Top des meilleures scènes de sexe - n° 24 & 23

Vincent Julé | 30 juin 2010 - MAJ : 14/12/2023 14:15
Vincent Julé | 30 juin 2010 - MAJ : 14/12/2023 14:15

Après vous avoir proposé nos classements des meilleurs films d'horreur puis des meilleurs films de science-fiction, l'équipe d'Ecran Large s'est très longuement réunie pour délibérer et choisir ses 25 meilleures scènes de sexe de l'histoire du cinéma. Deux mois de gestation - il a bien fallu revoir les dites séquences pour que le vote soit le plus éclairé possible - pour un classement qui prêtera forcement à débat.

Et comme on ne change pas une formule qui gagne, on a fait appel à notre guest préféré, le réalisateur Vincenzo Natali pour commenter notre classement. Un choix d'autant plus logique que son Splice qui sort cette semaine, offre l'une des scènes de sexe les plus troublantes vues sur un écran de cinéma de récente mémoire.

N°25  : Mickey Rourke a de la chance !

 

 

24Les Prédateurs (1983) de Tony Scott 

 

 

Vincenzo Natali : « Deux icônes de la beauté s'adonnant à une scène de sexe à la fois lesbienne et vampirique, qui plus est shootée par Tony Scott comme s'il s'agissait d'une pub Chanel ! Comme vous voulez que je commente ce qui rapproche le plus de la perfection ? It's mana from the gods ! »

 

Jeune frangin de Ridley Scott, ayant fait comme lui ses classes dans le monde de la pub, Tony se lance dans le cinéma en 1983 avec cette histoire de vampires classieux et millénaires au casting 3 étoiles : Catherine Deneuve, David Bowie et Susan Sarandon. S'il s'inspire directement de l'esthétisme pub, avec ses philtres et ses éclairages tamisés, ses tentures tout droit sorties d'un catalogue de mode, il est indéniable que son style éthéré colle parfaitement au récit horrifique qui tente de renouveler le genre à l'aube des années 80. Car ici, point de canines proéminentes, pas d'agressions au clair de lune ni de cape noire, le processus vampirique n'est qu'un moyen de survie pour ces deux amants immortels, Miriam et John (Deneuve et Bowie, plus que hype dans leurs postures) et qui assurent leurs subsistance en se nourrissant du sang de leurs malheureux partenaires rencontrés au gré de leurs pérégrinations nocturnes. Mais la vitalité de John commencera à décliner inéluctablement, obligeant Miriam à se chercher un nouveau partenaire pour traverser les époques, et ce sera une partenaire en l'occurrence sous la forme du Docteur Roberts (Susan Sarandon), à la coiffure terriblement tendance qui nous renvoie à l'époque du top 50 et du look de Jeanne Mas.

Ajouter à ce cocktail chic et choc un fond de musique classique, des voilages qui dissimulent si peu les formes des actrices et vous obtiendrez un des plus jolis clips, pardon extraits de la filmographie du futur réalisateur de Top Gun et de True Romance, et dont le style sera abondamment copié dans les années à venir dès que deux femmes se livreront à des ébats sexuels. Devenu icône gay du jour au lendemain (pour David Bowie la cause était entendue depuis Ziggy Stardust !), Catherine Deneuve fit interdire la parution d'un magazine qui ambitionnait de récupérer son nom pour le titre. Mais puisque l'on vous dit que tout çà c'est de la comédie !

 

Affiche

 
 
23Les jours et les nuits de China Blue (1985) de Ken Russell
 


 

Vincenzo Natali  : « Je suis désolé, j'aime les films de Ken Russell mais il s'agit là de la pire scène de sexe que je n'ai jamais vue. Oui, Kathleen Tuner est incroyablement sexy, mais le mec au-dessus donne l'impression de baiser un bout de bois. Il n'y a aucune alchimie entre eux et le concept du changement de position au gré de la lumière de néon est on ne peut plus kitsch. »

 

Cinéaste de la transgression et du baroque, l'anglais Ken Russell accouche en 1984 d'un de ses sulfureux chefs d'œuvre, Les Jours et les Nuits de China Blue (Crimes of Passion en VO), portrait décadent, irritant, émouvant et sacrément excitant d'une styliste coincée nommée Joanna, qui se transforme en pute complètement barrée une fois la nuit tombée, la fameuse China Blue. Dans ses aventures sexuelles nocturnes, elle croisera la route de Bobby, petit détective qui enquête sur Joanna, suspectée d'espionnage industriel, et surtout le révérend Peter Shayne qui la harcèle pour la faire revenir dans le droit chemin. Véritable consécration du potentiel physique de Kathleen Turner (qui avait déjà fait monter l'érectomètre assez haut dans La Fièvre au corps en 1981) et qui en fera un des sex-symbols des 80's, le film de Ken Russell est une suite de séquences délirantes et colorées, entre vulgarité assumée et fulgurance esthétique, plus crues les unes que les autres, et où l'humour n'est pas absent. Véritable metteur en scène de sa sexualité débridée et inventive, China Blue se travestie en fonction de ses clients pour assouvir leurs phantasmes, les siens aussi où elle explore les limites de sa schizophrénie, et est un ravissement pour les yeux du voyeur qui sommeille en nous.

Elle se délecte d'un cunnilingus affublée d'une tenue de Miss complètement ringarde, elle se fait violer en surprenant un supposé cambrioleur, elle se déguise en bonne sœur au langage salace, elle se fait embarquer par un vrai policier et retournera la situation en se transformant en maîtresse SM (le flic finira par se faire sodomiser par sa propre matraque !), etc... La constante dans ses scènes vient du fait que les clients apparaissent toujours dans la pénombre qui les rend quelque peu non identifiables. Alors que dans le sketch de l'hôtesse de l'air, c'est China Blue qui apparaît dans le clair-obscur, et non son partenaire, alors qu'elle dicte ses « recommandations de vol », permettant une identification plus aisée pour le spectateur mâle.

De même que la majorité des ébats habituels de China Blue se passe souvent sans retenue et dans une forme de joyeux désordre (en apparence seulement), ici la scène d'amour suit une forme de rituel sensuel, presque kitsch, avec cette succession de tableaux érotiques où le couple apparaît en ombres chinoises derrière un rideau. Mais cette jolie protection fait plus que révéler en fait les talents kamasutresques de Kathleen Turner, et l'on finit même par comprendre qu'elle arrive à se payer un vrai orgasme, presque apaisant au regard des exubérances nymphomaniaques auxquelles elle nous avait habituées. Mais la dramatisation n'est pas absente de la séquence où nous est aussi révélée l'attraction morbide qu'elle exerce sur la pasteur Shayne (Anthony Perkins, dans un de ses meilleurs rôles de psycho), prélat hypocrite et voyeur qui excite sa propre culpabilité en épiant les ébats amoureux de la belle China Blue.

Spécialiste des scènes de sexe explicite criantes de vérité (à voir aussi dans cette catégorie Julia & Julia avec Sting), Kathleen Turner avait expliqué dans le magazine Playboy en 1986, pour qui elle avait posé d'ailleurs, comment elle arrivait à obtenir une telle intensité dans son jeu de corps : et bien c'était abstinence totale pendant une semaine avant le tournage de la scène pour laisser exploser sa créativité ! Tant d'abnégation pour le métier de comédienne ne peut laisser qu'admiratif et plus que rêveur.

 

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