Le Forum des Images fabrique du temps

Nicolas Thys | 2 décembre 2010
Nicolas Thys | 2 décembre 2010

Etienne Klein est un physicien de renommée internationale. Spécialiste de physique quantique, de physique des particules et philosophe des sciences, il a également écrit de nombreux ouvrages de vulgarisation. Ce n'était donc pas la personne qu'on s'attendait le plus à voir au Forum des images dont il sera pourtant l'un des grands invités jusqu'au mois de février. Comme le signalait Laurence Herszberg, la directrice générale, il est rare de recevoir un physicien en ce lieu de haute cinéphilie.

 

Pourtant, les liens entre le cinéma et les sciences et en particulier entre le cinéma et la physique ne sont plus à démontrer depuis longtemps. Quelques simples questions les concernent autant l'un que l'autre et ce depuis les origines du septième art qui est, rappelons le, pratiquement contemporain des grandes révolutions einsteiniennes du début du 20ème siècle et de la remise en cause des conceptions antérieures de l'espace-temps. Art du temps et de l'espace, le cinéma s'est toujours amusé avec ces deux notions, les étirant, les accélérant, les ralentissant, jouant avec comme un enfant avec de la pâte à modeler afin d'en créer des formes parmi les plus imaginatives, étranges et étonnantes.

 

 

Ainsi, demander à un physicien tel qu'Etienne Klein, qui s'est tout au long de ses ouvrages longuement et régulièrement intéressé aux problématiques temporelles, d'être le parrain d'un cycle consacré à La Fabrique du temps, est une excellente initiative en plus d'être originale. Confronter la science et l'art est malheureusement trop rare, davantage encore lorsqu'il s'agit du cinéma et à tout ceux, cinéphiles ou scientifiques, qui s'intéressent à ce sujet, ainsi qu'à tous les dilettantes et aux curieux, il ne sera que trop recommandé de se précipiter à cette rétrospective.

 

De plus, Etienne Klein a beau être physicien, il est loin des stéréotypes du savant fou ou du professeur rigide et sec que l'on imagine souvent dans sa tour d'ivoire. C'est au contraire un individu charismatique, plein de répondant et passionnant à plus d'un titre qui sait en quelques minutes à peine donner une petite leçon de cinéma à contre courant de tous les discours habituels. Il l'a démontré en prélude au film d'Harold Ramis, Un jour sans fin qui ouvrait officiellement ce cycle, par un savoureux mélange d'humour et de philosophie.

 

Jusqu'au 24 février, ce sont donc plus de 116 films, fictions ou documentaires, courts ou longs, tous genres ou nationalités confondues qui vont se succéder sur les écrans. L'ensemble, dont on ne peut qu'apprécier la diversité, sera découpé en sept parties chacune s'amusant avec le temps d'une manière différente.

 

 

Le premier, Le Cycle des saisons durera jusqu'au 9 décembre et présentera des œuvres comme Tout ce que le ciel permet de Douglas Sirk, Les Glaneurs et la glaneuse d'Agnès Varda ou la plus rare Symphonie paysanne d'Henri Storck. Suivra, du 10 au 19 décembre, un parcours intitulé Les Ages de la vie et des films évidents comme L'Etrange histoire de Benjamin Button de David Fincher ou L'Homme sans âge de Francis Ford Coppola mais aussi des fresques comme Colonel Blimp de Michael Powell et Emeric Pressburger ou le Molière d'Ariane Mnouchkine. Du 22 décembre au 7 janvier, la troisième partie et peut-être la plus attendue concernera Les Voyages dans le temps. Se côtoieront alors Terminator de James Cameron, L'Armée des douze singes de Terry Gilliam ou le Je t'aime, je t'aime d'Alain Resnais.

 

Le mois de janvier comportera deux thématiques. Du 8 au 16, Les paradoxes du temps dans lequel notre subjectivité liée à la perception du temps sera représentée par quelque errance comme L'Eclipse de Michelangelo Antonioni ou des films comme La Captive du désert de Raymond Depardon et Duel de Steven Spielberg. Le Flash-back aura droit à son moment du 19 au 27 janvier avec par exemple Citizen Kane d'Orson Welles, Le Jour se lève de Marcel Carné ou Reservoir Dogs de Quentin Tarantino.

 

Février conclura ce cycle en deux parties. Du 9 au 18, une thématique proustienne : Le temps retrouvé. Y défileront notamment, Vertigo d'Alfred Hitchcock, Les Fraises sauvages d'Ingmar Bergman ou le beau Of time and the city de Terence Davies. C'est une Soif d'éternité qui terminera l'ensemble avec Sunset boulevard de Billy Wilder, Brigadoon de Vincente Minnelli ou le récent film de Julie Delpy La Comtesse.

 

 

Parmi les autres films à voir absolument signalons simplement quelques raretés comme Chronopolis de Piotr Kamler, Sandra de Visconti, Paris n'existe pas de Robert Benayoun ou Les Saisons Artavazd Pelechian. On regrettera juste la présence de certains films dont la réflexion sur le temps est assez pauvre comme Juno de Jason Reitman et l'absence d'œuvres plus marquantes à ce sujet comme, récemment, Mr. Nobody de Jaco van Dormael, les films de Jean Epstein, grand théoricien du temps au cinéma et en particulier de Retour vers le futur de Robert Zemeckis !

 

Mais le forum des images ce n'est pas que des films montrés. C'est aussi un dialogue permanent entre des intervenants et les spectateurs. Ainsi on pourra écouter Etienne Klein présenter Place aux jeunes de Leo McCarey et s'entretenir avec le philosophe et sinologue François Jullien le 15 décembre ainsi qu'avec l'ethnologue Marc Augé le 26 janvier. André Téchiné sera également présent pour une master class et la projection de quatre de ses films les 15 et 16 janvier. Antoine de Baecque présentera en avant première le prochain film de Manoel de Oliveira, L'Etrange affaire Angelica, le 9 février. Plusieurs cours autour d'un film seront également dispensés chaque vendredi par des spécialistes.

 

Pour les horaires des séances et davantage de renseignements, veuillez vous rendre ici et .

 

Chronopolis de Piotr Kamler

 

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