Deauville 2012 (Jour 4) : La jeunesse en perdition

La Rédaction | 4 septembre 2012
La Rédaction | 4 septembre 2012

Aujourd'hui en compétition nous avons vu le premier long-métrage d'un jeune réalisateur new-yorkais intitulé Gimme the loot (que l'on pourrait traduire par « Aboule la thune »). Encore une histoire d'amitié-amour, décidément, entre deux adolescents grapheurs et tagueurs du Bronx, d'où les parents sont encore totalement exclus. Durant 24 heures, la caméra granuleuse, brumeuse et désaturée (par moment on dirait presque un pastel) suit les pérégrinations urbaines du garçon et de la fille pour réunir la somme convoitée de 500 dollars. On pense un peu aux frères Dardenne à voir ces deux petits malins courir partout, discuter, négocier, argumenter, traficoter, voler, arnaquer, taguer, se faire dépouiller et malmener mais blaguer, jouer et draguer. La différence, et elle est de taille, c'est que le ton en est léger, badin, boulevardier même, quand on pense aux nombreuses situations comiques très réussies que propose le scénario. L'accent est mis sur les dialogues au langage extrêmement fleuri de ces personnages tout à fait sympathiques et attachants qui passent leur temps à se chambrer. Pourtant  Malcom et Sofia vont de galère en galère, de déception en déception et bien des misères leur arrivent durant le temps du récit. Le réalisateur ne fait donc pas l'impasse sur ce quotidien réaliste de la vie dans les quartiers populaires de New York mais il choisit d'en extraire toute substance violente habituellement inhérente à une telle histoire et propose ainsi autre chose aux spectateurs, une version douce et idyllique particulièrement originale de la métropole, comme une antithèse de l'amertume cubaine d'Una Noche, l'air de dire « oui ce sont des galériens mais l'espoir, le rêve, l'amour et la joie sont encore possibles, juste pas aujourd'hui » Demain peut-être ?

 

 

Séance de rattrapage ensuite car nous avions raté hier le cinquième film de la compétition, Electrick Children. Il s'agit d'une relecture/variation contemporaine de l'immaculée conception puis de la rencontre et de l'union entre Marie et Joseph dans l'Utah puis le Nevada et sa fameuse ville lumière Las Vegas. Marie est ici une petite mormone de quinze ans qui ne connaît rien de la modernité et découvre le rock and roll et Joseph est un jeune rocker skateur fugueur d'une vingtaine d'années. Là encore, la famille n'est pas belle à voir et les parents sont des étrangers néfastes dont il faut se méfier, mise à part le père biologique de la jeune fille qu'elle va retrouver au cours du récit. Scandé par la confession en off de l'héroïne, le film agace un peu par son afféterie, par la superficialité de ses scènes et la maigreur de ses personnages, mais propose quelques situations empruntes de cocasserie et d'étrangeté en confrontant le mysticisme et l'ignorance de l'ingénue et candide jeune fille enceinte au cynisme, à la moquerie et à l'incrédulité des autres adolescents. Soit le spirituel face au matériel. Le plan de fin ouvert sur l'océan et son horizon est assez beau et prolonge le sentiment d'espoir annoncé par la recomposition d'une famille idéale : Marie, Joseph et le fruit de l'Amour qui les unit, ce nouveau messie qui va peut-être réussir cette fois à sauver l'humanité en commençant par ses enfants. Grand bien lui fasse car elle en a décidément bien besoin !

 



Un leitmotiv dans ce festival puisque même les films hors compétition flirtent avec le sujet comme l'a prouvé la projection en avant-première de The Secret de Pascal Laugier (lire la critique). Un thriller qui prête à discussion et qui nous a permis de nous réconcilier via une interview (à voir ici) avec son auteur après quelques échanges olé olé suite à notre publication de Martyrs dans notre top 10 des plus mauvais films de 2008


 

Souvenir de festivalier(s)  

Paul Dano et Zoé Kazan, à l'affiche de Elle s'appelle Ruby, et accessoirement ensemble dans la vie, reviennent sur un film indépendant américain qui les a marqués.



 

 

 

 

 

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