Critique : Séraphine

Jonatan Fischer | 1 octobre 2008
Jonatan Fischer | 1 octobre 2008

Plutôt méconnue du grand public, Séraphine de Senlis fait l’objet d’un « biopic d’auteur » signé Martin Provost. Dans ce film humble et tout en distances, nous partons à la rencontre d’une bonne à tout faire qui ,dans l’intimité de sa modeste chambre, peint des tableaux représentatifs de ce que l’on appelle la peinture naïve. Séraphine est aux yeux de tous une personne sans grand intérêt, une vieille fille bigote qui n’a de talent que pour nettoyer les sols. Jusqu’à ce que le collectionneur allemand Wilhelm Uhde découvre avec passion ses toiles visionnaires. Mais la success story ne sera pas pour tout de suite, elle ne pourrait d’ailleurs venir (comme c’est malheureusement trop souvent le cas) qu’après la mort de l’artiste. Car la découverte de Séraphine survient au mauvais moment. Repérée à l’aube de la première guerre mondiale, elle sera oubliée avant de ressurgir…à l’aube de la seconde guerre mondiale.

 

 

Yolande Moreau se donne corps et âme dans ce rôle difficile de femme pour qui la peinture est une nécessité. Elle peint pour exister mais aussi parce qu’elle est persuadée que c’est son « ange gardien » qui lui dicte cette noble tâche. Entre passion et folie, Moreau livre un jeu nuancé, juste et plein de pudeur. Derrière la caméra, Provost refuse toute émotion facile, opte pour l’épure et parvient à nous toucher avec la plus grande des sobriétés. Si certains de ses plans sont aussi beaux que de grandes toiles, l'auteur ne tombe pas dans le piège d’un cinéma tableau ou trop illustratif. Il mêle parfaitement son univers à celui de cette peintre qui n’a pas son pareil pour créer des couleurs uniques.

 

 

Portrait délicat d’une artiste atypique, Séraphine est également le récit d’une amitié improbable. Celle entre cette femme issue de la plus basse échelle sociale et d’un mécène homosexuel. Complexe, ambiguë, cette relation sera faite de hauts et de bas, de non dits, d’absences. Bien que souvent mis à nus, ces deux personnages resteront pour le spectateur encore un mystère à la sortie de la séance…Comme un beau tableau.

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