Mauvais genre 2012, suite et palmarès

Simon Riaux | 10 avril 2012
Simon Riaux | 10 avril 2012

« Partir, c'est vomir un peu. » Prétendent avoir entendu de la bouche de Benoît Delépine quelques festivaliers par l'alcool et l'émotion imbibés. Une sentence qui en impose, et résume à elle seule le précipité émotionnel que nous offrirent les dernières heures de l'incontournable rendez-vous d'un dit Mauvais Genre. L'évènement, après une semaine stratosphérique se devait de finir en fanfare. Mission accomplie, grâce à une sélection de courts-métrage qui ne laissa indifférent ni le public, ni le jury, un long-métrage australien qui sut prendre les festivaliers à revers, et une cérémonie de clôture en forme d'apothéose.

 


 

Les courts-métrages sélectionnés par Gary Constant firent honneur à leurs homologues de Mad in France, notamment Sabrina, qui conquit littéralement le public, de par son audace et son efficacité. La sélection officielle avait su choquer et surprendre jusqu'aux habitués des arcanes du genre, mais ces derniers découvrirent que nos gentils organisateurs leur réservaient en guise de dessert une bien belle surprise, intitulée Crawl. Habile mélange de genres, nappé d'un suspense implacable, l'intrigue déroule les mésaventures d'une jeune femme dont la route va croiser celle d'un tueur aussi inquiétant que cocasse, et d'un patron de bar à l'œil chaleureusement torve. L'audience fut cueillie par l'atmosphère originale de la chose, sorte de faux polar, teinté de film d'horreur, sous influence des frères Coen.

 


 

Hélas, trois fois hélas, vint l'heure de dévoiler le palmarès élaboré par les jury jeunes et professionnels, visiblement passionnés par la sélection qui leur fut proposée, et donc de consacrer la fin de cette épique sixième édition du festival Mauvais Genre.


Prix du jury jeune

Meilleur court-métrage : Sabrina de Sergio Colmenar

Meilleur film : Kotoco, de Shinya Tsukamoto


Prix du public : The Raid, de Gareth Edwards


Prix du jury

Meilleur court-métrage : Sabrina de Sergio Colmenar

Meilleur film : Heavy Girls de Axel Ranisch

Prix Spécial : Marianne de Filip Tegstedt

 


 

 

Mais la brillante idée de cette cérémonie de clôture n'avait pas grand chose à voir avec le contenu du palmarès lui-même. Nos gentils organisateurs décidèrent de tenter le tout pour le tout pour joindre les lauréats par Skype durant la cérémonie, afin de diffuser en direct leur réaction, sur le grand écran du Petit Faucheux. Et croyez bien que l'émotion d'un Tsukamoto découvrant à 4h30 du matin (heure japonaise) une salle en pleine standing ovation, ou d'un jeune réalisateur allemand sidéré de voir l'intérêt suscité par son labeur sont autant de sommets électrisant tels que peu de manifestations culturelles sont aujourd'hui à même d'en proposer, à leur public, ainsi qu'aux artistes mis en avant.

 


 

Aussi forte que fut cette dernière soirée, aussi passionnante que se révéla l'ultime after, aucun doute n'était permis, il semblait de plus en plus évident que Mauvais Genre touchait à sa fin. Chacun y alla de sa petite idée pour prolonger l'expérience : perdre son billet de train, subvertir les bénévoles, agresser jusqu'aux appartements privés de Gary Constant pour le convaincre de lancer immédiatement une septième édition... Mais rien n'y fit, les jurés devaient rentrer à reculons sur Paris la grise, et votre serviteur ne pouvait plus longtemps se soustraire à l'emprise de Laurent Pécha, son rédacteur en chef préféré.

Pour autant, on n'est prêt d'oublier le formidable investissement de tous les bénévoles, présents, disponibles, souriants, curieux et infatigables, leur bonne humeur, leur engagement dans un événement qui chaque année se révèle un peu plus indispensable. À l'heure où la production cinématographique se veut de plus en plus formatée, Mauvais Genre fait figure de havre de paix, de crique ensoleillée, où peuvent débarquer comme autant de pirates des quarterons de cinéphages perdus pour le bon goût. Que tous ceux qui attendent avec fatalisme que la production et la distribution française se réveillent prennent leur fondement à deux mains, et passent par Tours, où chaque année les sauvageons de la cinéphilie se regroupent, histoire de balancer un homérique coup de pied au cul d'une institution grabataire. À tous ceux qui chaque année rendent cette exploit possible. Un grand Merci.

Laissons une nouvelle fois le mot de la fin à Benoît Delépine, président du jury : "'tain. Dès que je tue quelqu'un, je reviens ici. Promis."

 


 

 

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