The Amazing Spider-Man - Le jeu vidéo

Aude Boutillon | 10 août 2012
Aude Boutillon | 10 août 2012

Affirmer que les adaptations vidéoludiques de licences à succès du 8ème art trouvent rarement grâce aux yeux des joueurs relève de l'euphémisme le plus total. Le super-héros arachnéen n'aura pas vraiment échappé à la règle, traversant le temps comme les consoles à un rythme effréné (d'ailleurs encore plus soutenu que les réalisations cinématographiques à sa gloire), déchaînant rarement les passions, de la part des mordus comme des néophytes.

Si les derniers titres de la licence faisaient office d'aventures indépendantes, sortes de casse-croutes à destination de fans dans l'attente du prochain film, The Amazing Spider-Man (toujours sous les commandes des studios Beenox) situe son aventure à la fin du film éponyme de Marc Webb. Le docteur Connors précipité à l'asile après ses débordements reptiliens, la firme Oscorp s'empare des travaux du scientifique pour poursuivre ses recherches en génétique, ce que Peter Parker et Gwen Stacy, mus par un sens du devoir hors du commun (et un humour franchement limite), découvriront à l'occasion d'une évasion un brin cocasse, qui aura pour effet de menacer Manhattan d'une épidémie galopante. Pour l'endiguer, Spiderman n'aura d'autre choix que de recourir à l'aide de son ennemi de jadis, tandis qu'un autre scientifique place quant à lui tout son espoir dans la manipulation des nanobots.

 

 

Le choix d'un scénario davantage inspiré des éléments du film The Amazing Spiderman que des comic books permettront aux développeurs de s'octroyer un certain nombre de libertés, possiblement au grand dam des lecteurs de la première heure. Aux traditionnels vilains Marvel, qui seront autant de coups d'œil disséminés au long de l'aventure, s'additionnera donc une galerie d'ennemis tout droit issus des recherches en robotique d'Oscorp, qui amèneront Spidey à affronter un serpent de métal géant dans les avenues de Manhattan, ou à se débarrasser régulièrement d'encombrantes sentinelles. La combinaison de ces adversaires de métal, de sbires de la firme Oscorp armés jusqu'aux dents, de mutants à la vésicule biliaire capricieuse, et de vilains plus familiers (on retrouvera ainsi le Scorpion ou Felicia Hardy) contribuera à offrir à Spiderman un catalogue d'ennemis particulièrement varié, une diversité dont le gameplay s'efforce de tirer parti, en imposant des stratégies -toutes proportions gardées- de combat plus ou moins variées. Les promenades citadines offriront par ailleurs l'occasion de terrasser du sniper ou du malfrat entre deux missions principales.

 


 

La ville offre à ce titre un terrain de jeu relativement étendu à notre héros d'élasthanne vêtu, qui prendra plaisir à la parcourir de fond en comble, à grand renfort de toiles suspendues Dieu-sait-où. Les graphismes se révèlent très corrects (malgré un aliasing qui pique parfois les yeux), et l'on appréciera les variations apportées au profil de la Grosse Pomme, selon que l'action y prenne place le jour, la nuit, sous les affres d'un brouillard verdâtre, ou ravagée par les flammes. Une fois l'aventure achevée, il sera d'ailleurs possible de continuer de parcourir la ville dans le décor de son choix, une aubaine pour la quête des items, qui se fera bien plus aisée par un ciel d'encre. La virevolte entre buildings, indispensable (la téléportation n'ayant sa place dans le jeu), qui aurait pu s'avérer franchement pénible, s'accomplira donc en toute souplesse, au rythme d'un score héroïque à souhait, quoique pas toujours en phase avec les cinématiques (l'association de grandes envolées orchestrales à des dialogues d'une platitude affolante laissera coi à plus d'une reprise). La musique, toute réussie soit-elle, ne parviendra toutefois pas à faire oublier un doublage, qui, quoique correct d'un point de vue technique, atteint des cimes rarement  explorées en matière d'agacement, une palme étant tout particulièrement réservée aux interventions incessantes de Spiderman, qui, non content d'adopter des intonations des plus horripilantes, ponctuera chacune de ses actions d'un petit calembour bien senti (on se réjouira toutefois d'une référence cinématographique par-ci par-là, en témoigne l'amour du héros pour « l'odeur des égouts au petit matin »). Enfin, au vu de la relative réussite de l'environnement extérieur, dommage que la quasi-totalité des missions principales se déroule intra muros, où il faudra souffrir de décors décevants de répétitivité, voire de fainéantise pure et dure, et parfois franchement vilains (en témoigne la texture douteuse des substances contaminées, ainsi qu'un niveau final en partie passé dans des canalisations aux doux relents de PS1). 

 

Le jeu propose fort heureusement des missions secondaires relativement variées, et renouvelées à chaque étape franchie dans l'intrigue principale. Spidey se verra ainsi chargé par sa complice de journaliste de jouer le reporter photo et d'investiguer dans de sombres repaires, mais il aura également tout le loisir de s'allier aux forces de l'ordre le temps de missions express, de mettre fin à des méfaits divers et variés, de faire le mariole sous l'objectif des caméras, et de faire virevolter des citoyens de tous bords -contaminés et prisonniers en cavale- dans les airs. Lesdites quêtes s'avèreront, certes, un brin répétitives et peu passionnantes, mais leur variété parvient à sauver le jeu de l'ennui, et permet de pousser un peu l'exploration de la ville, l'occasion de récupérer les 700 pages de comics trainant ça et là. La durée de vie du jeu en deviendra tout à fait convenable pour sa catégorie, en atteignant une petite douzaine d'heures, qui auraient pu se voir étendues par une difficulté plus accrue. 

Cette relative liberté s'appréciera tout particulièrement au vu de la modélisation très réussie du personnage de Spiderman, dont les déplacements fluides bénéficient de chorégraphies soignées, qui trouvent tant leur place dans ses divagations aériennes que dans des combats somme toute nombreux. On remarquera rapidement que l'accent a été placé sur le dynamisme de ces derniers (sortes de bandes-démo efficaces de l'agilité du héros), contrebalançant un système sommaire au possible. Les similarités avec le système de combat des deux derniers titres de la licence Batman n'échapperont à personne... et pas franchement au bénéfice de l'Araignée. Guère de gadgets venant varier le gameplay, mais une simple combinaison action / esquive exigeant tout juste un sens du tempo passable. Il en sera de même pour les séquences d'infiltration, où l'on aura recours au spidersense du héros, avant de faucher un à un les ennemis tapis dans l'ombre, au moyen d'une unique technique d'élimination furtive consistant soit à se faufiler derrière l'ennemi, soit à l'emprisonner dans une toile en tombant du plafond. Nul besoin de cogiter des heures ; il suffira de faire le planton sur ledit plafond en guettant les gardes isolés. L'exercice aurait toutefois pu relever du challenge (les impacts de balle se révélant très douloureux), s'il n'avait souffert de l'IA particulièrement limitée des sbires d'Oscorp, et de leur mémoire toute relative. Après avoir sonné l'alerte en se faisant repérer, il suffira tout juste de passer quelques secondes hors de vue des ennemis pour que tout rentre dans l'ordre... et que Spiderman puisse reprendre son massacre précautionneux. Pour les plus paresseux, l'utilisation excessive du web rush (permettant de ralentir considérablement l'action) couplée à une certaine réactivité, suffiront à éliminer une pièce regorgeant d'ennemis armés (ou bien un toit pris d'assaut par des snipers). Le gameplay ne se trouvera pas particulièrement boosté par des améliorations sommaires et peu révolutionnaires, à de rares exceptions près. Si l'on en saluera la prise en main remarquablement intuitive, on pestera rapidement contre ses limites, frustrantes au vu des capacités du héros.

 

 

Il serait en définitive regrettable de bouder son plaisir face à un titre dont, en toute honnêteté, nous n'attendions pas grand chose, et qui s'avère relativement plaisant, du fait d'une réelle fluidité dans le gameplay et d'une action suffisamment variée pour parvenir au terme du jeu sans que l'ennui ne se manifeste. Il est d'autant plus regrettable que les divergences graphiques se fassent aussi frappantes, qu'il s'agisse du fossé entre environnements extérieurs et intérieurs, ou de la modélisation soignée de Spiderman comparée à des PNJ plus que datés. Enfin, la prise en main enfantine se serait sans embûches accommodée d'un système de combat plus travaillé.  En définitive, The Amazing Spider-Man gagne en dynamisme ce qui lui fait défaut en matière de finesse, en ayant à coeur de proposer au joueur une expérience relativement fun. Une dernière précision ? Pas de grues à l'horizon.

 

 

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