Critique : Chop Shop

Thomas Messias | 23 octobre 2008
Thomas Messias | 23 octobre 2008

Chop shop constitue le complément idéal au beau Khamsa de Karim Dridi. Les deux films ont en commun leur approche et leur héros, jeune garçon ayant grandi plus vite que prévu par la force des choses. Sauf que là où le Marco de Khamsa choisissait tout net la voie du banditisme et de l’autodestruction, son homologue Aléjandro avance à pas feutrés pour se faire sa place, tombant forcément un peu dans l’illégalité mais se considérant comme un citoyen lambda, avec des droits, des devoirs et des envies. Chop shop est un film sur le rêve américain et la façon qu’a chacun de l’entretenir. Aléjandro prépare tant bien que mal son avenir, s’imagine finir du bon côté de la barrière, et travaille dur pour cela. Bien entendu, tout n’est pas aussi simple, mais le léger optimisme du film – qui est cependant loin d’être guilleret – lui donnent une tonalité toute particulière.


Les entrepôts et les garages où Alé passe sa jeune vie, Ramin Bahrani les filme avec un réalisme teinté de tendresse, adoptant régulièrement des angles larges pour montrer que l’univers ne se réduit pas à quelques carcasses de voitures. On sent poindre l’influence du grand Edward Hopper, peintre d’une Amérique singulière jusque dans la disposition de ses bâtiments. S’il est moins exaltant que le film de Dridi, Chop shop est aussi plus satisfaisant, de par son refus de tout crescendo dramatique. Et Bahrani de confirmer les belles promesses de Man push cart, son premier long. On tient là un cinéaste à suivre, car capable de décrire avec style mais sans donner l’impression d’exploiter la misère de ses personnages pour en faire une œuvre d’art. Ça s’appelle l’humanité.

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