Sitges 2011: Jour 3

Patrick Antona | 10 octobre 2011
Patrick Antona | 10 octobre 2011

Un beau dimanche ensoleillé sur les rivages méditerranéens, avec une mer bleue et une température qui donne envie à tout le reste de l'Europe, voilà qui permet de planter le décor de Sitges où il semble bon vivre mais où les envoyés d'EL préfèrent (pour l'instant) se confiner aux salles obscures pour essayer d'ingurgiter le plus de péloches possibles.

Pour commencer, une jolie sucrerie que ce documentaire Bollywood : The Greatest Love Story Ever Told consacré au cinéma qui fait frémir de plaisir plus de deux milliards de spectateurs à travers le monde (dont votre serviteur). Même si le traitement choisi par les auteurs ne permet pas de saisir le pourquoi de l'étendu du succès de cette machine à rêve du cinéma indien, le format qui se résume à une succession d'images les plus iconiques du genre finit par engendrer une forme d'accoutumance hypnotique, même si il manque un certain fond "culturel" pour vraiment y adhérer. Les afficiondas peuvent y trouver leur compte, les autres risquent de trouver ceci bien indigeste et parfois abscon.

Production Roland Emmerich en langue allemande, et premier long de Tim Fehlbaum tout juste sorti de son école de cinéma, Hell se range aisément dans la catégorie des bonnes histoires de post-apos où l'homme est un loup pour l'homme, et pour la femme aussi, dixit Patrick Swayze.Situé dans un futur où la Terre a subi les affres d'une éruption solaire qui a calciné la surface, Hell suit les pérégrinations d'un quatuor assez mal assorti qui va devoir trouver les ressources altruistes nécessaires pour survivre au milieu de barbares dans ce survival efficace et plutôt bien troussé. Filmé sous des teintes surexposées pour signifier la prédominance d'un soleil meurtrier, il bénéfice en outre de la beauté malheureusement réaliste de décors naturels localisés en Corse, reliquat d'incendies, qui sont pour beaucoup dans la stylisation d'une oeuvre qui emprunte autant à La Route qu'à Mad Max

 



Les succès de Jaume Balagueró et Alex de la Iglesia ayant entrainé un renouveau profond du  fantastique local, permettant à la production de s'ouvrir de plus en plus à de nouveaux auteurs, il est évident que cela ne peut pas engendrer que du bon à tous les coups. La preuve avec Verbo, un film qui était attendu par les amateurs de Eduardo Chapero-Jackson, spécialiste du court-métrage multi-primé. Variation retro-futuriste de Alice au Pays des Merveilles aux forts accents de Matrix et de Dark City, tentant de faire le grand écart entre exploitation des cultures urbaines et du malaise des adolescents des cités, Verbo se trouve être au final un pensum assez verbeux (elle était facile celle-là), copié-collé de séquences des films pré-cités et qui flirte bien souvent avec le ridicule, bien loin de l'ode à la révolte contre la déshumanisation qu'il était censé incarné. Reste la révélation de la jeune Alba García qui aura sûrement une belle carrière devant elle.

 

 

À Sitges en 2009, l'horrible Tetsuo: The Bullet Man avait signifié la dégénérescence du talent de Shinya Tsukamoto (Tetsuo I et II, Tokyo Fist). Il semble malheureusement que le réalisateur nippon continue dans cette voie, même si le sabordage est moins tragique. Parodie sanglante et pathétique du genre de la comédie romantique à la japonaise, Kotoko nous entraîne dans les méandres de la psychose de l'héroïne en titre que tente de sauver malgré elle un soupirant énamouré et masochiste interprété par Tsukamoto lui-même. Mis à part deux fulgurances bien senties, ce drame urbain à petit budget tourné en caméra DV souffre de trop d' approximations et d'auto-indulgence (les insupportables parties chantées!) pour être vraiment honnête, et montre la perte d'inspiration d'un auteur qui semble bien être dépassé. En regard d'un Sono Sion (qui est présent à Sitges avec Himizu et Guilty of Romance) qui devenu le grand réalisateur subversif prompt à nous mettre une claque à chaque coup, la chute de Tsukamoto semble désormais bien dérisoire.

 



En dehors du cinéma japonais bien présent, l'autre cinéma asiatique d'importance à Sitges cette année est celui venu de l'Empire du Milieu. Nous y reviendrons sûrement plus longuement au moment de  leurs sorties prévues en France mais on peut d'ors et déjà avertir que Sex and Zen 3D: Extreme Ecstasy et The Sorcerer and the White Snake sont de belles déceptions. Remakes de films-phares du cinéma HK des années 90, le premier dans la catégorie III grivoise, le second dans la fantasy se basant sur la mythologie bouddhiste, les deux productions chinoises de 2011 se caractérisent par une facture numérique assez moche et par un irrespect de leur matériel d'origine qui expliquent bien leur échec. Si ce n'est pas trop grave pour Sex and Zen 3, le film mélangeant le wu xia pan, l'horreur et le cul de manière complèrement anarchique, permettant de piocher ici ou là quelques séquences qui pourront contenter le petit fan d'exploitation qui sommeille en nous, cela devient plus problématique concernant The Sorcerer and the White Snake qui conjuguent en pure perte les talents du réalisateur Siu-Tung Ching et de Jet Li. Il est évident que les studios de SFX chinois ne sont pas encore armés pour pouvoir concurrencer les effets numériques concoctés en Occident, mais ici la soupe numérique est bien trop mise en avant pour habiller une fantasy dont les accents mièvres et les interprètes falots sont d'autant de défauts qui nous font regretter les merveilleux temps de Histoire de Fantômes Chinois et de la saga Swordman

 

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