Sitges 2011: Jour 7

Patrick Antona | 14 octobre 2011
Patrick Antona | 14 octobre 2011

Une semaine que la petite Dream Team d'Ecran Large est présent sur Sitges pour l'édition 2011 de son Festival et il va sans dire que, même si l'engouement est toujours présent, la fatigue commence à se faire un peu sentir. Ce qui est un peu incompatible avec une manifestation qui commence à prendre sa vitesse de croisière, après les quelques atternoiements du début, d'où des choix cornéliens à faire pour savoir quel film on doit privilégier pour telle ou telle séance, ce qui est parfois rageant du fait des hasards malheureux du calandrier... et de l'état de son cerveau à activer au petit matin pour bien trancher !

Second film d'un des derniers petits chéris du cinéma fantastique espagnol (on capte à Sitges qu'il y a vraiment un engouement et une fierté de posséder une telle niche de nouveaux talents castillans et catalans), le Extraterrestre de Nacho Vigalondo avait de quoi dérouter. L'auteur de l'excellent Time crimes attaque cette fois ci le sujet de la paranoïa suscité par une invasion extra-terrestre sous l'angle de la comédie romantique... à moins que cela ne soit le contraire! Basant son ressort comique sur un quiproquo qui va impulser un scénario bien huilé, un peu à la Dîner de Cons, Extraterrestre réussit à faire rire surtout grâce à des dialogues et son quatuor de comédiens tous impeccables, une mention spéciale à Carlos Aceres (révélation du Balada Trista d'Alex de la Iglesia)  certes un peu sous-exploité en voisin jaloux et soupçonneux, mais qui prouve qu'il est un comédien à suivre. Mais il faut prévenir les fans de Independence Day et autres Skyline en attente de voir l'annihilation totale de Madrid de passer leur chemin, Nacho Vigalondo s'amusant à brouiller les cartes en nous amenant à une conclusion toute en finesse et en ironie.

  



Entrant aussi dans la catégorie des films qui réussissent à nous prendre à rebrousse-poils, le Red State de Kevin Smith s'avère être aussi une réussite d'un autre genre. Survival violent et haletant ? Pamphlet politique et anti-religieux? Sans trop déflorer le sujet, on peut dire que Kevin Smith assume sa thématique sans faille, osant faire le portrait d'une Amérique bien blafarde qui a mis ses idéaux démocratiques en berne et s'octroie de jolies moments de mise en scène malgré un budget que l'on sent bien léger, en regard des critères hollywoodiens. Et qui dit Kevin Smith, dit des réparties et des morceaux de dialogues épiques, et Red State assure bien son lot de ce côté-là, certes avec parfois un peu trop d'emphase (le discours du pasteur fou Michael Parks marque un peu le coup) mais d'autres moments s'avèrent être de purs régals, et nous rassurent sur le talent et l'énergie du Monsieur, qui nous avait un peu inquiétés avec sa bien terne comédie Top Cops. Kevin Smith rules !




À aussi ranger dans la catégorie des thrillers violents et perturbants, le Kill List de l'anglais Ben Weathley a réussi à diviser le public catalan, certains ayant été dérouté par la rupture de ton entre une partie randonnée sanglante des deux tueurs qui font un sacré ménage dans un réseau pédophile et une dernière partie qui arrive sur les terrains insoupçonnées du survival. Mais ce qui restera du film du téléaste britannique (dont la carrière cinéma est bien lancée après ce petit coup d'éclat), c'est une vision sans équivoque et bien hargneuse d'une violence à l'anglaise, pouvant passer aisément de moments calmes à d'autres plus survoltés, et qui arrive à nous laisser sur le carreau. 

Dans le genre cinéaste à privilégier l'atmosphère et la montée de la tension, l'américain Ti West nous avait fait déjà fait montre de son talent avec House of the Devil présenté à Gérardmer en  2010, et disponible en DVD. Délaissant les histoires de tarés satanistes voulant sacrifier une vierge, il nous emmène avec The Innkeepers dans les chemins bien balisés d'une Ghost Story classique dont l'action prend part dans une pension d'hôtel. Porté quasi-intégralement par les frêles épaules de la mignonne Sara Paxton (Shark 3D, La Dernière maison sur la gauche  version 2009), le film de Ti West ne se départit jamais d'une mise en scène élégante et fluide, laissant court au début à une peinture presque comique de la peur ressentie par une employée, qui cherche à découvrir les sombres secrets de son lieu de travail, juqu'à une dernière partie qui fera monter la peur en crescendo. On aurait aimer avoir parfois avoir eu un scénario plus étoffé et ne pas souffrir d'un arythmie qui peut s'avérer frustante, mais le bougre sait y faire pour distiller quelques beaux moments de trouille, et voir la salle du Retiro de Sitges réagir à ces moments clés est assez rare pour démontrer que The Innkeepers a plutôt touché son cœur de cible.

 



On passera un voile bien pudique sur la déconfiture artistique et technique du Shaolin de Benny  Chan qui accumule les ratages depuis New Police Story en 2004, et on va se concentrer sur le cas Sector 7, dernier grand film de monstre sorti des studios sud-coréens. Alors ici on a droit à un véritable défilés de poncifs et d'emprunts à tous les films de genre où une petite communauté est en but aux attaques d'une créature monstrueuse et vindicative, ici coincée en pleine mer sur une station off-shore. Tel un enfilage de perles sont cités quasiment dans l'odre The Thing, Aliens, Splice, The Host bien sûr, mais on peut aussi trouvé des relents de Torque voire de Howard the Duck ! Tourné en 3D, et profitant sur la réputation d'une bande promo spectaculaire qui a marqué les esprits à Cannes, Sector 7 est plutôt pénible à suivre, ne réussissant jamais à dépasser ses modèles, et ne propose qu'un final à rebondissements en cascade à se mettre sous la dent, et la vision de la belle et badass Ji-won Ha (Duellist), seule actrice à émerger d'un casting bien terne.

 

 

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