Hunger : critique

Sandy Gillet | 24 novembre 2008 - MAJ : 16/08/2018 12:14
Sandy Gillet | 24 novembre 2008 - MAJ : 16/08/2018 12:14

C'est auréolé d'une Caméra d'or au dernier Festival de Cannes (qui récompense le meilleur premier film toutes sélections confondues) et précédé d'une réputation critique assez dithyrambique qu'Hunger débarque sur nos écrans.

Beaucoup a déjà été écrit et dit depuis mai dernier : claque visuelle, film coup de poing, révélation de l'année pour son cinéaste anglais... Bref le film et son auteur croulent sous les superlatifs les plus définitifs et s'assurent déjà une notoriété incontestable dans le cercle très fermé de la critique bien pensante à tendance parisiano-parisienne et affiliée. Pour les autres et bien le mieux c'est encore d'aller juger sur pièce, ce que nous avons fait et que de toute façon nous conseillerons toujours de faire. Pour les plus sceptiques, les quelques impressions écrites qui vont suivre devraient ranimer leur curiosité, enfin on l'espère !

Car non loin de nous l'idée de se la jouer du genre : « nous on n'a pas aimé et on va vous expliquer ce que c'est le vrai cinéma ». Car Hunger est bien un film qui ne peut laisser indifférent.

 

 

D'un point de vue plastique d'abord qui permet à son réalisateur Steve McQueen (une homonymie qui devrait l'aider à se faire connaître du grand public) d'affirmer ses influences et ses origines (l'homme est déjà connu et reconnu dans l'univers de l'art contemporain et a déjà exposé ses œuvres dans les musées le plus prestigieux). Son film n'offre en effet à voir pas plus d'une cinquantaine de plans (les adeptes de Michael Bay et autres « Paul Jason Bourne Greengrass style » pourront en effet passer leur chemin) dont un morceau de bravoure de plan séquence ahurissant de 22 minutes et une photo assumée qui va du glauque monochrome à l'élégiaque solaire.

D'un point de vue fondamental ensuite. Belle gageure en effet (à méditer de par chez nous) pour un sujet de sa Majesté de vouloir aborder une période assez sombre de son histoire contemporaine quand au début des années 80 la confrontation entre la Grande-Bretagne et l'IRA était çà son pic. Belle gageure en effet que de vouloir mettre à nu l'histoire de Bobby Sands, mort dans la prison de Maze des suites d'une grève de la faim (« hunger » en anglais) afin de forcer le gouvernement de la Dame de fer à reconnaître aux prisonniers politiques de l'IRA un statut particulier et non de les confondre avec des prisonniers de droit commun.

 

 

Une belle gageure « indeed » mais dont le principal écueil non évité est de trop faire la part belle à la forme. Il suffit de voir avec quelle rigueur McQueen a découpé son film en trois parties bien distinctes : arrivée en prison quasi sans dialogues, brimades quotidiennes accompagnées d'une logorrhée de paroles et de ce plan séquence central, grève de la faim « sourde et muette ». De cette structure narrative sans failles on ne ressort certes pas indemne mais pas totalement bouleversé car trop conscient du spectacle auquel il nous a été donné d'assister. Et c'est donc bien là tout le paradoxe d'un film peut-être trop réussi et maîtrisé pour s'y laisser aller totalement.

On ne saurait dire ce qu'il manque à Hunger. Un supplément d'âme serait certainement trop présomptueux (et la formule est de toute façon par trop éculée), ou est-ce simplement un supplément de vie ?

 

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