Desperate Housewives - Saison 7

Aude Boutillon | 21 juin 2011
Aude Boutillon | 21 juin 2011

Les scénaristes de Desperate Housewives sont décidément des petits malins : après avoir expérimenté à peu près toutes les formules imaginables, et constaté que les nouveaux venus ne suscitaient décidément pas un engouement  du feu de Dieu auprès du public, ils se seront cette fois-ci rabattus sur une solution qui avait fait ses preuves avec l'arrivée de Katherine Mayfair : le retour en grandes pompes d'un ancien résident de Wisteria Lane. La sixième saison s'achevait sur cette révélation mystérieuse ; un ancien habitant entendait bien reprendre sa place dans le quartier, au grand dam de ses voisins, qui le préféraient de loin derrière les barreaux. Un retour aux sources salvateur ? Loin s'en faut, puisque l'initiative a principalement pour conséquence d'imposer une comparaison criante entre la grande qualité passée de Desperate Housewives et le marasme qui la caractérise actuellement,  noyée qu'est la série dans cet océan de sous-intrigues avortées et de redéploiement de problématiques bilbiques (vengeance, rédemption) incessantes.

 


 

Car le personnage central de cette septième saison n'est autre que Paul Young. Mais si, souvenez-vous : dans la très lointaine et trépidante première saison de Desperate Housewives, Mary-Alice se suicidait, dans l'incompréhension générale. On apprenait finalement que Martha Huber en était la responsable, en raison du chantage qu'elle faisait peser sur sa voisine, dont l'époux dévoué assassinait celle qu'il considérait comme la meurtrière de sa femme. De représailles en représailles, la sœur de Martha, Felicia, tendait un piège à Paul afin de le mettre hors d'état de nuire, en sacrifiant deux de ses doigts, qu'elle plaçait à l'arrière de la voiture de Paul.

 

 

L'idée de faire ressurgir un protagoniste central des grandes heures de Desperate Housewives est symptomatique de la sombre période que traverse la série depuis quelques années. Et malheureusement, la tentative ne se montrera pas plus fructueuse que les précédentes, le show s'engonçant un peu plus dans des trajectoires effleurées par le passé, sans rien apporter de nouveau (ou presque). Ainsi, Suzanne et Mike doivent faire face à des problèmes financiers, qui vont amener la première à accepter un travail... inhabituel. Les Scavo devront composer avec la nouvelle carrière de Tom. Bree, abandonnée par Orson, s'éprend cette fois d'un très jeune homme interprété par Brian Austin Green ("Hiiiiii", hurlerons les nostalgiques de Beverly Hills). Assister au spectacle du dévergondage progressif de cette dernière n'est pas dénué d'intérêt, mais ne parvient jamais à susciter l'adhésion complète. Au final, seul un de ces couples entamera un virage radical mais logique au vu de l'évolution de la saison, et révélateur d'une certaine prise de risque, si tant est que l'on n'assiste pas à un énième retournement de situation....

 


 

La palme du pathos revient cette saison-ci à Gabrielle et Carlos, dont l'une des horreurs, pardon, petites filles, se révèle être la progéniture d'un autre couple (on se disait aussi). La pauvre Gaby n'est franchement pas aidée, affublée de scènes embarrassantes, voire franchement ridicules (la "métaphore" de la poupée, si tant est que le qualificatif soit encore approprié, est tout simplement affligeante). La conclusion de cet arc, injustifiée au possible, repropulse notre couple de latinos à la case départ avec pour mot d'ordre : « ne mentionnons plus JAMAIS cet épisode, c'est compris ? ». Oh que oui.

Passons rapidement sur l'introduction d'un nouveau personnage (en premier plan sur la photo de promo, on se demande pourquoi), vieille amie de Lynette, mais surtout pâle copie d'Edie Britt, dont on était pourtant parvenu à faire le deuil, et n'apportant strictement rien à l'intrigue. Cette initiative est une nouvelle démonstration de la multiplication d'histoires périphériques qui peinent à passionner, quand elles ne sont pas tout simplement jetées aux oubliettes en l'espace de deux épisodes (les problèmes d'alcool d'Andrew, le retour de Zach).

 

Le retour de Paul Young, de son côté, n'est pas indéfendable. Amer de l'absence de compassion de ses anciens voisins, confronté aux regards accusateurs, Paul adopte rapidement une posture arrogante, voire inquiétante, et le suspense relatif à ses manigances pleines de rancœur est plutôt bien géré. Ces plans machiavéliques donneront lieu à un épisode un cran au-dessus des autres, voire très bien construit, qui aborde la question de la sécurité, voire de la paranoïa de la classe moyenne américaine, avant de dépeindre un Fairview explosé par une émeute haineuse, dont tous ne sortiront pas indemnes. De même, Felicia Tilman ramène sa face de folle furieuse pour quelques séquences de confrontation réjouissantes. Mais l'intrigue se situe davantage au niveau du point qui les relie l'un à l'autre, et qui ne parviendra pas à ménager la surprise bien longtemps. Qu'ils sont loin, les cliffhangers insoutenables et les révélations que personne ne voyait venir... 

 

 La saison s'achève finalement sur une note étonnamment sombre, car considérablement plus sobre que les doubles épisodes bardés de péripéties et de décès-surprises auxquels on a pu avoir droit par le passé. La rupture d'un lien que l'on croyait indéchirable, un renouement dans le drame, la solidarité face à la menace, sont autant d'éléments qui s'annoncent plutôt positifs pour la suite de la série, dont la fin définitive a été annoncée pour l'année prochaine. Une décision bien sage, quoique tardive, qui offrirait enfin à Desperate Housewives le series finale pétillant, nostalgique et réjouissant qu'elle mérite bien.

 

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