyssée de Pi

De la découverte à la fuite précipitée. Un récit dans le récit, une scène magique, sublime et bouleversante.


Tonton BDM

Acteur  : Denis Lavant
Impossible de ne pas saluer l'immense performance de cet acteur protéiforme, jouant tous les rôles dans Holy motors, le dernier chef d'œuvre de bizarrerie de Carax.
 
Actrice : Leticia Dolera
Sexy en diable en mariée destroy, intense dans son jeu halluciné, Leticia Dolera est LA révélation de [Rec]3. On a hâte de suivre l'évolution de sa carrière !
 
Scène de l'année : La mort de Talget (Dermot Mulroney) dans Le territoire des loups
A la fois brutale et douce, douloureuse et émouvante, une séquence sublime et à couper le souffle, d'une intensité qui ferait monter les larmes au plus gros des bourrins.

 

 

Damien Virgitti

Acteur  : Richard Armitage

Parce qu'après la vision bouffonne de John Rhys Davies en Gimli de 2001 à 2003, il était difficile de croire qu'un Nain puisse paraître héroïque. Richard Armitage incarne pourtant ce miracle et crève l'écran de son charisme avec son bouclier en bois de chêne dans The Hobbit. La scène où il sort des arbres enflammés pour affronter son destin le consacré définitivement comme le héros de cinéma à suivre pour les deux prochaines années.

Actrice : Suzanne Clément

La tornade volcanique  de Laurence anyways contribue beaucoup à l'énergie et à la force du film. La scène où elle s'en prend à une serveuse pour faire taire une bonne fois pour toutes les préjugés liés à la transexualité est une leçon de courage et de jeu. Le choc qui suit ne laisse pas de doute: on vient bien de tomber amoureux. Justement récompensée à Cannes par un prix d'interprétation dans la selection "Un certain regard", l'actrice québécoise devrait revenir au plus vite sur les écrans français.   

Scène de l'année : Les Bêtes du sud sauvage

Hushpuppy déguisé en petite fille modèle dans un des refuges pour défavorisés des Bêtes du sud sauvage et c'est une belle claque au visage du public pour la faire comprendre que l'humanité est elle même responsable de sa propre destruction. Une des scènes qui contribue beaucoup à la charge émotionnelle du film.

 

 

Simon Riaux

Acteur  : Robert Pattinson

Denis Lavant pourrait parfaitement prétendre à cet honneur, que lui a d'ailleurs un peu injustement ravi Mads Mikkelsen à Cannes, mais notre préférence va inexplicablement à Robert Pattinson, qui a joué son va tout cinématographique sous l'égide de Cronenberg. Il en fallait des cojones pour confier sa reconversion au papa de la nouvelle chair armé d'un script nihiliste et proctologique, mais Robert l'a fait, avec un brio équivalent à la vulgarité embarrassante de sa futur ex-girlfriend.

Actrice : Marion Cotillard
Rien n'est plus délectable que d'assister à la fin d'une hallucination collective, et à la grande séance d'exorcisme négationniste qui lui succède. Il y a huit mois à peine, on se pâmait encore pour une certaine Marion C. Sacralisée par un oscar, adoubée par le sieur Nolan, puis sanctifiée par le dernier cinéaste frenchy festivalable, dans un film dont la médiocrité avait de quoi couper les jambes, rien ni personne ne pouvait s'opposer à l'hystérique bulldozer.
Jusqu'à ce que le Dark knight rises s'élève et la laisse subclaquante au volant d'un semi-remorque, la cage thoracique enfoncée. Le temps d'une mort atrocement ridicule, le mythe s'écroulait, avec la même intense absurdité qu'il était apparu. Soudain, chacun jurait n'avoir jamais au grand jamais chanté les louanges de la bougresse... On arguera à raison que ce lynchage public et médiatique était d'une profonde hypocrisie, abusif et impitoyable. Pas faux. Mais il est parfois juste et bon de voir les fidèles brûler leur veau d'or.

Scène de l'année : l'après crash du Territoire des loups

La scène de l'année ne contient ni les Avengers, ni la kékette de Denis Lavant, ou le caca d'Emmanuelle Rivât. Non, c'est une séquence glaciale et glaçante, où l'on ne sait trop s'il faut pleurer ou hurler. Des hommes blessés, hagards, se rassemblent après le crash de leur avion dans la carlingue déchirée de ce dernier. L'un d'entre eux saigne abondamment et appelle à l'aide; il ne recevra en lieu et place de soins qu'une invitation au grand voyage, prodiguée par un Liam Neeson funèbre et miséricordieux. À cet instant, Le Territoire des Loups s'extrait de sa condition de survival techniquement maîtrisé pour nous parler de cette zone grise, du territoire indéfini où tous nous errons en ces instants fatals, attendant de sombrer ou de nous élever, quand survie, désespoir et acceptation se mêlent tout à fait.

 

Stéphane Argentin

Acteur: Tom Hardy
Après ses rôles très remarqués dans Bronson et Warrior, Tom Hardy entre pour de bon dans la cour des grands en tenant magistralement tête au chevalier noir dans Dark knight rises ainsi qu'en malfrat increvable dans Des hommes sans loi tandis que le gentillet Target prouve qu'il sait également nous faire (sou)rire.

Actrice : Naomi Watts
Si sa participation au Eastwood 2012, J. Edgar, ne laissera pas forcément un souvenir impérissable dans nos mémoires (à l'image du film en fait), il en sera tout autre de sa performance dans le très poignant The Impossible.

Scène de l'année : le final de Skyfall
Un final brut de décoffrage que n'aurait pas renié le Sam Peckinpah des Chiens de paille, qui nous scotche littéralement à notre fauteuil et que l'on ne croyait pas voir un jour dans un James Bond.

 

Nicolas Thys

Acteur de l'année : Joseph Gordon-Levitt

Trois films (Dark knight rises, Premium Rush, Looper) et trois belles performances qui font décidément de l'ado de Troisième planète après le soleil, l'un des rares enfant-star à avoir parfaitement su négocier son passage à l'âge adulte.

Actrice : Zoe Kazan

Déjà vue dans La Dernière piste de Kelly Reichardt ou Les Noces rebelles de Sam Mendès, elle crève l'écran dans Ruby Sparks dont elle a également écrit le très beau scénario.

Scène de l'année : Cosmopolis et Holy motors

J'en prends deux mais elles se complètent dans un jeu de question/réponse amusant et surprenant. Cosmopolis et le moment où Robert Pattinson se demande ce qui advient des limousines la nuit avant de se faire tirer dessus, face à Holy Motors et l'une des dernières séquences où, dans un parking à limousines, Edith Scob enfile ses yeux sans visages avant de laisser place à une discussion automobile. Deux séquences oniriques où tout semble possible dans des univers qui oscillent entre réalisme et absurdité totale.

 

 

Mélissa Blanco

Acteur : Matthew McConaughey

En quelques films, Matthew aura réussi l'exploit de passer du statut d'has-been à celui de bankable. Et nous de redécouvrir le talent d'un comédien étonnant.

Actrice(s): Suzanne Clément, exemplaire dans Laurence Anyways. Elizabeth Olsen, tout en fragilité dans Martha Marcy May Marlene.

Scène de l'année: Matthew McConaughey, apprenant à sa nouvelle recrue à faire l'amour à un miroir dans Magic Mike. Surréaliste !

 

Laurent Pécha

Acteur : Matthew McConaughey (Magic Mike, Killer Joe)

L'homme joue et fait le show dans deux films de mon top 3 de l'année. Il suffisait juste qu'il arrête de jouer dans des comédies romantiques de merde sous la direction de tâcherons.

Actrice : Megumi Kagurazaka (Guilty of romance)

In love with Megumi. Je plaide coupable !

Scène de l'année : La pipe au pilon de poulet de Killer Joe

Elle est revenue souvent celle là. Alors plutôt que d'en remettre une couche, je partage avec vous ce que Gina Gershon avait dit lors de la présentation du film au festival de Toronto en septembre 2011. Il y a une bonne dizaine d'années, on lui avait proposé de jouer la pièce au théâtre mais elle avait refusé car elle ne se voyait pas capable émotionnellement de jouer cette scène spécifique plusieurs fois par semaine. Quelques années plus tard, son agent lui dit que William Friedkin désire la rencontrer pour lui proposer un rôle dans son prochain film. Elle, super excitée, ayant toujours rêvé de jouer pour le réalisateur de L'Exorciste, s'emballe et dit à son agent qu'elle veut absolument le rôle. Ce dernier lui dit qu'elle ferait mieux d'abord de jeter un œil au script. Rien n'y fait, Gina est sur les starting blocks, prête à dire oui à William. Avant d'aller au rendez-vous, elle finit par regarder de quoi parle le film et là elle balance un « Oh, non pas l'histoire avec ce maudit poulet ». Pour finalement, passer outre ses appréhensions car tourner sous la direction de Friedkin n'a pas de prix à ses yeux.

 

Vincent Julé

Acteur : Chris Pratt

Il y a bien sûr Matt Damon, lumineux dans Nouveau départ, Michael Shannon, monumental dans Take Shelter, Denis Lavant, multiple dans Holy Motors, Matthias Schoenaerts, révélation dans Bullhead, ou encore Channing Tatum et Matthew McConaughey qui se disputent le meilleur come-back. Mais mon acteur préféré de 2012 est aussi un pari sur 2013. Parfait de justesse et d’hilarité dans les séries Everwood et Parks & Recreation, Chris Pratt est de loin le meilleur second rôle de l’année avec les films 5 ans de réflexion et l'inédit Ten Years. Il devrait encore faire des siennes en 2013, que ce soit dans le Zero Dark Thirty de Kathryn Bigelow que dans le remake américain de Starbuck avec Vince Vaughn.

Actrice : Megumi Kagurazaka

La maman et la putain.

Scène de l'année : La fin de We bought a zoo (Nouveau départ)

Matt Damon emmène ses enfants dans le café où il a rencontré leur mère récemment décédée. Un moment de cinéma parfait et bouleversant, où le film révèle son vrai sujet, sa vraie nature.

 

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